Entre le gouvernement et l’UGTT, l'accord et le désaccord
La deuxième rencontre des « cinq grands » qui a réuni à Carthage autour du Président de la République Béji Caid Essebsi, le président de l’ARP Mohamed Ennaceur, le chef du gouvernement Habib Essid, le secrétaire général de l’UGTT Houcine Abbassi et la présidente de l’UTICA Wided Bouchemmaoui, lundi 7 septembre, selon le communiqué de la présidence de la République, a abouti à un accord sur un ensemble de points qui seront consignés dans un document lequel document sera soumis à la signature des partenaires sociaux.
Très attendue, cette rencontre est intervenue une semaine avant la rentrée scolaire qui s’annonce chaude. Tant il est vrai que les spéculations montent, les menaces des syndicats de l’enseignement se précisent le mois de septembre se présente sous forme d’une série d’interrogations lancinantes, d’inquiétudes sur l’évolution des événements et d’incertitudes sur une année scolaire qui risquerait d’être compromise.
Entre le 18 août et le 7 septembre, la commission dite quatre plus quatre qui se compose de quatre membres du gouvernement et de quatre membre du bureau exécutif de l’UGTT, s’est réunie, pas moins de huit fois, pour arrêter le calendrier des négociations sociales, s’entendre sur le montant des augmentations salariales dans la fonction publique et leur date d’effet, ainsi que sur les points de divergence. Selon certaine sources, les négociations ont bien avancé et les deux parties sont tombées d’accord sur le principe des augmentations, entre 50 et 60 dinars pour les agents de la fonction publique et les entreprises publiques. En plus de la généralisation à tous agents de la fonction publique de l’indemnité spécifique ou sujétion spéciale dont ont bénéficié les enseignants du secondaire.
La partie syndicale propose trois paliers de 105 dinars, 135 dinars et 150 dinars, alors que le gouvernement se tient à 90, 120 et 150 dinars respectivement pour les catégories A1, A2 et A3 et qui sera échelonnée sur trois ans. Toutefois, le désaccord persiste quant à la date d’effet. La centrale syndicale propose octobre 2015 pour les augmentations salariales et janvier 2016 pour les indemnités spécifiques, alors que le gouvernement s’y oppose en raison des difficultés budgétaires. La loi des finances complémentaires adoptée par l’ARP n’a pas prévu d’augmentations salariales pour 2015, alors les dernières augmentations ont coûté près de 450 millions de dinars au budget de l’Etat. Les nouvelles augmentations, telles que proposées par la centrale syndicale, nécessiteraient la mobilisation de 1.5 milliards de dinars soit environ 5% du budget total de l’Etat. Or, toujours d’après le gouvernement qui a tout remis sur la table, chiffres à l’appui, l’année 2015 a été difficile, celle de 2016 sera plus difficile encore alors que 2017 coïncidera avec le début de remboursement des crédits contractés par la Tunisie sous le gouvernement Mehdi Jomaa et qui s’élève à 4.300 milliards de dinars. C’est pourquoi, il propose janvier 2016 pour la jouissance de l’augmentation salariale et de reporter la date d’effet de l’indemnité spécifique au début janvier 2018.
Sinon, comment faire quand on sait que l’économie nationale qui reste toujours tributaire de l’agriculture, des mines et de l’énergie, du tourisme et des industries manufacturières, est aujourd’hui en panne à cause, surtout, de l’arrêt de production des phosphates, du recul du tourisme qui a pris un sacré coup suite aux attentats terroristes du Bardo et de Sousse et d’une saison agricole très en deçà des promesses.
Toutefois, le gouvernement est prêt à consentir davantage de sacrifices en vue de préserver la paix sociale qui a un prix. Elle s’achète. Un modus vivendi semble avoir été trouvé sur les nouveaux « règlements » qui devraient, désormais, régir les rapports entre les partenaires sociaux et ouvrir de nouvelles perspectives basées sur al confiance, le dialogue et la concertation.
B.O