Bienvenue au royaume du taux directeur Pavlovien !
Par Mahjoub Lotfi BELHEDI
Spécialiste en réflexion stratégique
Contrairement aux préceptes monétaires les plus orthodoxes, le rôle principal assigné aux taux directeurs, en temps de grande turbulence économique et sociale, est de favoriser la relance économique via un meilleur accès des ménages et des entreprises aux marchés d'emprunts, tout en reléguant les risques inflationnistes au second rang.
En jetant un clin d’œil rétrospectif sur la mise en œuvre des taux directeur, il s'avère :
- que la règle de Taylor (le socle mathématique de fixation des taux directeurs) qui prône en faveur d'une indexation systématique des taux d’intérêt au taux d'inflation, suppose, au préalable, un SMIG macro-économique suffisant pour pouvoir s'appliquer, du coup, cette recette a du mal á réguler des économies souffrant simultanément d'un taux de croissance quasi-nul et d'une hausse généralisée et galopante des prix (le cas tunisien).
- que durant la crise financière de 2007 / 2008, cette fameuse règle n'a pas été observée, au contraire la FED (la banque centrale des USA) et la BCE (la banque centrale européenne) á des nuances près, ont privilégié la voie de relance économique en agissant vers le bas les taux directeurs.
- que les politiques monétaires empruntées par les différentes banques centrales ne se réduisent pas seulement á l’adoption des outils conventionnels dont la gestion des taux directeurs constitue son principal instrument, mais elles font aussi recours à d'autres alternatives connues sous l'appellation de politiques monétaires non conventionnelles, notamment le Crédit easing (assouplissement des conditions de crédit) et la Forward guidance (guidage prospectif).
- qu’une régulation concluante des grands agrégats économiques demeure tributaire en large partie d'une bonne synergie entre les politiques budgétaires et les politiques monétaires dans le cadre d'un dosage macroéconomique (Policy-mix) approprié.
- que l'économie n'est pas une science exacte mais une science sociale profondément imprégnée par les réalités socio-culturelles locales de chaque pays.
A contre-courant, et sous nos propres cieux, la courbe d'évolution du taux directeurs s’apparente plus à un stimuli sonore des « glandes inflationnistes » du pays où à chaque hausse du niveau des prix, correspond un relèvement Pavlovien du taux directeur !
Décidement, il va de soi, que le biologiste ruse Ivan Pavlov, mérite pleinement un second prix Nobel – le premier était en 1904 – à décerner, cette fois-ci, par les nouveaux anges-gardiens du grand temple monétaire Pavlovien !
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