Crise de l'eau: L'ONU plaide en faveur de partenariats, mais qu'en est-il de la Tunisie !?
À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, les Nations Unies appellent à renforcer la coopération internationale en matière d’utilisation et de gestion de l’eau. C’est le seul moyen d’éviter une crise mondiale de l’eau dans les décennies à venir. Mais qu'en est-il de la Tunisie?
Entre deux et trois milliards de personnes dans le monde connaissent des pénuries d’eau et ces pénuries vont s’aggraver au cours des décennies à venir – en particulier dans les villes – si la coopération internationale dans ce domaine n’est pas renforcée, prévient l’ONU à l’ouverture de la Conférence des Nations Unies sur l’eau 2023.
Dans le monde, 2 milliards de personnes (soit 26% de la population) sont privées d’accès à l’eau potable et 3,6 milliards de personnes (46%) n’ont pas accès à un système d’assainissement géré de manière sûre, selon un rapport sur la mise en valeur des ressources en eau publié par l’UNESCO au nom d’ONU-Eau et présenté mercredi à l’occasion de la Conférence sur l’eau 2023 qui se déroule à New York du 22 au 24 mars.
Entre deux et trois milliards de personnes connaissent des pénuries d’eau pendant au moins un mois par an, ce qui fait peser de graves risques sur leurs moyens de subsistance, à travers la sécurité alimentaire et l’accès à l’électricité notamment.
La population urbaine mondiale confrontée au manque d’eau devrait doubler, passant de 930 millions en 2016 à 1,7 – 2,4 milliards de personnes en 2050. Les sécheresses extrêmes et prolongées ont également une incidence croissante sur les écosystèmes et entraînent des conséquences désastreuses pour les espèces végétales et animales.
La plupart des barrages en Tunisie sont à sec
Le Tunisien dispose en moyenne sur les 10 dernières années par jour de près de 1250 litres d'eau mobilisés pour l'ensemble de ses usages, soit près de 450 m3 par an, ce qui le place en dessous du seuil de 1000 m3/an/habitant, marquant le stade de pénurie en eau et même en dessous de 500 m3/an, début de ce qui est qualifié de stress hydrique. Durant l’année 2022/2023, l'on est descendu en dessous du seuil critique de 400 m3 par an par habitant.
Il est à rappeler que les eaux superficielles et souterraines représentent un capital moyen classique de l'ordre de 4.5 milliards de m3 dont 3.6 milliards considérés renouvelables et 0.9 milliard fossiles non renouvelables. Aujourd’hui on est autour de 2.5 milliards de m3 seulement. La plupart de nos barrages sont quasiment à sec à cause d’une pluviométrie capricieuse et des lacs collinaires envasés car dépassés par le temps…
Urgence internationale
« Il est urgent d’établir de solides mécanismes internationaux pour éviter que la crise mondiale de l’eau ne devienne incontrôlable. L’eau est notre avenir commun et il est essentiel d’agir ensemble pour la partager équitablement et la gérer durablement », a déclaré la Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Audrey Azoulay.
« Il y a beaucoup à faire et le temps ne joue pas en notre faveur. Ce rapport démontre notre ambition et nous devons à présent nous rassembler et intensifier l’action. C’est le moment pour nous de faire la différence », a renchéri le Président d’ONU-Eau et Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), Gilbert F. Houngbo.
La coopération internationale, la clé de l’accès à l’eau pour tous
Presque toutes les interventions liées à l’eau impliquent une certaine forme de coopération. Cultiver la terre requiert l’usage de systèmes d’irrigation partagés par les agriculteurs. L’approvisionnement en eau potable à un coût abordable des villes et des zones rurales n’est possible que par une gestion commune des systèmes d’assainissement et d’approvisionnement en eau. Et la coopération entre ces communautés urbaines et rurales est essentielle pour garantir à la fois la sécurité alimentaire et le maintien des revenus des agriculteurs.
La gestion des fleuves et des aquifères qui traversent des frontières internationales rend la question d’autant plus complexe. S’il a été démontré que la coopération en matière de bassins et d’aquifères transfrontaliers présente de nombreux avantages au-delà de la sécurité de l’eau, notamment l’ouverture de canaux diplomatiques supplémentaires, seuls 6 des 468 aquifères internationaux partagés dans le monde font l’objet d’accords de coopération officiels.
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