Boujemaa Remili dans le rôle de pompier de service

Boujemaa Remili dans le rôle de pompier de service

 

Boujemaa Remili, le nouveau porte-parole de Nida Tounes, fait partie de ces dirigeants politiques qui privilégient le dialogue à la confrontation et qui préfèrent la discrétion plutôt que l’ostentation. Affable et d’un abord facile et jouissant d’une bonne réputation au sein de la classe politique, cet ancien militant du Parti communiste tunisien, devenu mouvement Ettajdid puis Pôle démocratique moderniste, a rallié Béji Caid Essebsi pour fonder avec lui et d’autres personnalités le mouvement Nida Tounes.

Originaire de la région Nord-Ouest et plus précisément de Siliana, une région toujours marginalisée et qui n’a récolté que deux ou trois strapontins dans l’actuel gouvernement, il est pratiquement le seul membre du comité fondateur à ne pas avoir obtenu un quelconque poste, soit comme député de l’ARP, soit comme membre du gouvernement Essid. Par contre, il a hérité de la direction exécutive du parti laissée vacante après la nomination de Ridha Belhaj comme directeur de cabinet présidentiel. Presqu’abandonné à son propre sort, à un moment où le parti traversait des zones de turbulences, par la plupart des dirigeants qui de Nida, pris dans les luttes intestines, il disait qu’il « était un directeur exécutif qui n’exécutait rien mais qui était devenu un simple exécutant ». En pleine « guerre fratricide », Boujemaa a essayé d’accorder les violons, en prêchant l’unité et le rassemblement, soutenu en cela par le nouveau président de Nida Tounes, Mohamed Ennaceur.

La déchirure du parti évitée et avec l’arrivée de Mohsen Marzouk aux commandes en tant que secrétaire général à plein temps, la direction exécutive a été supprimée et il fallait trouver un point de chute pour Boujemaa Remili. Ce fut le poste tant convoité de porte-parole du parti. Le plus convoité, certes, mais le plus ingrat en ces temps difficiles dans la vie du parti. Il doit expliquer, des fois l’inexplicable, et justifier l’injustifiable, à son corps défendant.

Sa première apparition après la célébration de l’anniversaire de Nida Tounes, dans les studios de Shems FM, jeudi 18 juin, n’a pas convaincu beaucoup de monde, y compris dans les rangs du parti. On le sentait gêné et  mal à l’aise en essayant de justifier la distinction accordée par le chef de l’Etat à son désormais ancien conseiller politique en le décorant des insignes de l’ordre de la République, alors qu’il n’a passé que quelques mois seulement à Carthage. Des insignes que Béji Caid Essebsi  n’avait obtenus des mains du Président Habib Bourguiba qu’après plusieurs années de loyaux services et dans différents hauts postes de responsabilité au profit du pays. Justifier cette distinction par « la grande contribution de Marzouk à la réussite de son parti et des élections en précisant que le travail qu’il avait effectué en 4 mois relevait de l’exploit pendant un délai aussi court », serait ouvrir les portes devant des interprétations malintentionnées.  Idem pour  les festivités de l’anniversaire et de ces chansons entonnées au rythme de la « tabla » qu’il a qualifiées de chants patriotiques. Ou encore de la libération du dirigeant de Fajr Libya Walid Glaieb jugée bénéfique pour le pays.

Le cas de Boujemaa Remili n’est pas sans rappeler un autre cas, celui de l’ancien ministre et porte-parole du gouvernement Hamadi Jebali, Samir Dilou. Bon communicant, maniant bien le verbe et le discours politique, Samir s’est trouvé dans la position de quelqu’un qui était contraint de justifier certaines contre-vérités et d’expliquer des choses dont il n’était pas convaincu. Mais par solidarité gouvernementale, il devait s’exercer dans cette mission ingrate et faire étalage de ses qualités de bon débatteur pour rassurer. A trop essayer de jouer le rôle de pompier de service, il a fini par abandonner le poste.

Et c’est ce qu’on prédit à Boujemaa. Et pour paraphraser l’ancien ministre français Jean Pierre Chevènement « un dirigeant politique, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ».

B.O.