Attaque du Hamas contre Israël : le monde arabe entre embarras et réjouissance
Dans le monde arabe les réactions à l’offensive du Hamas du samedi 7 octobre sont contrastées et reflètent les différents degrés de rapprochement de certains pays avec Israël et l’hostilité totale d’autres.
Le premier et le plus concerné des pays arabes à réagir samedi matin, l’Egypte s’est alarmé des «graves conséquences» de l’escalade entre Israël et les Palestiniens, mais sans dénoncer de responsable. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a appelé dans un communiqué à «exercer un maximum de retenue en évitant d’exposer les civils à plus de dangers».
Premier signataire d’un accord de paix avec Israël depuis 1978 et principal médiateur de tous les précédents conflits entre Israël et Gaza, Le Caire devrait jouer un rôle dans la désescalade. Les ministres égyptien et jordanien des Affaires étrangères sont rapidement entrés en contact pour examiner les efforts communs qu’ils peuvent entreprendre pour stopper l’escalade. On peut se demander toutefois comment l’Egypte a pu être aussi surprise et ignorer totalement tous les préparatifs de l’opération du Hamas à sa frontière avec Gaza. La mobilisation générale a d’ailleurs été décrétée dans le nord du Sinaï à l’issue d’une «réunion de crise» de l’armée égyptienne par crainte d’un débordement d’une opération de l’armée israélienne contre la bande de Gaza.
Les pays du Golfe, dont certains comme les Emirats arabes Unis (EAU) ou Bahreïn ont normalisé leurs relations avec Israël depuis 2020, ont lancé des appels laconiques au calme et à éviter l’escalade. Mais cet embrasement est source d’embarras pour ces pays impressionnés par les capacités technologiques et militaires d’Israël qui vient d’être piégé.
C’est particulièrement vrai pour l’Arabie Saoudite en pleine discussion avec l’administration sur l’établissement de relations officielles avec Israël. Le ministère saoudien des Affaires étrangères a appelé à un «arrêt immédiat des violences entre Israéliens et Palestiniens». Le communiqué cité par l’agence de presse officielle précise : «Nous suivons les événements sans précédent entre des factions palestiniennes et les forces d’occupation israéliennes ayant conduit à un haut niveau de violence sur plusieurs fronts». On peut relever dans ces termes le positionnement équilibriste entre Palestiniens et Israéliens ne dénonçant pas l’offensive du Hamas et qualifiant les seconds de «forces d’occupation». Riyad a par ailleurs lancé un appel urgent à la communauté internationale pour relancer un processus de paix pour une solution des deux Etats.
La tonalité est forcément toute autre du côté du «Front de la résistance», selon la terminologie utilisée par l’Iran et ses partisans au Liban ou en Syrie pour désigner ceux qui rejettent tout accord avec Israël. L’Iran a réagi par la voix du général des Gardiens de la Révolution, Yahya Rahim-Safavi, cité par l’agence Isna. «Nous soutenons cette fière opération ‘déluge d’Al-Aqsa’ et nous sommes sûrs que le front de la résistance la soutient également».
Le Hezbollah libanais «a félicité le peuple palestinien et ses alliés des Brigades al-Qassam et du Hamas» pour «cette opération héroïque à grande échelle» et «victorieuse», a affirmé dans un communiqué le parti chiite qui a imposé sa propre force militaire au Liban au nom du combat contre Israël et des guerres menées, notamment en 2000 et 2006. Le Parti a appelé «les peuples de notre nation arabe et islamique à soutenir le peuple palestinien et les mouvements de résistance».
D’autres sont encore dans l’expectative même si les populations arabes se réjouissent elles des performances de Hamas parvenant à mettre en question l’invincibilité de l’entité sioniste. C’est l’appartenance de Hamas à la mouvance islamiste qui pose problème.
(Avec Libération)
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