Conseil des ministres crucial : ira-t-on vers un gouvernement de gestion des affaires courantes ?
Mohamed Ennaceur présidera ce mercredi matin, 21 août 2019, son premier conseil des ministres depuis son accession à la présidence de la république pour assurer l’intérim pendant 90 jours à la suite du décès du président Béji Caid Essebsi, le 25 juillet dernier. Ce conseil qui intervient sur fond de fièvre électorale, sera, justement, consacré aux préparatifs des élections présidentielle et législatives. Ennaceur a appelé aussi bien le gouvernement que l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) à garantir la neutralité de l'administration et l'égalité des chances pour tous les candidats.
Le Conseil qui se tiendra à Carthage verra la participation du ministre de la défense Abdelkrim Zbidi dont la démission, remise au chef de l’Etat est restée en suspens. De son côté Mohmed Fadhel Mahfoudh, ministre chargé des relations avec les instances constitutionnelle, la société civile et les droits de l’homme a annoncé sa démission du gouvernement pour se consacrer à sa campagne électorale dans la circonscription de Sfax 2 où il est tête de liste du mouvement Mashrou Tounes. Alors que le chef du gouvernement, candidat à l’élection présidentielle, refuse de démissionner ou à défaut de déléguer ses pouvoirs à l’un de ses ministres. Outre Mahfoudh, six autres ministres et conseillers du locataire de la kasbah, sont têtes de liste dans de circonscriptions électorale mais continuent d’exercer leurs fonctions. Ils appartiennent tous aux deux partis de la coalition gouvernementale Tahya Tounes et Ennahdha. Il s’agit de :
- Hichem Ben Ahmed, ministre de transport, tête de liste Tahya Tounes à Tunis2,
- Hedi Makni, ministre des domaines de l’état, tête de liste Tahya Tounes à Béja,
- Kamel Haj Sassi, conseiller auprès du chef du gouvernement, tête de liste Tahya Tounes à Sfax 1. Mieux, ce dernier a bénéficié, à l’âge de 72 ans, d’une année supplémentaire de maintien en activité le 24 juillet dernier, soit quelques jours avant son bombardement à la tête de la liste. Ce qui a été dénoncé par l’organisation, I Watch.
- Zied Laadhari, ministre du développement et de la coopération tête de liste d’Ennhdha à, Sousse,
- Saida Lounissi, ministre de l’emploi et de la formation, tête de liste d’Ennahdha France1,
- Faiçal Derbal, conseiller auprès du chef du gouvernement, tête de liste Sfax 2.
Et bien que ni la Constitution ni la loi électorale n'oblige un candidat à quitter son poste, il serait mal vu de rester à la primature, ou à la tête d’un ministère pour éviter toute confusion des rôles et tout soupçon d’utilisation des moyens de l’Etat pour sa propre personne et pour son parti.
Devant l’ambiguïté de cette situation, on croit savoir que le chef de l’Etat devrait appeler à la démission de tous les ministres et conseillers. Comme il proposerait au chef du gouvernement de déléguer ses pouvoirs à l’un de ses ministres, comme le stipule la Constitution. Et même en cas de démission, il pourrait être chargé d’expédier les affaires courantes, et il n’aura pas de vacance de pouvoir, comme il l’a déclaré. Il n’est, donc, pas exclu de transformer le gouvernement actuel en un gouvernement de gestion des affaires courantes et ce jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement à l’issue des prochaines élections législatives du 6 octobre. Dans ce cas, il exercera le pouvoir, « de façon réduite, avec des compétences limitées ». C’est à dire assurer le fonctionnement des services publics sans prendre des décisions ou des initiatives de nature à engager le gouvernement qui prendra la relève.
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