Des nuages s'amoncellent sur l’économie en 2019, avertit la Banque mondiale

Des nuages s'amoncellent sur l’économie en 2019, avertit la Banque mondiale

Dans les Perspectives pour l’économie mondiale en 2019 publiées cette semaine, la Banque mondiale prévoit une croissance de 2,9% cette année, en léger repli par rapport à 2018, année qui a enregistré une croissance de 3%.
La Banque mondiale souligne que les échanges commerciaux et les investissements internationaux faiblissent. Elle note que les tensions commerciales restent vives ; mais aussi que plusieurs grands marchés émergents ont subi de fortes pressions financières l’année dernière.

Dans ce contexte difficile, la croissance devrait stagner en 2019 dans les marchés émergents et les économies en développement. Parmi les pays très tributaires des exportations de produits de base, la reprise sera probablement beaucoup plus lente que ce qu’on avait pu espérer, prévient la Banque. On s’attend en outre à un ralentissement de la croissance dans de nombreuses autres économies.

De surcroît, l’édition de janvier 2019 des Perspectives pour l’économie mondiale de la Banque mondiale évoque une augmentation de la probabilité d’une croissance encore plus faible que prévu. Les banques centrales des économies avancées continueront d’éliminer les politiques accommodantes mises en œuvre pour soutenir la reprise prolongée qui a fait suite à la crise financière survenue il y a dix ans. Les différends commerciaux latents risquent de dégénérer. Des niveaux d’endettement élevés accentuent la vulnérabilité de certaines économies — notamment celles des pays les plus pauvres — face à la hausse des taux d’intérêt mondiaux, aux changements d’humeur des investisseurs ou aux fluctuations de taux de change.

De plus, la fréquence accrue de certains phénomènes météorologiques accroît le risque de [...] fluctuations prononcées des prix des denrées alimentaires susceptibles d’aggraver la pauvreté. Une croissance équitable étant essentielle à l’atténuation de la pauvreté et à la promotion d’une prospérité partagée, les marchés émergents et les économies en développement doivent faire face à ce contexte économique difficile en prenant des mesures pour préserver la dynamique économique, se tenir prêts à affronter des turbulences et promouvoir une croissance à long terme.

Pour ce faire, certaines politiques sont à privilégier : reconstruire les budgets, rétablir les mécanismes régulateurs des banques centrales, valoriser le capital humain, promouvoir l’intégration commerciale et résoudre les problèmes posés par des secteurs informels parfois très vastes.

La Banque mondiale publie ses Perspectives pour l’économie mondiale deux fois par an, en janvier et juin, dans le cadre de son analyse approfondie des principaux aspects de l’évolution de la situation macroéconomique mondiale et de leurs répercussions sur les pays membres.

Des pays accablés de dettes
Le traitement de la question des niveaux d’endettement élevés est une préoccupation de plus en plus importante. Ces dernières années, de nombreux pays à faible revenu ont eu accès à de nouvelles sources de financement, y compris des sources privées et des prêteurs extérieurs au Club de Paris qui rassemble les principaux pays créanciers. Certes, cette démarche a permis aux pays emprunteurs de financer d’importants besoins de développement, mais elle a aussi contribué à l’augmentation de leur dette publique. « Après avoir tourné à plein régime au début de 2018, l’économie mondiale a perdu de la vitesse en cours d’année et le chemin pourrait être encore plus cahoteux en 2019 », a estimé la Directrice générale de la Banque mondiale, Kristalina Georgieva.

« L’intensification des vents contraires, économiques et financiers, auxquels sont confrontés les pays émergents et en développement risque de compromettre les progrès accomplis par la communauté mondiale dans la réduction de l’extrême pauvreté. Pour maintenir une bonne dynamique, les pays doivent investir dans le capital humain, promouvoir une croissance inclusive et établir des sociétés résilientes », a-t-elle ajouté.

Ces dernières années, de nombreux pays à faible revenu ont eu accès à de nouvelles sources de financement, y compris des sources privées et des prêteurs extérieurs au Club de Paris qui rassemble les principaux pays créanciers. Certes, cette démarche a permis aux pays emprunteurs de financer d’importants besoins de développement, mais elle a aussi contribué à l’augmentation de leur dette publique.

Dans ces circonstances, si les conditions de financement devaient se durcir brusquement, les pays concernés pourraient subir de soudaines sorties de capitaux et peiner à refinancer leurs dettes. Dans les pays à faible revenu, le ratio de la dette de l’État rapportée au PIB est passé de 30% à 50% au cours des quatre dernières années. Ces pays utilisent une part croissante de leurs recettes publiques pour s’acquitter des intérêts de la dette. La pression ainsi exercée par le service de la dette s’accentuera si les charges d’emprunt augmentent comme prévu durant les années à venir.

En principe, la dette publique doit être un endettement viable dont le service devrait être assuré dans des contextes très divers à un coût raisonnable. En augmentant l’efficacité de la mobilisation des ressources et l’efficience des dépenses publiques ainsi qu’en renforçant la gestion et la transparence de la dette, les pays à faible revenu peuvent réduire le risque de coûteuses tensions liées à l’endettement, soutenir le développement du secteur financier et réduire la volatilité macroéconomique. « La dette, lorsqu’elle est utilisée de façon judicieuse, peut aider les pays à parvenir à une croissance durable et inclusive. Nous sommes toutefois préoccupés par le haut niveau d’endettement atteint par un certain nombre d’États », déclare Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale. « Nous collaborons avec les pays pour les aider à mieux gérer leur dette et préserver les dépenses indispensables aux services sociaux et publics qui pourraient être compromises par une hausse des paiements au titre du service de la dette ».

Lorsque l’informel est normal
La recherche de solutions aux problèmes posés par l’existence d’un vaste secteur informel peut être une autre avenue à explorer en vue d’obtenir de meilleurs résultats économiques. L’existence d’emplois et d’activités commerciales hors des structures réglementaires, juridiques et financières est très répandue dans de nombreux marchés émergents et économies en développement.

Dans les pays émergents et en développement, environ le tiers du PIB provient du secteur informel et quelque 70% des emplois sont de nature informelle. Dans certains pays d’Afrique subsaharienne, l’emploi informel représente plus de 90 % de l’emploi total et l’économie parallèle produit jusqu’à 62% du PIB. Les moyens de subsistance des populations pauvres dépendent souvent de cette activité informelle.

Le secteur informel prospère dans certains environnements : une prévalence élevée de pratiques informelles est indissociable de situations de sous-développement économique, de niveaux d’imposition élevés, d’une réglementation oppressive, de la corruption et de l’inefficacité administrative. Certes, un vaste secteur informel offre parfois des avantages sur le plan de la flexibilité et de l’emploi, mais il est souvent associé à une faible productivité, à une déperdition de recettes fiscales et à des niveaux de pauvreté et d’inégalité élevés.

La productivité des entreprises informelles est égale au quart de celle des sociétés du secteur formel. De surcroît, de récents travaux de la Banque mondiale révèlent que la productivité des entreprises du secteur formel confrontées à la concurrence de l’économie parallèle équivaut aux trois quarts seulement de celle des sociétés qui n’y sont pas exposées.
 

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