Enfants victimes des conflits armés : "Une source de honte mondiale", selon le chef de l'ONU
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a exhorté mardi le Conseil de sécurité à réduire et mettre fin au niveau alarmant de souffrances inacceptables endurées par les enfants dans le monde en raison des conflits. « Une source de honte mondiale », a-t-il confié.
«Nous voyons des enfants stigmatisés pour avoir été recrutés et utilisés par des groupes armés. Nous voyons des enfants tenus pénalement responsables d'actes qu'ils ont été forcés à commettre. Et nous voyons des parties à un conflit entraver souvent l'acheminement d'une aide vitale pour les enfants », a dit Guterres lors de la présentation au Conseil de son rapport sur le sort des enfants en temps de conflits armés.
Selon le rapport, l'Afghanistan est le pays où l'ONU a dénombré le plus grand nombre d'enfants victimes en 2016. Les cas avérés de recrutement et d'utilisation d'enfants dans des conflits ont doublé en Syrie et en Somalie. La violence sexuelle s'est largement répandue contre les enfants en République démocratique du Congo (RDC), au Nigéria et au Soudan du Sud.
«Ce que nous avons infligé aux enfants dans les zones de guerre ces dernières années est une honte », a pour sa part déclaré Virginia Gamba, qui s'adressait pour la première fois au Conseil de sécurité en sa qualité de Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé. Gamba a souligné que le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a relevé en 2016 plus de 20.000 violations commises contre des enfants dans le contexte considéré.
Des progrès accomplis
Malgré ce tableau des plus sombres, le Secrétaire général a tenu à insister sur les progrès accomplis, évoquant les mesures protectrices mises en place par les forces de sécurité de cinq États et quatre groupes armés en 2016. « Ces mesures vont de la libération d'enfants emprisonnés en Somalie à des actions substantielles affectant des opérations complexes telles que celles prises par la Coalition dirigée par l'Arabie saoudite pour rétablir la légitimité au Yémen », a-t-il dit.
Pour la Représentante spéciale, les engagements récents pris par les États membres pour protéger davantage les enfants sont une source d'espoir. Quand la volonté politique existe, des résultats concrets peuvent être obtenus, a assuré Mme Gamba avant de citer ceux relevés par le rapport en ce qui concerne le Nigéria, les Philippines, la Colombie et même la RDC.
Redoubler d'efforts
Pour le Secrétaire général, l'ampleur et l'intensité des crises exigent un redoublement des efforts et l'adoption d'approches innovantes. Notant la nature transfrontalière croissante des conflits, année après année, Guterres a plaidé pour un renforcement de l'engagement avec les acteurs régionaux et sous-régionaux. « Nous devons encourager des engagements juridiques et politiques supplémentaires afin de protéger les enfants », a-t-il dit, en demandant aux États membres de fournir des ressources pour appuyer ces initiatives.
« En 2016, des milliers d'enfants ont été libérés par des forces armées et groupes armés, pourtant seulement la moitié d'entre eux ont été réintégrés avec succès au sein de leurs familles et communautés », a poursuivi le chef de l'ONU avant de souligner la nécessité de fournir des ressources et capacités aux programmes éducatifs, de formation, de conseil et pour aider à la réunification des familles.
Un cadre juridique existant qui doit être respecter
Le Secrétaire général a rappelé devant le Conseil que « le cadre juridique pour protéger les enfants en temps de conflit armé est d'ores et déjà en place », appelant toutes les parties à le respecter. Guterres a également demandé que les auteurs de crimes odieux et de violations des droits de l'homme et du droit humanitaire soient jugés. « Si nous abandonnons les prochaines générations à leurs traumatismes et ressentiment, alors nous trahissons ceux que nous servons et nous nous trahissons nous-mêmes ».
Pour Gamba le Conseil de sécurité a un rôle vital à jouer pour encourager les meilleures pratiques. « Vous pouvez utiliser les outils à votre disposition pour faire en sorte que le plus de parties possibles soient ouvertes au dialogue avec les acteurs des Nations Unies pour la protection de l'enfance afin de réduire et de mettre fin aux violations », a-t-elle enjoint.
La Représentante spéciale a également prié le Conseil de sécurité de continuer à demander le déploiement d'équipes de protection de l'enfance dans les opérations de paix de l'ONU. Lorsque la paix en est à son stade initial, des dispositions relatives aux enfants doivent être inclues dans les accords de cessez-le-feu et de paix, a-t-elle aussi suggéré.
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