Au G7 c’est « autant en emporte le vent » !
Ca y est ! Au moins là, les choses sont claires désormais. Pas de 25 milliards de $ annoncés en 2011. Pas de «Fonds Souverain Stratégique Global» pour centraliser et gérer ce financement en faveur de la Tunisie. En dépit de l’appel du pied digne et feutré du Président de la République, évoquant le «Plan de solidarité» (Marshall) en direction de l’Europe d’après-guerre et celui en direction de l’ex-Europe communiste, aucun écho sinon celui assourdissant du silence. Ou plutôt le renvoi du dossier sous l’égide de l’ONU, ce qui revient au même. Pas de globalisation financière, donc !
Voici la Tunisie à nouveau confinée dans le bilatéral, pays par pays, et dans le cas par cas. Est-ce le G7 qu’il faudrait blâmer ou bien ne serait-ce pas plutôt notre propre «diplomatie économique» évanescente, qui se serait avérée inopérante ? On en parle tant de cette diplomatie économique, avec un air entendu, en donnant l’impression de s’y connaitre sans le savoir. Un peu comme le personnage de Molière faisait de la prose sans le savoir. Et voici que des Ambassadeurs bougent, que des Conseillers bougent aussi et que même des Ministres s’y collent à leur tour. Leur résultat est là ! On devrait pourtant savoir, pour l’avoir vu chez d’autres, que ce ne sont pas les diplomates qui font la diplomatie économique d’un pays. Un peu comme le disait Clemenceau, la guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires. Et la diplomatie économique est une chose trop sérieuse pour être confiée à des diplomates. Il va falloir que des dirigeants tunisiens y songent sérieusement, par delà les ambitions présomptueuses qui animent certains. La Tunisie doit se doter impérativement d’une plateforme de Public Affairs et de lobbying sur les terres à reconquérir, et qui sont encore celles de ses partenaires affichés. Il va falloir comprendre que c’est le lobbying professionnel qui est le bras armé de la diplomatie économique d’un pays. A chacun son métier et à chacun ses compétences. La stratégie et la complémentarité sont les fers de lance que la Tunisie devra activer. Oui à une plateforme de lobbying Tunisie à Bruxelles, capitale institutionnelle par excellence, et non à l’improvisation ravageuse et infructueuse depuis des bureaux ouatés ! Bien sûr la photo sur la pelouse du Château d’Elmau en ce 8 juin 2015, au milieu d’autres pairs africains, constitue une symbolique en soi.
Mais les grandes embrassades de cet épisode «amour, gloire et beauté» inédit, trainent derrière elles des effluves nauséabonds. Ceux du cynisme des pays du G7 devant une Tunisie qui lutte vent debout face, aux courants contraires des tornades. Ces tornades que ces mêmes pays font mine d’affronter. Bon baisers…du G7 !
Ghazi MABROUK (Président-exécutif du «G7 Circle for Tunisia»)