Décès du général Khaled Nezzar, ancien homme fort du régime algérien
Le général Khaled Nezzar, ancien ministre de la défense algérien, est mort vendredi 29 décembre 2023 à l’âge de 86 ans. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a rendu hommage à « une éminente personnalité militaire ayant voué sa vie, pleine de sacrifices et de dévouement, au service de la patrie, à partir des différents postes et responsabilités qu’il a occupés ».
Né le 25 décembre 1937, à Seriana, dans le département de Batna (est du pays), Khaled Nezzar intègre l’armée française en 1949, passant notamment par l’Ecole nationale des sous-officiers d’active à Saint-Maixent-l’Ecole, d’où il sort sous-officier. Il déserte en avril 1958 pour rejoindre l’Armée de libération nationale algérienne en Tunisie. Il fera ainsi partie des fameux « DAF » – déserteurs de l’armée française – utilisés par le président Houari Boumediene pour leurs compétences militaires. Au fil des ans, ils occuperont les postes-clés.
Après l’indépendance, Khaled Nezzar rejoint l’académie militaire Frounze en URSS puis, en 1975, l’Ecole de guerre de Paris. En 1986, il est nommé commandant de forces terrestres, un poste qui, souvent, prépare à celui de chef d’état-major de l’armée, colonne vertébrale du système politique autoritaire mis en place à l’indépendance de l’Algérie en 1962.
L’Algérie a été de 1992 à 2002 le théâtre d’une guerre civile après l’interruption par les militaires d’un processus électoral législatif qui promettait une victoire aux islamistes du Front islamique de salut (FIS), qui a été interdit. Cette décennie noire a fait quelque 200 000 morts, selon les estimations officielles.
Khaled Nezzar avait été interpellé à Genève en octobre 2011, alors qu’il résidait en Suisse, à la suite d’une plainte déposée par une ONG suisse, avant d’être relâché. Il avait depuis quitté la Suisse.
En 2018 il avait publié ses mémoires en deux tomes sous le titre « Recueil des mémoires de Khaled Nezzar » : ma carrière militaire(1) et la séquence politique(2).
Ce recueil n’est pas une simple compilation de ce que le général à la retraite Khaled Nezzar a déjà écrit. Il apporte de nouvelles précisions et de nouveaux éclairages sur les hommes et les évènements, rétablit beaucoup de vérités et embrasse les grands évènements où il a été acteur ou dont il a été témoin. L’auteur ne prétend pas faire œuvre d’historien.
Il donne son témoignage de membre de l’ALN, évoque comment l’Algérie, qui venait à peine de se libérer, a été contrainte d’affronter en octobre 1963, les entreprises agressives du royaume marocain et l’extraordinaire ardeur patriotique exprimée par les citoyens à cette occasion, et résume des situations complexes, comme les évènements de Kabylie, les visions différentes qui ont conduit les colonels Chabani et Zbiri à tenter d’inverser le cours des choses par la sédition militaire, l’intermède Ben Bella, Boumediene et ses priorités, Bendjedid et ses responsabilités, mais aussi ses mérites.
L’auteur invite également le jeune lecteur à le suivre jusqu’aux bords du canal de Suez, en Egypte, pour susciter sa fierté parce que ses aînés ont démontré, face à la très médiatisée armée israélienne, leurs capacités tactiques et leur courage.
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