ChatGpt Vs DeepSeek: Le « dit » et le « non-dit » de l’histoire !

ChatGpt Vs DeepSeek: Le « dit » et le « non-dit » de l’histoire !

Par Mahjoub Lotfi Belhedi

Chercheur  en réflexion stratégique // CEO d’un cabinet spécialisé en transformatio digitale

En dépit de l'effet d'annonce phénoménal induit par le lancement du chatbot chinois DeepSeek, le benchmark comparatif suivant révèle, contre toute attente, la prédominance qualitative des points de similitudes entre ChatGpt & DeepSeek au détriment des zones de différenciation  largement médiatisées !

I- Le « dit » : Points de différenciation !

-Format de développement : certes, en adoptant l'open source comme stratégie de développement, DeepSeek marque un tournant historique dans les technologies IA et les annales du mouvement « Open Source » au monde.

D’une boîte noire hermétiquement fermée en mode propriétaire à un dispositif algorithmique ouvert, flexible (open source) faisant rêver les développeurs et les chercheurs en IA, De facto, DeepSeek a gagné le pari de différenciation face à ses concurents directs  (ChatGpt & Gemini notamment). Cependant, cet avantage comparatif demeure fragile face aux restrictions que la chine peut imposer sur le code partagé et la liberté des développeurs à l’utiliser…  

-Modèle économique gratifiant : d'après Reuters, le coût de développement de DeepSeek est de 20 à 40 fois moins à celui de ChatGPT. Cet avantage compétitif est crucial pour le financement des projets IA, offrant ainsi aux startups et aux laboratoires de recherche en IA une voie alternative économiquement plus attrayante…

 -Une empreinte de carbone plus faible : il va de soi que l'empreinte de carbone de n’importe quel modèle IA dépend étroitement de la manière dont il est déployé, que ce soit en termes d'utilisation ou d’optimisation des ressources. Contrairement à l’architecture algorithmique de ChatGpt qui repose sur des modèles de grande taille impliquant un besoin énergétique important, DeepSeek a mis en place des modèles mathématiques moins volumineux et mieux optimisés susceptibles de réduire significativement la demande énergétique lors de l'entraînement ou l'inférence

-Process d'apprentissage hybride : le choix des process d’apprentissage de DeepSeek marque un retour astucieux aux bonnes recettes classiques de « machine learning » en combinant « l'apprentissage par renforcement » aux méthodes « d'apprentissage supervisé ». Cette alchimie a boosté considérablement les "facultés cognitives " du chatbot surtout en termes de compréhension et de raisonnement structuré, inaugurant ainsi les premiers signes d’une rupture face aux biais d’incohérence de ChatGpt…  

II- Le « non-dit » : Points de similitude !

-Un objectif ultime commun : dans la course à l’IA entre Chinois et l’oncle Sam, ChatGpt & DeepSeek visent à atteindre « l’Intelligence Artificielle Générale » avant l’autre.

A l’heure actuelle, la balance IA penche en faveur des américains d’un minimum de deux années d’avance sur les chinois selon les propos du fondateur de DeepSeek…

 -Une similitude frappante des politiques de confidentialité : en consultant les deux liens suivants relatifs aux politiques de confidentialité des deux startups, on se rend compte rapidement, à quelques nuances près, de l'ampleur des points de ressemblance qui les unissent en termes de collecte, d’identification IP, de géolocalisation, de croisement et de partage de données avec les pouvoirs publics.

https://openai.com/fr-FR/policies/row-privacy-policy/

https://chat.deepseek.com/downloads/DeepSeek%20Privacy%20Policy.html

-Une gratuité fallacieuse : bien que les deux startups adoptent des stratégies de contournement malicieuses en matière de « gratuité » d’utilisation de leurs chatbots, elles appliquent à la lettre -via le profilage publicitaire- le fameux slogan du web : « Quand c’est gratuit, c’est vous le produit !»…

-Un écosystème stimulant : à des paliers différents, ces deux entreprises innovantes jouissent d'une infrastructure numérique (data center…) sans équivalent et d'un appui gouvernemental, tantôt tacite, tantôt express !

Dans ce contexte, la nomination récente d'Elon Musk - co-fondateur d'OpenAI – à la tête du nouveau département américain de l’efficacité gouvernementale met en lumière la convergence au point de collision entre les grands acteurs numériques et le gouvernement américain.

En outre, les révélations « d'Edward Snowden » en 2013 continuent de résonner dans les mémoires, rappelant les enjeux cruciaux de la surveillance numérique et des pratiques de collecte de données à l'échelle mondiale. 

https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000001807/revelations-d-edwar...

-Un déficit de transparence : suite à l’article paru dans ce journal ayant pour titre « Les explosions des pagers au Liban : Que dit ChatGpt ? », il s'avère que les réponses générées par ChatGpt accusent sans équivoque un déficit de transparence lors du traitement des conflits du Moyen-Orient.  

Quant à DeepSeek, les cyber-règles du jeu sont bien claires en chine : il n’y a pas de place aux requêtes politiques jugées sensibles par les autorités chinoises, en particulier, les événements de Tiananman de 1989, le statut de Taïwan et la question éthnique de la communauté Ouigours…

Mot de la fin,

Suite à cet exercice comparatif, il est fort important de rappeler que  le concept universel de « protection des données personnelles » à l’ère des IA génératives n’est en fait qu’une illusion qui s’est transformée au fil du temps en une forme de supercherie intellectuelle bien rodée !

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