Chroniques ramadanesques : Nous, le Coran et Jdanov

Chroniques ramadanesques : Nous, le Coran et Jdanov

 

Par Jamel HENI

Au règne de l’opinion, le nihiliste est roi. Il n’a qu’à se gratter les cheveux, sortir un premier mot, puis un deuxième…jusqu’à ce qu’opinion coranique se fasse.  « Opinion » sur rue. Opinion sur tout. Opinion sur rien. Association d’idées, quand ce n’est pas de mots. La spécialité est une « opinion comme les autres ». La technique, une oppression. Tout le monde a son coran. Personne n’a le bon. Relativité absolue. Paradoxe de la relativité absolue. Oxymore inconscient ? Méprise ? Qu’importe. Le but est atteint : interdire la science coranique. Comme l’a fait Jdanov pour la génétique un jour. Au prétexte que les sciences coraniques seraient « bourgeoises », discriminantes ! Comme si les sciences physiques, la grammaire, la littérature, le droit… étaient à portée de tous. 

Les partisans de l’opinion ne manquent pas de répartie. Ils feraient prévaloir la différence de nature entre les contemplations d’un livre sacré et l’étude objective du monde. Argument recevable pour ce qui est de l’objet, assez peu quant à la méthode. 

Parce qu’il est sacré, parce qu’il engage la foi des hommes, parce qu’il oriente leurs actes, l’étude du Coran devrait être soumise aux critères de la recherche et de érudition. 

La pseudo « démocratie spirituelle » n’en démord pas. Ses nouveaux clercs soutiennent qu’en l’absence de clergé islamique, il ne saurait y avoir de sciences coraniques ! Même pas un syllogisme. A peine un truisme. Parce que l’absence d’autorité religieuse n’implique en aucun cas l’absence d’érudition. Parce que le clergé cherche à établir un ordre, alors même que la science coranique « traite »  un message. Parce que le clergé chasse ses ennemis, tandis que la science chasse ses propres erreurs. Parce qu’enfin l’interdiction des sciences coraniques est une décision du nouveau clergé athée ! 

Ni le premier ni le second argument ne dépassent le prosaïsme d’un athéisme frileux, dominateur, quand il n’est pas ouvertement éradicateur. Un athéisme d’oppression, négateur, discriminatoire et cruellement « religieux » ! 
Non seulement les sciences coraniques existent mais en plus elles opposent une digue au littéralisme assassin, insoutenable et décadent. Il y a fort à parier que l’intégrisme fût l’enfant illégitime de l’ignorance. Fait dans le dos du Coran. Rejeton indigne de « l’inscience » coranique.  

Qu’est-ce donc que les sciences coraniques ?

Qu’est-ce donc que les fameuses sciences du Coran ? Vaste question. Soyons prudents. Clairs surtout. Quelles heuristiques pour lire et comprendre les versets et les sourates du noble Coran ? 

Cité par Jalal Al-Dîn As-Suyutî ( 1445-1505), dans Al-Itqan fi ulum al-Quran, (Le parfait manuel des sciences coraniques), Al Qadî Jalal Ad-Dîne, recense cinquante espèces de sciences coraniques, toutes déployées autour de six axes majeurs :
«
1.Le premier : Les endroits de la descente, ses moments et ses circonstances. Il y a douze espèces à ce sujet : Le Mekkois, le médinois, l’itinérant, le sédentaire, le nocturne, le diurne, l’estival, l’hivernal, ce qui est descendu du lit, les causes de la descente, ce qui est descendu en premier et ce qui est descendu en dernier. 

2.Le deuxième point : La chaîne de transmission, ce qui comporte six espèces : la transmission qui a un grand nombre de témoins sûrs, ce qui est transmis par quelques individus seulement, ce qui n’a qu’un seul garant, les lectures du prophète, les lecteurs et les mémorisateurs.

3.Le troisième point : La réalisation, ce qui comporte six espèces : la pause, le commencement, la prononciation du a/é, l’allongement, l’allègement de la hamza, l’assimilation.

4.Le quatrième point : Les expressions, ce qui comporte sept espèces : l’étrange, l’arabisé, le sens figuré, le polysémique, le synonyme, la métaphore, la comparaison.

5.Le cinquième point : Les significations liées aux décisions légales, ce qui comporte quatorze espèces : le général qui reste tel, le général particularisé, le général avec lequel on veut signifier le particulier, ce en quoi le Livre particularise la Sunna, ce en quoi la Sunna particularise le Livre, le global, le distinct, l’interprétable, l’implicite, l’absolu, le conditionné, l’abrogeant, l’abrogé, une espèce d’abrogeant et d’abrogé, à savoir les décision légales qu’on met en pratique pour un temps précis et ce qu’un seul sujet de la loi met en pratique. 

6.Le sixième point : Les significations liées aux expressions, ce qui comporte cinq espèces : la séparation, la jonction, la concision, la prolixité et la brièveté. »

Que celui qui n’a jamais « prêché », jette la première pierre…..aux sciences coraniques !   

J.H.

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