Comment combattre l’inflation ?

Comment combattre l’inflation ?

Par Nouredine Ben Mansour (*)    

Actuellement, la politique économique menée depuis plus de dix ans est injustifiable et catastrophique. Ce qui est frappant c'est de subventionner le secteur financier  sur les fonds publics et demander aux citoyens d’économiser et de serrer la ceinture et ce à cause de l’austérité budgétaire appliquée par le pouvoir publique.

Le taux d’inflation était de 5,4% et 5,7% respectivement pour le mois de septembre et août 2020 c’est-à-dire un repli de 0,3% du mois d’août. Ce léger repli n’a pas beaucoup d’importance car une vraie amélioration du taux d’inflation se mesure par année. On peut dire que l’inflation est constante. Il est possible que ce résultat soit passager donc il faut attendre la suite pour pouvoir juger exactement et convenablement la vraie situation de l’inflation de l’économie du pays. 

La situation du  taux d’inflation a une importante incidence sur l’évolution du prix car il permet de bien suivre et mesurer la situation réelle des prix durant une période bien déterminée. Pour bien donner un taux d’inflation précis et juste, il est nécessaire de définir la situation de l’inflation par la demande car si cette dernière augmente, on aura en conséquence une offre qui stagne ou diminue ce qui a comme résultat une hausse des prix dont les conséquences sont une baisse du pouvoir d’achat.

Pour connaître la vraie situation de l’inflation, il est obligatoire en plus du taux d’inflation par la demande, il faut bien préciser l’inflation par les coûts et par la quantité de monnaie.

L’inflation d’aujourd’hui a pris une autre allure et n’est plus stable, cette vérité est apparue depuis quelques années et plus exactement depuis la chute de l’ancien régime. La vie est devenue plus chère et le pouvoir d’achat a pris une pente sans fin. En Tunisie on doit bien comprendre que les menaces proviennent essentiellement de l’extérieur ou autrement l’inflation n’est pas seulement de source locale mais c’est une influence de l’extérieur. Une bonne partie des consommations sont importées. Les prix des matières premières importées ainsi que certaines denrées alimentaires humaines et animales ont une incidence directe sur l’inflation. Dans le monde entier, les prix des marchandises toutes catégories confondues ont grimpé et certains prix ont doublé.

De ce fait, il est question de stopper et de réduire l’inflation actuelle dont une partie de ses origines provient de l’extérieur. Un grand problème pourrait surgir si on resserre la politique monétaire ou autrement on aura un taux de chômage plus important que l’actuel. Aussi l’aggravation pourrait surgir par une  baisse du pouvoir d’achat dont les conséquences directes sont le chômage et l’oisiveté.

Aussi, l’inflation à une incidence directe sur tout ce qui est  social et elle n’aura pas les mêmes effets sur les ménages. La classe aisée est moins touchée et moins affectée par la cherté de vie. 

En période d’inflation, les banques se comportent autrement. Ils augmentent leurs taux d’intérêts et ce par précaution car le remboursement est moins garantie; donc le coût d’emprunt augmente. Ce fait a une incidence directe où les liquidités qui ne sont plus disponibles comment autrefois. Les placements seraient plus attractifs mais les ménages vont réduire leurs consommations tout en se dirigeant vers l’épargne.

Aussi l’inflation a une incidence directe sur l’exportation. La hausse des taux d’intérêts appliqués par les banques toutes catégories confondues  rend la monnaie plus importante mais les marchandises deviennent plus chères donc moins d’effet  concurrentiel,  ce qui rend les produits locaux non attractifs pour l’exportation car leurs prix sont devenus plus chers. 

Le contrôle des salaires et des prix a une incidence plus positive que le contrôle de l’inflation mais l’application de cette mesure exige beaucoup d’attention et de précision  en ce qui concerne les différents types de salariés. On peut freiner le taux d’inflation à un  certain niveau si on utilise bien une politique de bonne manipulation du taux directeur. Une économie intelligente c’est celle qui peut créer un certain équilibre dans des circonstances bien déterminées entre l’offre et la demande ou autrement l’équilibre des prix tant nécessaire pour la paix sociale et la création de la richesse.

Donc d une manière générale la banque centrale de Tunisie opère de moment à autre une augmentation du taux directeur dont le but essentiel est de diminuer les prix mais cette manipulation  n’a qu’un effet très limité et ce par un manque de contrôle rigoureux sur les prix d’une part et l’abondance des produits de la contre bande qui ont une concurrence directe sur les produits locaux d’autre part.  Il est important de signaler que la Banque Centrale de Tunisie n’a pas encore trouvé le salut de sa politique monétaire. Un durcissement n’est pas toujours avantageux pour un  pays comme la Tunisie qui souffre beaucoup de manque de croissance et la création de la richesse. Cette politique est en fait un frein majeur pour les investissements et pour cette raison depuis quelques années on a observé un recul considérable des investissements.

On  ne pourrait sortir de cette impasse qu’une fois on arrive à équilibrer les forces entre l’offre et la demande et de cette manière on arrive à maitriser efficacement les prix dont le résultat est la maitrise directe de l’inflation. Aussi parmi les inconvénients observés sur l’évolution de certains secteurs économiques est le manque d’enthousiasme auprès de certains influents  hommes d’affaires. Ils n’ont pas stimulé la production où les prix sont en augmentation continue. C’est de l’indifférence envers l’économie du pays. 

Parmi les solutions à entreprendre pour améliorer le taux d’inflation  se situe au niveau de la politique du change et plus exactement par une bonne maitrise de la balance commerciale. Ceci est visible en sachant comment manipuler positivement la valeur de la monnaie locale dans son ensemble c’est à dire y compris les réserves en devises. Donc par cette action on peut rendre l’exportation à la portée de l’homme d’affaire tunisien. On peut affirmer que la politique du change actuelle est inefficace et ne stimule pas l’exportation convenablement. Il ne faut pas oublier que les échanges commerciaux de la Tunisie sont effectués, principalement,  avec des pays riches en Europe ayant des puissances économiques importantes. De ce fait on peut dire aussi qu’une partie des problèmes économiques actuels proviennent de ces dits pays riches. Nous ne sommes pas à la même longueur d’onde.

Est-ce que la situation économique actuelle du pays est le moment opportun pour un changement profond de monnaie?
Dans une économie naissante et bien maitrisée une inflation non excessive  et modérée a certains bienfaits sur la bonne marche de l’économie dans son ensemble. Elle permet des ajustements tant utiles pour une économie en croissance.

Il faut aussi comprendre que les hausses des prix ne sont pas créatrices d’inflation. Seulement si ces hausses persistent  et sont générales. Généralement une hausse des prix a comme conséquence une hausse des salaires mais ce phénomène n’est pas appliqué en Tunisie et de là la croissance stagnera ce qui  accentuera le chômage. Les responsables économiques n’ont pas apporté des solutions radicales quant à la maitrise de l’inflation. Certains prix sur le marché et plus exactement les prix les plus élevés et non maitrisés ; les conflits sociaux surtout le gras de fer entre le syndicat des travailleurs ; UGTT ; et le gouvernement  sont générateurs d’inflation. 

En général une inflation est une hausse continue du niveau des prix pratiqués et aussi les excès des demandes et les augmentations des couts. 

Pour combattre et lutter contre l’inflation on doit bien définir une politique adéquate a chaque cause ou anomalie et de là prendre les mesures nécessaires et les moyens adéquats tout en s’appuyant  sur la politique budgétaire ; la politique monétaire et la politique des revenus.

(*) Dr.Ing.Gen.

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