Cette honteuse chasse aux migrants à la montagne de Boukornine !

Par Kaïs Ben Mrad
Les tensions entre migrants subsahariens et populations locales sont devenues monnaie courante à El Amra (Sfax) où des confrontations entre les deux parties sont presque quotidiennes. Sauf que les camps de fortune commencent désormais à prendre de l'ampleur et à toucher même certaines parties de la capitale tunisienne.
Aujourd'hui, il est pratiquement impossible de se promener dans la capitale sans croiser des dizaines, voire des centaines de migrants; certains en guénilles et s'adonnant à la mendicité, et d'autres travaillant de façon précaire, en attendant d'atteindre leur ultime objectif. A savoir se retrouver de l'autre côté de Mare Nostrum.
Depuis quelques jours, c'est la ville de Hammam-lif en banlieue sud de Tunis qui est prise d'assaut par ces migrants subsahariens. Ces derniers ne cessent d'envahir la ville beylicale où ils ont érigé des camps de fortune surtout du côté de la montagne de Boukornine.
Plusieurs zones de cette vaste montagne se sont en effet transformées en campements où se cachent les immigrants illégaux qui attendant l’opportunité de descendre vers la ville pour tenter de traverser la Méditerranée au départ de la plage d’Hammam-Lif. Si nombre de Hammam-lifois ont tiré la sonnette d'alerte et demandé aux autorités de prendre les devants pour arrêter cette hémorragie avant qu'il ne soit trop tard, tel n'est pas le cas de certains habitants qui, lassés par la passivité étonnante des autorités se contentant de surveiller la mer, ont décidé de se faire "justice" eux-mêmes !
Armés de bâtons, de gourdins et de barres de fer, certains individus ont décidé d'aller à la chasse aux Subsaharien dans les profondeurs de la montagne. Une vidéo choquante et inacceptable, largement diffusée sur les réseaux sociaux, met à nu une violence gratuite infligée aux migrants. On y voit un groupe de personnes pourchassant sans état d'âme les migrants qui n'ont que leurs jambes pour se sauver.
Au-delà de la brutalité et de l'animosité, c'est la présence de mineurs parmi les assaillants qui préoccupe.
Il est temps que l'Etat prenne entièrement ses responsabilités et trouve une solution à cette situation scabreuse qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Ces attitudes sont d'autant plus injustes qu'elles participent à une montée de la xénophobie et de la négrophobie dans certaines franges de notre société. Une société connue pourtant pour son hospitalité et sa tolérance envers son prochain. Ces images renvoient malheureusement une image déformée du Tunisien bienveillant et respectueux.
Face à de tels actes, il est impératif que les autorités compétentes interviennent pour garantir la sécurité des migrants subsahariens, afin de s’assurer que de tels comportements répréhensibles ne se reproduisent plus.
Car ce qui s'est passé à Hammam-Lif est indigne d'un pays comme la Tunisie, un pays qui voit pourtant chaque jour ses fils et filles partir et s'installer à l'étranger.
Aujourd'hui, pratiquement chaque famille tunisienne compte un ou des membres à l'étranger, que ce soit en Europe, en Amérique ou en Afrique. A supposer que nos compatriotes résidant à l'étranger soient traités de la même manière, personne n'aurait accepté cela. Comment peut-on avoir une telle animosité pour un être humain qui cherche juste un moyen de s'en sortir? Comment peut-on, en plein mois de Ramadan, avoir une attitude aussi abjecte, immorale et contraire aux valeurs que prône notre sainte religion?
Il y a lieu de noter que la question des migrants subsahariens est au cœur des débats publics et certaines personnalités politiques se sont d'ailleurs illustrées par leurs prises de positions souvent controversées. C'est le cas de la vice-présidente de l’Assemblée des représentants du peuple, Sawssen Mabrouk, qui appelle régulièrement les autorités à intervenir pour prendre en charge la question de l’immigration irrégulière en provenance d’Afrique subsaharienne pour mettre un terme à ce fléau.
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