Covid-19 : l’OMS dénonce l’échec moral de l’iniquité vaccinale
Si le développement de plusieurs vaccins en un temps record est un triomphe pour la science et a surtout changé la trajectoire de la pandémie de Covid-19, cette nouvelle donne reste « une tragédie quand des milliards de personnes n’ont pas encore bénéficié du pouvoir salvateur des vaccins », a fustigé mercredi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Dans un discours à l’ouverture d’une réunion de l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA) à Marburg (Allemagne) sur « l’équité en matière de vaccins pour l’Afrique », le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a dénoncé l’inégalité d’accès aux vaccins anti-coronavirus entre pays riches et en développement.
Parlant de cette iniquité vaccinale, le chef de l’OMS note qu’il ne s’agit pas seulement « d’un échec moral, mais aussi d’un échec épidémiologique, qui crée les conditions idéales pour l’émergence de nouveaux variants » dans le monde.
L’inégalité de la faible couverture vaccinale et de la faible capacité de dépistage
Il a ainsi fustigé l’attitude égoïste des pays riches et indirectement critiqué certains fabricants de vaccins. Or pour l’OMS, la planète dispose « des outils nécessaires pour maîtriser la pandémie de Covid-19 cette année ».
« Mais nous sommes minés par une inégalité rampante. Dans de nombreux pays où la couverture vaccinale est élevée, un discours dangereux a émergé, selon lequel la pandémie est terminée », a dit le patron de l’OMS, en s’adressant aux hauts responsables de l’UA et l’UE, Moussa Faki Mahamat et Ursula von der Leyen, ainsi qu’aux Présidents Macky Sall (Sénégal), Nana Akufo-Addo (Ghana), Paul Kagame (Rwanda) et au Chancelier allemand, Olaf Scholz.
En réalité, plus de la moitié du monde est toujours aux prises avec une faible couverture vaccinale et une faible capacité de dépistage. Selon l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU, 116 pays ne sont pas actuellement « sur la bonne voie pour atteindre l’objectif commun de l’OMS de vacciner 70% de la population de chaque pays d’ici à la mi-2022.
L’équité vaccinale passe par une production locale
Le fossé semble visible sur le continent africain où plus de 80% de la population n’a « toujours pas reçu une seule dose ». Selon un décompte établi par l’OMS le 14 février 2022, plus de 10,2 milliards de doses de vaccin ont été administrées dans le monde dont la majorité dans les pays riches.
Mais pour combler ce fossé, non seulement aujourd’hui, mais aussi à l’avenir, l’OMS estime que la production locale est « essentielle ». « Nous ne pouvons atteindre cet objectif que par une véritable coopération en matière de mise au point, de production, de distribution et d’utilisation des vaccins au niveau local, en utilisant une gamme variée de plateformes », a affirmé le Dr Tedros.
A ce sujet, il a salué l’initiative de l’entreprise pharmaceutique BioNTech visant à accroître la production de vaccins en Afrique. Cet effort innovant et évolutif permettra de répondre aux besoins à court terme du coronavirus, ainsi qu’à des projets à plus long terme comme le vaccin contre le paludisme prévu par la société allemande de biotechnologie.
La solution de fabrication clé en main ARNm de BioNTech pour l’Afrique
Ce nouvel effort a nécessité une coopération avec l’OMS et le nouveau centre de transfert de technologie ARNm lancé avec plusieurs gouvernements, entreprises et organismes scientifiques en Afrique du Sud.
« Complété par des dérogations temporaires en matière de propriété intellectuelle, le hub contribuera à renforcer les capacités en Afrique pour lutter contre la Covid-19 et d’autres maladies évitables », a fait valoir le Dr Tedros, relevant que ce hub est destiné non seulement aux vaccins mais aussi à d’autres produits, tels que les thérapeutiques et les diagnostics.
Plus globalement, l’OMS s’est engagée à travailler avec tous les partenaires pour faire en sorte que chaque pays puisse avoir accès aux vaccins et aux autres outils permettant de protéger la santé de sa population.
« L’OMS s’engage à travailler avec vous, avec tous les partenaires et avec nos frères et sœurs d’Afrique pour renforcer les capacités et l’autonomie du continent », a conclu le Dr Tedros, rappelant sa volonté de soutenir tous les efforts visant à élargir l’accès à des vaccins et à des médicaments sûrs et efficaces dans le monde, afin de maîtriser la pandémie et de favoriser une reprise véritablement inclusive et durable.
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