Belhassen Trabelsi demande pardon et veut rentrer en Tunisie

Quinze mois après la chute du régime de Ben Ali, Belhassen Trabelsi sort de son silence à travers une lettre d’excuses que nous venons de recevoir

de la part de son avocat. Pour sa première sortie post-14 janvier 2011, le fondateur du Groupe Karthago commence donc sa lettre en demandant PARDON à tous les Tunisiens pour tout préjudice causé, intentionnellement ou non.

Conscient de son image auprès des Tunisiens, M. Trabelsi a entamé ainsi son courrier : « J'ai écrit cette lettre pour demander pardon, même si je sais qu'aux yeux de nombreux Tunisiens, sinon la totalité d'entre-eux, je suis considéré injustement comme un criminel qui a pillé le pays avant de fuir à l'étranger.»

Les circonstances qui l'ont poussé à partir

Belhassen Trabelsi affirme qu'il n'avait pas fui le pays, avant de préciser les circonstances qui l'ont poussé à partir. Depuis la première semaine de janvier, outre les menaces et le sentiment d'insécurité qui augmentaient, le beau-frère de Ben Ali écrit que « des individus ont tenté d'attaquer ma demeure à plusieurs reprises avant de l'envahir, la piller, détruire une partie de la construction et enfin la brûler complètement. Dans ce contexte grave, j'ai préféré protéger mes enfants et quitter temporairement le pays en toute légalité».

« (…) Je sais que certains médias, intentionnellement ou non, ont fait la confusion avec les dépassements de quelques personnes et m'ont décrit comme un monstre faisant de moi le symbole de la corruption de l'ancien régime. En mon absence, des histoires de tout genre ont éclaté et des calomnies émanant même de certains de mes associés ont circulé. J’ai été stupéfait de voir quelques-uns qui ont tout fait pour s’associer à moi (et que tout le monde connaît), me dénigrer,  malgré les bonnes relations que j'ai toujours entretenues avec eux. Des relations basées sur le respect, la confiance et la loyauté et les documents le prouveront.

La carrière de Belhassen Trabelsi et ses affaires

Dans sa lettre, Belhassen Trabesli a parlé de ses débuts. « Issu d'une famille modeste, j'ai fait mes études en Tunisie puis en Algérie où j'ai obtenu le diplôme d'ingénieur. Par la suite, J'ai entamé la vie professionnelle en créant une petite entreprise dans laquelle j'ai travaillé dur pour essayer de la développer, et grâce à mon travail acharné, l'expansion de mes affaires s'est poursuivie et mes entreprises se sont multipliées. »

Et le beau-frère de l'ancien Président de reconnaître : « Il est vrai que les portes m’étaient grandes ouvertes, que je n'ai jamais eu de problèmes à rencontrer des responsables, cependant, je n'ai jamais profité de cette situation pour obtenir des privilèges, tels que m’approprier des biens étatiques etc. Au contraire, j'ai toujours veillé à honorer mes engagements fiscaux, obligeant mon personnel et mes associés à respecter les procédures en vigueur. »

Concernant ses affaires à l'étranger et sa grosse fortune, Belhassen Trabelsi précise : « Tous mes biens et la plupart de ma fortune, pour ne pas dire sa totalité, se trouvent en Tunisie, d’ailleurs je faisais même en sorte de réinvestir les recettes de mes activités à l'étranger en Tunisie au moyen de fonds d'investissements internationaux.» Il affirme dans ce sens ne posséder, directement ou indirectement, aucun mètre carré de biens immobiliers à l'étranger ».

Pour clôturer le dossier de ses affaires, Trabelsi rappelle avoir beaucoup investi en Tunisie, où il a placé une bonne partie de sa fortune, en faisant appel au financement extérieur, et en créant au passage quelque 4 mille emplois directs. Dans ce cadre, il a enchaîné par une question: « Est-ce le comportement de quelqu'un qui veut piller le pays? » avant de répondre lui-même à la question : « Celui qui veut piller le pays place son argent à l'étranger et ne pense pas à le réinvestir en Tunisie».

Je veux rentrer au pays

Très nostalgique de son bled natal, et ne pouvant supporter de vivre éloigné, Belhassen Trabelsi choque en se disant prêt à rentrer en Tunisie le plus tôt possible pour affronter son destin. «Le mal du pays me ronge et je veux retourner avec ma famille en Tunisie. Je l’affirme en toute spontanéité et sincérité, peu importe le prix que j’aurais à payer. Je suis prêt à comparaître devant la justice à condition de bénéficier d’un procès équitable et juste devant un tribunal tunisien ou devant n’importe quel  organisme choisi par le peuple et approuvé par le gouvernement. Je suis prêt pour l'interrogatoire et la reddition de comptes. En effet, Je veux retourner dans mon pays pour faire face à mon destin tout en espérant ne pas avoir à affronter la haine aveugle, les représailles, le mensonge, la calomnie, et le sentiment de vengeance de certains qui peuvent toucher à ma sécurité ou à celle de ma famille.»

PARDON encore une fois

En guise de conclusion, Belhassen Trabelsi redemande encore une fois pardon au peuple tunisien: « Je demande pardon pour toutes les erreurs que j’ai commises. Je demande pardon au peuple tunisien en toute honnêteté et sincérité. Je demande pardon tout en assumant pleinement mes responsabilités et tout en étant prêt à faire face à l'appareil judiciaire et les organes de l'Etat, à la reddition de comptes et à me soumettre à toutes les décisions. Je demande pardon sans chercher à me dérober de toutes mes responsabilités.

Vive la Tunisie, libre et indépendante, Vive son peuple et que Dieu aide son Gouvernement à travailler dans l'intérêt du pays et du peuple. »

Le citoyen Belhassen Trabelsi.

LETTRE ORIGINALE A TELECHARGER

Mohamed Hamza Lakhoua