De la francophonie à la francophilie !
Par Mahjoub Lotfi Belhedi
Au delà des liens de parenté phonétiques, les lignes de fractures sémantiques entre francophonie et francophilie sont bien profondes !
Rejoindre la communauté francophone via le partage d'un socle linguistique commun (la langue de Molière) n'autorise en aucun cas á se convertir à un Etre francophile de souche !
La francophilie est avant tout un processus d'identification et d'appartenance á l'aire civilisationnelle française, une forme de reconciliation au leg historique français dans sa bi-dimension coloniale et post-coloniale, en revanche, le mouvement francophone est un acte d'adhésion inter-étatiques vers un cadre institutionnel multilatéral mis en place depuis 1970, en l'occurrence la fameuse Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), qui tend à promouvoir la langue française,la diversité culturelle et linguistique, la paix, la démocratie et les droits de l’homme, à appuyer l’éducation et développer la coopération économique entre les différents membres de la communuaté francophone.
Au delà des pères bâtisseurs de la francophonie aux origines africaines (Senghor, Bourguiba et autres...) et des valeurs humanistes affichées, le mouvement francophone, selon plusieurs spécialistes des affaires africaines, se rapproche de plus en plus au territoire accidenté de la francopholie !
Ce glissement se traduit par :
1- Une posture de plus en plus dominatrice de la France dans la gouvernance des timons de l’OIF, à savoir : le Sommet, la Conférence Ministérielle de la Francophonie (CMF) et le Conseil permanent de la Francophonie (CPF).
Comparativement aux pays africains membres du « Commonwealth », l’analyste politique Ivoirien, Sylvain Nguessan, explique que: « Le Royaume-Uni laisserait plus de liberté aux dirigeants anglophones, contrairement à Élysée ou au Quai d'Orsay qui chercherait à tout contrôler", en ajoutant que «Certains pays se disent que s'ils basculaient dans le Commonwealth, ils pourraient jouir d'un minimum d'autonomie ».
Dans la même trajectoire de reflexion, le professeur de Communication politique Sénégalais, Bacary Domingo Mané, liste les opportunités qu'ont les pays membres du Commonwealth par rapport à ceux membres de la Francophonie : "On ne peut pas simplement se limiter à l'aspect culturel, parce que certainement les gens dans les pays qui sont dans le Commonwealth ont beaucoup plus d'opportunités que ceux qui sont dans la Francophonie", par conséquent, "cela peut aussi motiver les pays à s'émanciper, à aller chercher d'autres types de partenariats" conclu M.Mané.
2- Un basculement sans rupture vers d'autres cieux culturels et politiques jugés plus cléments ou moins contraignants á l'instar du Cameroun, du Rwanda et de la Gambie, qui ont su intégrer à la Communauté des Nations « Commonwealth » tout en gardant leurs statuts de membres au sein de l’OIF, et bien d’autres pays africains francophones (notamment le Gabon et le Togo) qui ambitionnent, désormais, de devenir membres de l’organisation du Commonwealth…
Tout compte fait, est-ce la francophonie aux ingrédients francophiles est un destin inéluctable des Africains ? Peut-on avoir une autre voie alternative qui pourra remettre la locomotive de la francophonie sur la bonne voie de multicultarisme et de co-gouvernance du continent ?
Peut-être, il faut creuser là où ils ont échoué les figures emblématiques du panafricanisme !
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