En Argentine, 400 kilos de cocaïne saisis à l'ambassade de Russie
Des diplomates véreux, un policier complice, la drogue remplacée par de la farine: une enquête, qui a tout du film d'espionnage, a permis de saisir 389 kilos de cocaïne dans un des bâtiments de l'ambassade russe à Buenos Aires.
«Il s'agit d'un groupe de narcotrafiquants qui essayait de se servir du courrier diplomatique de l'ambassade de Russie» pour transporter de la drogue en Europe, a expliqué jeudi la ministre de l'Intérieur argentine Patricia Bullrich sur ce dossier qui court sur plus d'un an. La drogue, dissimulée dans 16 valises, est découverte le 13 décembre 2016 sur dénonciation de l'ambassadeur russe Viktor Koronelli, dans une école située dans un bâtiment annexe de l'ambassade. Après avoir vérifié discrètement qu'il s'agit bien de drogue, les enquêteurs se rendent le soir même au marché de gros de Buenos Aires pour acheter 400 kilos de farine.
«La cocaïne a été remplacée par de la farine (cette nuit-là) et des balises ont été placées à l'intérieur afin de pouvoir surveiller la transaction et démanteler l'organisation», a ajouté Mme Bullrich. Les mois qui suivent, les membres du réseau, dont certains travaillent à l'ambassade, tentent en vain de faire partir le chargement de farine par valise diplomatique à plusieurs reprises.
C'est le gouvernement russe, à la faveur d'un voyage officiel en Argentine, qui procure un avion pour pouvoir surveiller la remise des valises à Moscou, le 12 décembre 2017. Cinq personnes ont été arrêtées dans cette affaire menée conjointement par les polices des deux pays: deux en Argentine et trois en Russie.
Parmi les personnes interpellées à Buenos Aires figure un Russe naturalisé argentin, qui avait intégré la police de la capitale en 2013, selon la ministre. La drogue, «d'une très grande pureté», était destinée à la Russie et probablement à l'Allemagne, où est en fuite le cerveau présumé de la bande, selon les enquêteurs.
Des agents des forces de l'ordre russes «sont venus en Argentine à trois reprises pour participer à l'enquête qui a nécessité plus d'un an», selon la ministre. «La valeur de ce chargement est d'environ 50 millions d'euros sur le marché russe», a-t-elle précisé. Les enquêteurs n'ont pas encore déterminé l'origine de la cocaïne.
«Elle peut provenir de Colombie ou du Pérou, les paquets étaient ornés d'une étoile», selon Patricia Bullrich.
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