Béji Caid Essebsi exerce son « magistère »

Béji Caid Essebsi exerce son « magistère »

 

 

Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, semble inaugurer une nouvelle approche dans l’exercice de ses hautes fonctions de « magistère ». Il a convenu de s’entretenir chaque lundi avec le chef du gouvernement Habib Essid sur la situation générale du pays et de recevoir de temps à autre le président de l’Assemblée des représentants du peuple pour consultation. Une approche qui n’est pas sans rappeler celle de son illustre prédécesseur Habib Bourguiba et qui a été perpétuée par Ben Ali.

Le chef de l’Etat n’en démord pas d’aller en avant et de prendre le taureau par les cornes. Le pays va mal et il est menacé jusqu’à sa pérennité. Il en est conscient, lui, le « garant de son intégrité ». En dépit d’une constitution mal confectionnée, et qui a institué un système hybride échappant « aux typologies classiques des différents régimes démocratiques ». 
Un régime qui a dépouillé le président de la République, qui a, pourtant, reçu l’onction du suffrage universel, de plusieurs prérogatives d’où l’effacement de la fonction présidentielle au profit du celle du chef du gouvernement. Alors que dans une démocratie naissante, la magistrature suprême devrait être valorisée et le chef de l’Etat devrait disposer d’assez de pouvoirs pour assumer ses fonctions de garant de « l’indépendance de l’Etat et de sa continuité  ». Au vu des événements récents, d’aucuns peuvent  s’interroger sur l’influence que pourrait exercer le chef de l’Etat sur leur cours. Les constitutionnalistes débattront longtemps de cette situation abracadabrantesque, parfaite illustration de l’hybridité d’un système « imposé » par des constituants  peu prévoyants.

Se trouvant dans les habits trop étroits d’un chef qui « règne mais ne gouverne pas », Béji Caïd Essebsi ressort le costume du chef d’Etat imbu de ses responsabilités en ces temps difficiles pour monter en première ligne. En sa qualité de commandant suprême des forces armées, il a été le premier à déclarer la guerre contre le terrorisme et à sonner l’appel à « l’union sacrée », celle de l’unité de tous les Tunisiens face à ce danger planétaire. 
«Sans unité nationale, aucune action ne pourrait réussir ». Il a affiché sa détermination à poursuivre cette guerre, sans relâche, jusqu’à l’éradication des semeurs de la mort. Il reçoit beaucoup de personnalités de tous bords et il continue à écouter toutes les voix, même les plus discordantes. Il consulte et propose des initiatives pour sortir le pays de ce marasme social et économique ambiant. Et il ne se cache pas derrière de prétendues délimitations de pouvoirs au sein de l’exécutif. Au contraire, il discute avec le chef du gouvernement, les ministres et les représentants des régions pour identifier les priorités et offrir des opportunités aux régions et redonner espoir aux jeunes qui se sentent trahis par les politiques.  
L’ancien ministre des Affaires étrangères qu’il était entend infuser un sang nouveau à une diplomatie longtemps enrhumée, balbutiante et qui commence à se réformer pour s’adapter aux mutations que connaît le monde et à rayonner sur son environnement. 
Ses visites à l’étranger ont été couronnées de succès et l’image de la jeune démocratie tunisienne qui émerge trouve de plus en plus le soutien de la communauté internationale.
Mais « l’Union sacrée», tant souhaitée, ne saurait se réaliser sans une véritable réconciliation nationale. Et sans une volonté affichée de la part de toutes les composantes de la société  de dépasser les divergences et de se  rassembler autour d’un même credo qui a pour nom la Tunisie. Le président de la République devrait initier un large mouvement de rapprochement politique pour souder  tous les Tunisiens, de toutes tendances, face aux menaces qui pèsent sur le pays. 
La réconciliation nationale, cette fois ou jamais.

B.0

 

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