Le long parcours d'intégration des médecins tunisiens en France

Docteur Abdessalem Chkir nous a fait parvenir ce témoignage sur les médecins tunisiens exerçant en France.

Il estime qu’ils jouent un rôle crucial dans le système de santé français, mais leur situation reste précaire et complexe.​

En 2023, 1 591 médecins tunisiens exercent en France, contre seulement 266 en 2010, ce qui représente une multiplication par six en une décennie. Ils constituent le deuxième groupe le plus important de praticiens diplômés hors Union européenne (UE), derrière les Algériens (37,4 %) et devant les Syriens (9,5 %) .​

Des parcours d'intégration longs et incertains

Pour exercer pleinement en France, ces médecins doivent passer les Épreuves de Vérification des Connaissances (EVC), suivies de deux années de consolidation des compétences en tant que praticiens associés. Ce processus est exigeant, avec un taux de réussite de seulement 13,5 % en 2023. En attendant, beaucoup travaillent sous des statuts précaires, tels que « stagiaire associé » ou « faisant fonction d’interne », avec des rémunérations inférieures à celles de leurs homologues français.

Une fuite des cerveaux préoccupante

Depuis 2021, environ 6 000 médecins ont quitté la Tunisie, dont 1 500 en 2023. Cette émigration massive, motivée par des conditions de travail difficiles et des perspectives limitées, menace la qualité des soins en Tunisie.​

Des perspectives de retour conditionnées

Malgré les défis, 75 % des médecins tunisiens à l’étranger exprimeraient le souhait de revenir en Tunisie, à condition que des réformes améliorent les conditions de travail et les perspectives professionnelles.

En résumé, les médecins tunisiens en France sont essentiels au système de santé, mais leur intégration reste entravée par des obstacles administratifs et des conditions de travail précaires. Parallèlement, la Tunisie fait face à une perte significative de ses professionnels de santé, mettant en péril son propre système de soins.