« Caravane Al Soumoud » : Qui arrêtera les dérives des milices de Haftar ?

La Caravane « Al Soumoud pour briser le blocus de Gaza », partie de Tunisie le 9 juin 2025, est bloquée depuis le 12 juin à Syrte, à l’est de la Libye - une région contrôlée par le maréchal Haftar, allié de l’Égypte et des Émirats arabes unis.
Privés d’eau, de nourriture, de soins, d’internet et de tout moyen de communication, les participants vivent un véritable cauchemar, infligé par des citoyens d’un pays supposément « frère ».
Insultes, intimidations, pressions, agressions, vols, enlèvements, arrestations arbitraires...Tout -ou presque- a été fait par les milices de Haftar pour punir ces militants ayant osé dénoncer le génocide commis par l’armée israélienne et tenter de briser le blocus visant à affamer la population de Gaza.
Treize participants -dont 3 Tunisiens, 3 Algériens, 6 Libyens et 1 Soudanais- ont été enlevés, puis arrêtés dans des conditions encore inconnues à ce jour.
Retrait stratégique en attendant la libération des détenus
Face à la tournure dramatique des événements, et afin d’éviter de nouveaux débordements de la part des milices de Haftar, les porte-paroles de la Caravane ont annoncé, le 15 juin 2025, leur retrait vers un point situé près de Misrata, en Libye. L’objectif : s’y installer temporairement en attendant la libération des détenus et l’obtention d’une autorisation de passage par l’Égypte pour rejoindre Gaza.
Dans un communiqué publié ce lundi 16 juin 2025, ils ont précisé que les personnes enlevées sont toujours en détention : « Nous attendons leur libération dans les prochaines heures. Nous avons renouvelé nos contacts avec toutes les autorités concernées, y compris le ministère tunisien des Affaires étrangères, afin d’accélérer leur libération dans les plus brefs délais. »
Identité des personnes détenues :
Tunisie : Youssef Ben Younes, Sami Ben Belkacem Rekissi, Alaa Ben Amara
Algérie : Zidan Elyes, Bilal Ouertani, Yasser Boularas
Libye : Abderrahmane Riyadh Al-Nasser, Abderrazak Salem Hammad, Adib Ali Al-Bakkouch, Al-Warfali, Mossaab Youssef Al-Fares, Abouajila Ahmed Ali Abou Al-Qataf, Bilal Al-Fitouri
Soudan : Mohamed Nour Mohamed Ali.
Vers un retour en Tunisie, en attendant d'autres moyens d'action
La même source indique que les autorités libyennes ont informé la Caravane du refus des autorités égyptiennes de délivrer l’autorisation de passage, malgré les démarches effectuées par les voies diplomatiques officielles, notamment auprès de l’ambassade d’Égypte en Tunisie.
« Étant donné l’échec de toutes les tentatives d’ouverture d’un passage terrestre et l’impossibilité d’emprunter la voie maritime depuis la Libye, nous avons décidé de retourner en Tunisie et de réfléchir à d’autres moyens de briser le blocus imposé à nos frères et sœurs à Gaza. Toutefois, cette décision de retour est conditionnée par la libération de nos camarades. Nous ne pouvons pas quitter les lieux sans eux », indique le communiqué.
Les porte-paroles ont également précisé que les participants souhaitant retourner en Tunisie pourront le faire à partir du mardi 17 juin 2025 à 9h, de manière organisée et après en avoir informé le comité d’organisation.
En conclusion, ils ont remercié toutes les personnes qui les soutiennent et souhaitent rejoindre leur démarche à l’avenir : « Nous insistons sur la nécessité de coordonner préalablement via la page officielle de la Coordination de l’action commune pour la Palestine, afin d’obtenir une autorisation avant toute participation. Nous annonçons également la suspension temporaire de l’accueil de nouvelles personnes en Libye, jusqu’à ce que l’itinéraire futur soit défini, le retour des volontaires organisé, et tous les détenus libérés. »
Un appel pressant aux autorités
Face à cette escalade inattendue, et pour éviter tout risque de nouveaux dérapages dans une zone échappant à tout cadre légal, les autorités tunisiennes, libyennes, algériennes, soudanaises ainsi que celles de tout autre pays dont les ressortissants participent à cette action humanitaire, sont appelées à intervenir d’urgence pour assurer la libération des détenus et garantir la sécurité de tous les membres de la « Caravane Al Soumoud », qui méritent un tout autre traitement dans un monde véritablement régi par le droit.
I.Z.
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