Bonne chance -quand même- Madame la nouvelle Ministre de la Culture

Bonne chance -quand même- Madame la nouvelle Ministre de la Culture

Par Naoufel Ben Aissa

En Tunisie -et contrairement aux discours politiques et aux "effets d'annonce"- dans les faits, les femmes ont été longtemps marginalisées en politique et c'est fort regrettable pour le pays.

Dans le domaine de la culture, le Secrétariat d'État de la Culture et de l'Information a vu le jour le 7 octobre 1961. En 50 ans, il n'y a eu que des hommes  Ministres de la Culture. Ce n'est qu'après la révolution que des femmes y ont été nommées. En dix ans, Hayet Guettat Guermazi est la quatrième femme qui prend les rênes du Ministère de la Culture. 

Espérons qu'elle restera en poste plus de temps que les précédentes car si Latifa Lakhdar a quitté le Ministère après avoir déçu vu son maigre bilan, Sonia Mbarek et Chiraz Latiri n'ont pas eu le temps de s'affirmer ou de réaliser quoique ce soit de consistant pour qu'on puisse les juger.

Indépendamment du contexte politique, c'est justement parce que c'est une femme qu'il faut la soutenir. D'une part c'est important pour l'image du pays et d'autre part, c'est aussi important pour les générations futures. Il ne faut pas omettre de souligner que la nomination du gouvernement est tombée un «International Day of the Girl Child ». 

Il faut donc que les jeunes tunisiennes croient en leur citoyenneté à part entière et qu'elles soient égales aux hommes en leur pays, réellement et non théoriquement. Il faut qu'elles réalisent que c'est un fait, un droit et non une faveur. Et c'est là que réside entre autres l'importance de la réussite des femmes qui arrivent "à décrocher" des postes de commandement dans les différents domaines dans un pays comme le nôtre.

La nouvelle Ministre est du secteur culturel, elle est sensée connaître le Ministère, son administration, ses mécanismes et engrenages. Elle devrait se mettre directement au travail et constituer dans les plus brefs délais son cabinet et sa garde rapprochée et c'est là qu'elle n'a pas droit à l'erreur. A ce niveau, il n'est plus question de sexisme ou de feminisme mais seulement de savoir mettre en exergue les personnes les plus compétentes, proactives et intègres.

La nouvelle Ministre n'est pas du monde politique et c'est tant mieux. Seulement, pour des raisons politiques, le gouvernement à qui elle appartient -intérimaire par la force des choses- n'est pas là pour suffisamment de temps et elle doit le savoir. La Ministre nouvellement nommée n'a donc pas de temps à perdre et pourtant, elle doit faire ses preuves.
C'est un aspect ingrat de sa mission

A mon humble avis, elle devrait commencer par apporter de la fraîcheur à l'appareil ministériel et l'intégrer dans la modernité. En faire un vrai Ministère de la dynamique et de l'action culturelle car pour le moment, il est handicapé par une administration obsolète, sclérosée et déprimée et un budget de misère. Elle n'est pas sans savoir que la précarité y sévit et pourtant, elle est appelée à mettre la vie culturelle en marche en attendant que la Tunisie soit dotée de gouvernants capables de "mettre la culture au cœur du projet"(dixit Dr Med Lotfi Mraihi).

Désormais, même si elle ne disposera pas  des moyens escomptés pour surmonter les maux du secteur de la culture  et pour sauvegarder le patrimoine national et le valoriser, elle a une obligation de résultats.
C'est aussi un aspect ingrat de sa mission, de prime abord..... hélas, impossible.

Souhaitons lui bonne chance quand même. 

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