Fallières en Tunisie ou la chronique d’un calme qui annonçait la tempête (1)

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Alors que la Tunisie s’apprête à accueillir bientôt François Hollande, les archives mises à jour donnent un éclairage sur la visite d’un autre chef d’Etat français en Tunisie : Celle d’Armand Fallières, qu’il avait effectuée il y avait plus de 100 ans (103 ans) !

Armand Fallières (1841-1931) avait été le 9ème président de la Troisième République   (18 février 1906-18 février 1913) durant la 3ème, qui était en vigueur en France de 1870 à 1940. Il avait été précédé à ce poste par Emile Loubet et y avait été relayé par Raymond Poincaré.

C'était durant la présidence de Fallières, qui était soupçonné d’être franc-maçon qu'avait pris fin l’Affaire Dreyfus par deux événements : la loi du 13 juillet 1906, Dreyfus avait été réintégré partiellement dans l'armée, au grade de chef d'escadron (commandant). Le 04 juin 1908, les cendres du plus illustre défenseur de Dreyfus, l'écrivain Emile Zola, avaient été  transférées au Panthéon.

En 1912, Fallières avait commis une gaffe dont les journalistes avaient fait des gorges chaudes : le 17 avril il avait présenté ses condoléances au roi George V  et au président américain William Howard, en hommage aux nombreuses victimes du naufrage du Titanic (qui avait coulé le 14 avril). Parti en vacances, il avait oublié en revanche d'adresser ses condoléances aux familles françaises endeuillées.

Fallières avait effectué un voyage en Tunisie en avril 1911.  Naceur Bey était alors  le monarque au pouvoir (2).

Le Journal Officiel de la République Française (3) avait rapporté ce voyage. Et nous l’avons défriché pour vous avec quelques annotations que nous espérons utiles.

En particulier, il avait à l’occasion de ses nombreuses visites effectuées durant son séjour, remis  la rosette de la légion d’honneur au Directeur Général des Archives l’Amiralay Mohamed Karoui,  et à Mustapha Dinguezli, caïd de la banlieue de Tunis, qui était devenu une année plus tard, maire de la Capitale, en reconnaissance de leur compétence.

Cette action n’avait pas été passée sous silence par l’intelligentsia locale et parfois avait été considérée –à tort-comme un signe d’allégeance aux autorités coloniales.

Pourtant Mokhtar Ben Zakour avait remis les pendules à l’heure en écrivant dans une chronique parue au journal «Le Renouveau en l’an 2000 : « Dans l’euphorie du moment, le Président de la République française Fallières, venu en 1911, en visite officielle en Tunisie, à la lecture de la biographie de Mohamed El Karoui, à qui il avait été proposé pour recevoir une médaille par le résident général Alapetite ;  qui était formé à l’Ecole Militaire du Bardo, dirigée à l’époque par le Commandant De Taverne, a cru conseiller de surveiller de très près cet homme qui sera demain un pion sur l’échiquier du nationalisme dont il soupçonne l’activité silencieuse ».

A cette époque, d’ailleurs, le mouvement de la Nahdha commençait à devenir plus virulent. Le journal nationaliste Al Hadhira avait été forcé d’interrompre sa parution en novembre 1911 (bien que son ton ait été assez conciliant) et ce pendant que Gabriel Alapetite était encore résident général. De plus, la même année avait éclaté l’affaire du Djallez traduite par l’immatriculation forcée des terres domaniales, ce qui avait entrainé un bain de sang et à son tour le journal « Le Tunisien » en langue française avait été suspendu et en février 1912 avait débuté l’affaire du boycott de Tramway suivie par la condamnation en mars d’Ali Bach Hamba à l’exil (départ en Turquie).

Nous avons donc choisi de publier  le reportage du séjour paru au JORF comme tel pour lui faire garder le ton de l’époque faisant la partie belle à la prétendue mission civilisatrice de la France avec ses multiples insinuations réductrices…Mais nous l’avons quand même assorti de quelques annotations qui donnent un second regard sur les événements historiques et les protagonistes politiques d’alors.

La chronique de cette visite permet donc de décrire l’ambiance d’une époque…Et c’était en quelque sorte le calme qui annonçait la tempête !

« Journée du 19 avril 1911 : A huit heures quinze du matin, par un soleil ardent, le Président de la République (Armand Fallières), quitte avec les ministres, le palais de la résidence générale, il se rend au Bardo pour rendre une visite au bey.

Le cortège suit, en dehors de la ville, l’enceinte des vieux remparts, il traverse les nouveaux quartiers, habités surtout par la population juive. La foule, qui se presse nombreuse ne cesse de l’acclamer. Le Bardo est un assemblage d’édifices et d’habitations élevées par les différents beys. Il occupe une superficie de plusieurs hectares.

Lorsque le Président arrive dans la première cour, la musique et la garde beylicale rendent les honneurs. Les gendarmes beylicaux, dans leurs pittoresques costumes, montés sur leurs chevaux fringants, font flamboyer au soleil les lames de leurs longs et lourds cimeterres.

M. Fallières, à sa descente du landau, est salué par le fils ainé (4) et par les ministres du bey, dans la cour d’honneur aux colonnes de marbre blanc et noir. Le bey l’attend au haut de l’escalier ; il s’avance à sa rencontre et il lui sert cordialement les deux mains. Il le conduit jusqu’à la belle salle du Trône, décorée des portraits en pied de différents souverains et de plusieurs beys ; il le fait asseoir sur un haut fauteuil rouge et doré surmonté d’un large croissant. Il fait mettre sous ses pieds un volumineux tabouret carré ; il prend place à côté de M. Fallières sur un fauteuil identique, puis après quelques instants de conversation, il se lève et dit au Président:

« Vous connaissez mon attachement et mon dévouement loyal pour la France. Je vous demande de vous considérer comme étant de ma famille et d’accepter de mes mains l’ordre du Sang » (5), et il lui attache lui-même, aidé par ses ministres, autour du cou, un large bijou de forme ronde, tout serti de gros brillants.

Le bey présente ensuite au Président les princes de sang beylical, au nombre d’une vingtaine, qui sont tous ses frères, ses fils ou ses neveux ; il lui présente aussi les hauts dignitaires de sa cour.

Le Président va ensuite visiter le musée des antiquités tunisiennes (6), il est dirigé par M. Merlin, le directeur des antiquités et des arts de la régence. Il s’arrête devant le portrait en mosaïque de Virgile, écrivant l’Enéide, entouré de deux muses de la poésie et de la comédie. Il reste plusieurs minutes dans la salle où sont groupés les objets retirés en 1908 d’un navire athénien, chargé de beaux bronzes et de statues qui a sombré au début de l’ère chrétienne à 5 kilomètres de la côte. Les fouilles sont encore poursuivies chaque année, grâce aux libéralités du Duc de Loubat (7) et de l’Américain James Hyde.

L’attention de M. Fallières est également attirée sur de belles statues de grande valeur de marbre, sur de belles mosaïques, sur une cuirasse de mercenaire carthaginois en bronze doré, sur une collection de lampes diverses et sur une cuve baptismale à quatre sièges. Le Président, en sortant du musée, va retrouver le bey qui l’attend. Il le fait monter dans son landau et le conduit à la revue.

Tous les princes de sang sont invités à faire partie du cortège, les voitures traversent surtout les quartiers où sont massés les Arabes en turban et en caftans. Beaucoup agitent des étendards, d’autres tiennent des bouquets de mimosas (8). Beaucoup de voitures aux stores baissés, renfermant des femmes arabes, stationnent aux coins de rue.

C’est sur le champ de courses de Ksar-Saïd (9) situé à 6 km de Tunis, qu’est passée la revue des troupes de la division d’occupation.
Les tribunes sont bondées de spectateurs, bien avant l’heure fixée pour la revue.

Dans la tribune officielle, on remarque les princes de la famille beylicale, les principaux caïds tunisiens, le général Bailloud (10), commandant le 19ème corps d’armée…A neuf heures quarante cinq, le cortège débouche sur la piste face à la tribune, le Président et le bey sont longuement acclamés.

M. Fallières remet les distinctions suivantes :

Chevaliers de la Légion d’honneur : MM. Odienne, capitaine au 4ème bataillon d’infanterie légère, Nicolay, capitaine au 4ème régiment des tirailleurs, Bonnemaison…
Médaille militaire : MM. Vincensini, adjudant au 4ème régiment de zouaves ; Larrieu, sergent huissier…

A dix heures précises, commence le défilé des notabilités indigènes et des confréries religieuses, défilé extrêmement pittoresque tant par la variété des costumes que par l’étrangeté des accessoires dont certains sont munis et par les étendards multicolores qui les précédent.

Le caïd de Tunis et celui de la banlieue ouvrent la marche suivis de plusieurs centaines de notables musulmans de Tunis.

Puis viennent les confréries ayant à leur tête Sidi el Bachir, chef de la zaouïa.
Des confréries psalmodient des prières. D’autres crient en arabe : « Que Dieu protège la France, notre seigneur Fallières et le bey. »

Les chefs sont seuls à cheval, entourés d’indigènes, jouant à la derbouka (sorte de tambourin) ou de castagnettes en fer dites chekachekjr.

Le défilé rappelle beaucoup celui qui eut lieu il y a huit ans au même endroit devant le Président Loubet.

A u moment même où il s’organise, un aviateur M. Bouvier, de Tunis, venu ce matin par la voie de l’air, s’élève et commence autour de la piste un très beau vol qui lui vaut de vifs applaudissements. Il s’élève à une certaine hauteur et lorsqu’il arrive devant la tribune il jette sur le piste des fleurs et des bouquets.

A dix heures vingt minutes, les derniers indigènes ont passé.

De retour de la revue, le Président de la République et le bey se rendent à la résidence générale et prennent place dans deux fauteuils contigus, dans la grande salle à manger, en attendant que le Président soit servi.

Le déjeuner est offert par le Président de la République. Il est servi dans de la porcelaine de Sèvres avec l’argenterie et les cristaux rapportés de Paris.
M. Fallières a à sa droite l’amiral Poë, commandant de la division anglaise ; le général Pistor (11), le prince Mounzef, fils ainé du bey ; à sa gauche, MM Delcassé (12), Alapetite (13), Hamondou, le général Trumelet-Faber, commandant de la première brigade d’infanterie (14).

Le bey de Tunis, placé en face du Président, a à sa droite M. Pams, l’amiral Gaschard, MM. Trélat, Mollard, Proust, vice-président de la municipalité (15) ; à sa gauche MM. Chaumet, le général Bailloud, commandant du 19ème corps ; le général de division Chailley, l’amiral Lecuve ; les autres invités sont quatre officiers anglais : le commandant du yacht anglais Housard, le commandant du croiseur espagnol Cataluna, la suite du Président, le corps consulaire étranger, M. Serres, consul de France, les ministres du bey, la maison civile et militaire du résident, les présidents des assemblées élues et les chefs des différents services et des administrations de la régence.

A la fin du déjeuner, le bey a porté au Président le toast suivant :

Monsieur le Président,
« Je suis heureux de pouvoir vous exprimer aujourd’hui la joie profonde que j’éprouve et que mon peuple ressent en même temps que moi, en recevant sur la terre tunisienne le premier magistrat de la République, l’homme éminent et vénéré qui représente avec tant de dignité la nation protectrice. Vous avez voulu, Monsieur le Président, apporter à la Tunisie un témoignage indiscutable de la sollicitude avec laquelle le Gouvernement de la République française n’a cessé, depuis trente années, de guider et d’appuyer les efforts de la Tunisie vers le progrès et la civilisation.

« Vous allez parcourir la régence et vous avancer vers les régions les plus voisines du désert. En prenant contact avec les populations tunisiennes attachées à leur sol, et unies dans le même amour de leur pays, malgré leurs origines si diverses, vous pourrez sans peine, Monsieur le Président, vous rendre compte des immenses progrès  accomplis depuis l’établissement du protectorat français.

« Trop prudente et trop expérimentée pour songer à brusquer l’évolution de la nation protégée, la France en a entrepris le développement économique et intellectuel par la mise à exécution progressive de réformes mûrement étudiées.

« L’heureux résultat de cette conduite si sage est un éclatant témoignage que tant d’effort et de patience ont été couronnés de succès.

« La famille husseinite s’honore d’avoir étroitement collaboré à cette grande œuvre. Pour ma part, je suis heureux de donner mon concours sans réserves au représentant de la France qui m’est particulièrement cher, et je saisis avec empressement, monsieur le Président, l’occasion qui m’est offerte de renouveler directement au chef de l’Etat français les assurances d’amitié et de loyal concours que je vous ai données lors de mon avènement au trône beylical (16).

Le toast du bey a été lu en arabe par son ministre de la plume (17). M. Alapetite a donné en français connaissance de la traduction du toast beylical. Puis il s’est exprimé en ces termes :

« Monsieur le Président :

« Je suis heureux d’avoir pu vous offrir la traduction et des vœux que vous a adressé S.A. le bey dont la sincérité et la loyauté méritent un solennel hommage de la part du collaborateur que le Gouvernement de la République a bien voulu placer auprès de lui.
« Nous n’avons jamais fait appel en vain à l’esprit éclairé de Son Altesse, à son cœur, ou la bienveillance seule dispute la place à la justice, et elle a suivi ses propres inclinations en nous secondant (18) de son autorité, si haute et si respectée, dans nos efforts pour le progrès matériel et moral de la régence…

La musique a joué la Marseillaise et l’hymne beylical.

M. Fallières consacre l’après-midi du 19 à une promenade dans les environs de Tunis et à la visite d’un certain nombre d’établissements (19).
A trois heures et demie, il monte en automobile et se rend à la Marsa, à une quinzaine de Tunis.

La Marsa, une des résidences du bey, est entourée de verdure et domine la mer ; ses bois d’orangers, de cyprès en font pendant la période estivale un séjour des plus agréables. Le Président parcoure le palais, puis il gagne le petit village arabe de Sidi Bou Saïd, situé sur une hauteur près de Carthage ; sur la route d’accès, il retrouve formant la haie (sic !), un grand nombre d’indigènes, des confréries religieuses qui ont défilé ce matin à Kasser-Saïd ; ils portent avec solennité, comme ce matin, des brûle-parfums, des encensoirs, des mousquetons, des sabres, des lances etc., beaucoup ont également des étendards, qu’ils inclinent devant M. Fallières.

Le Président admire pendant quelques instants la vue splendide que l’on a de ce point de la Méditerranée et le golfe, et poursuivant son excursion, il se dirige vers Carthage.

A l’entrée de la cathédrale, il est reçu par le père Delatre (20), entouré des pères blancs, qui lui fait les honneurs du musée où sont réunies les pièces les plus remarquables.
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De Carthage, le Président reprend le chemin de Tunis ; il fait le tour des remparts, puis il visite successivement  l’hôpital civil, le collège Sadiki, l’hôpital arabe, l’école Jules Ferry, le lycée Carnot et l’exposition d’hygiène (21).

A l’hôpital civil, M. Fallières remet la croix de la légion d’honneur au docteur Braquehaye, chirurgien en chef, et à M. Curtalin, président de la société de bienfaisance.

Au collège indigène Sadiki, Un discours est prononcé par un élève, au nom de ses trois cents camarades, pour remercier la France de ses bienfaits et M. Fallières de sa visite.

M. Fallières remet la rosette de la légion d’honneur à MM. Karoui, archiviste (22) et Dinguezli, caïd de la banlieue (23), et la croix à six professeurs. Il laisse 1,000 Fr. à la Khaldounia, société musulmane d’enseignement.

A l’école secondaire de jeunes filles Jules Ferry (24), un charment compliment est adressé à M. Fallières au nom de ses compagnes par Mlle Alapetite, fille du résident général. Les élèves chantent la Marseillaise.

M. Fallières accorde trois jours de congé ce qui provoque une joie profonde chez les élèves qui reprennent en chœur l’hymne national (25).

Aux élèves garçons du lycée Carnot, M. Fallières octroie la même faveur, ce qui déchaine également le plus vif enthousiasme (26).

Il remet la croix de la légion d’honneur à M. Charlety, directeur de l’enseignement (27).
Enfin, après une visite à l’exposition d’hygiène où il est reçu par M. Letourneur, commissaire général, il termine une après-midi bien remplie (28).

Par Hatem Karoui
Conseiller en exportation

(1) Le Général M’hammed Belkhodja (1869-1942) a  produit et édité successivement la visite en Tunisie d’Armand Fallières  (socialiste). Le livre « Le périple Fallièrien » est paru en 1911, et «Le périple Naceurien», par rapport à Naceur Bey (1855-1922) en 1912 en France. L’Administration Centrale à d’ailleurs veillé à la diffusion dans toute l’Afrique du Nord de ces deux livres rédigés dans un style à la fois simple, et symbolique et pour s’adresser au public cultivé.  La visite de Fallières en Tunisie s’inscrit par ailleurs en marge des préparatifs de l’installation du Protectorat au Maroc. En effet en mars 1991, le sultan Moulay Abd-al-Hafid , menacé par une révolte, demande à la France de lui prêter main forte. En mai, après la visite de Fallières en Tunisie, les troupes françaises occupent Rabat et Meknès. L’Allemagne, inquiète pour ses prétentions sur le Maroc, considère cette occupation comme une violation des accords d’Algésiras et décide de réagir.

(2) De 1906 à 1922.

(3)N° 108  du 11 avril 1911.

(4)Moncef Bey, qui a alors 30 ans.

(5)« Nichan Ed Dem ». Son institution remonte aux environs des années 1840 Normalement, seulement accordé aux  membres de la famille beylicale qui ont vocation au pouvoir en Tunisie  (les princesses en sont exclues). Ils le reçoivent généralement vers l’âge de 11 ans. A l’inverse des autres décorations il ne porte pas le monogramme du bey régnant. Il n’est décerné à titre étranger  qu’à de très hautes personnalités françaises : présidents de la république, ministres et résidents généraux. Le général Giraud, le général de Gaulle et le président Bidault ont reçu cette haute dignité. Le chroniqueur Ahmed Ben Dhiaf mentionne que le bey le conféra au petit-fils de Louis-Philippe, le duc de Montpensier, lors du voyage que ce prince effectua en Tunisie en 1845 et, l’année suivante, à ses frères, le prince de Joinville et le duc d’Aumale qui étaient de passage à Tunis. Le même auteur signale que ce souverain le remit au roi Louis-Philippe au cours de son voyage en 1846. Plus tard, en 1861, le bey Mohamed ESSadok envoya cette décoration à la reine d’Espagne.

(6)Actuellement le Musée du Bardo.

(7)Joseph Florimond Loubat, dit duc de Loubat (1831-1927) est un philanthrope franco-américain, connu pour avoir soutenu plusieurs institutions universitaires et scientifiques en Europe et en particulier en France (La régence, étant un protectorat français, y est assimilée) et aux Etats Unis.

(8)Le mimosa, d’origine surtout australienne a été introduit sur la Côte d'Azur vers 1850 pour décorer les jardins des somptueuses résidences des riches hivernants. Certaines espèces s’acclimatant parfaitement à l’état sauvage ont proliféré en Méditerranée et en Tunisie.

(9)Les courses hippiques à Ksar Saïd avaient commencé au début du siècle dernier, durant le Protectorat. Les paris y étaient organisés et la population fréquentant ces lieux était principalement composée de Français, d’Italiens, de Maltais (chez qui on comptait d’excellents entraîneurs de chevaux) alors que les Arabes y étaient peu nombreux (si on excepte la famille beylicale et les notables). Bien entendu les hippodromes existaient bien avant (du temps des Romains) et les vestiges l’attestent…

(10)    Maurice Camille Bailloud (1847-1921) était un général de division français dont le nom est surtout associé à la 1ère guerre mondiale. Il avait été nommé au poste de commandant du 19ème Corps d’Armée à partir du 21 novembre 1907. Placé dans la section  de réserve en 1912 (pratiquement à la retraite), il avait malgré son âge avancé repris du service durant la seconde guerre pour commander notamment la 156ème division d’infanterie. Lors de sa campagne au Moyen-Orient, ses subordonnés l'avaient familièrement surnommé : Cacaouët.

(11)Haute autorité militaire, son épouse la générale Pistor occupe une position honorifique en étant  présidente des dames de la Croix-Rouge française.

(12)Au mois de janvier 1911, Théophile Delcassé  prend le portefeuille du ministre de la Marine. Il accompagne le Président Fallières lors de son voyage en Tunisie en Avril. Il assistera avec Fallières au déjeuner et le quittera le lendemain matin pour se rendre à Bizerte, qu'il quittera à 4 heures de l'après-midi pour aller à Ajaccio, où il restera quelques jours. Il ira ensuite à Toulon où il attendra le président de la République. Il  doit faire face plus tard à l’incident d’Agadir. Le 1er juillet, une canonnière allemande, la Panther, est envoyée au large du Maroc, pour tenter de s'opposer au coup de force français. Le 4 novembre suivant, un accord de troc entre les deux puissances rivales est signé : l’Allemagne accepte de se désintéresser de l’Afrique du Nord en échange de la concession d’une part importante du Congo, entre le Cameroun et les possessions belges.

(13)Gabriel Alapetite est le Résident général en Tunisie du 7 février 1907 au 26 octobre 1918.

(14)Gustave Ernest Trumelet-Faber (1852-1916). Devenu colonel puis général de brigade, il est affecté en Tunisie et en Algérie où la première guerre mondiale le surprend.

(15)Le Président de la municipalité (maire de Tunis) était Sadok Ghileb (1840-1912). Il avait succédé à Mohamed Asfouri et l’était resté jusqu’à sa mort en 1912. Lui avait succédé à ce poste Mustapha Denguezli (1865-1926) le neveu de Ghileb (pendant trois ans de 1912 à 1915). Denguezli avait été auparavant caïd-gouverneur de la banlieue de Tunis (1900-1912). Mais Proust qui était vice-président était le véritable décisionnaire au niveau de la gestion de la mairie…justifié par le rôle prépondérant des corps des contrôleurs civils qui s’étendait à l’administration locale et régionale. Ce qui explique la prééminence du vice-président français   lors du déjeuner offert par le Président Fallières à la résidence générale.

(16)Naceur Bey succède en 1906 à Hédi Bey qui, en 1904, se dispute avec le résident général Stephen Pichon à propos de la reconduction de son premier ministre Aziz Bouattour et  est frappé d'une congestion cérébrale et d'une paralysie de ses membres inférieurs et passe les deux dernières années de son règne très malade en  décédant dans son palais de Carthage Dermech.

(17)Mohamed Taieb Djellouli (1847-1944). Il débute sa carrière comme caïd de Sousse dans les années 1881. En 1908, il est désigné comme ministre de la Plume   et président des habous sous le règne de Naceur Bey. Il devient finalement grand vizir entre 1915 et 1922.
(18)Le bey reste un second !

(19)Le journal français Le Stéphanois en parle également. (Trente- Huitième Année — N* 111  Vendredi 21 Avril 1911)

http://www.memoireetactualite.org/presse/42STEPHANOIS/PDF/1911/42STEPHAN...)

(20)Alfred Louis Delattre (1850-1932), ecclésiastique et archéologue français, membre des pères blancs. Est devenu  aumônier de l’église Saint-Louis de Carthage. Puis M. Fallières s'est rendu à Sidi-Bou-Saïd et La Marsa qu'il a visités rapidement. Il a répondu aux souhaits de bienvenue qui lui ont été adressés par les autorités.  A la Marsa ville, il a remis la croix de la Légion d'honneur à M. Baldaur, administrateur de la Compagnie de tramways.

(21)Voir Le Stéphanois, précité.

(22)L’Amiralay Karoui avait déjà reçu à ce moment Nichan El Iftikhar de la part de Naceur Bey. Certains historiens tunisiens l’avaient critiqué d’avoir reçu une médaille de la part du Président Fallières mais cela ne signifiait pas qu’il ne  soit pas nationaliste. C’était simplement en reconnaissance de sa compétence.  Dans sa chronique : «  Douce nostalgie Et des hommes (Renouveau du 15 janvier 2000), Mokhtar Ben Zakour dit : « Dans l’euphorie du moment, le Président de la République française Fallières, venu en 1911, en visite officielle en Tunisie, à la lecture de la biographie de Mohamed El Karoui (à qui il avait été proposé pour recevoir une médaille par le résident général Alapetite), qui était formé à l’Ecole Militaire du Bardo, dirigée à l’époque par le Commandant De Taverne, a cru conseiller de surveiller de très près cet homme qui sera demain un pion sur l’échiquier du nationalisme dont il soupçonne l’activité silencieuse.

(23)Mustapha Denguezli qui était en ce moment caïd de la banlieue avait remplacé Sadok Ghileb son oncle maternel au poste de maire de Tunis en 1912.  En 1915, il fit partie du gouvernement de Youssef Djaït comme ministre de la Plume. Il est nommé grand vizir en 1922 avec l’accord du résident général. Menant une politique conciliante avec les autorités du protectorat, il est maintenu à son poste jusqu’à sa mort en 1926. Il figure parmi les ministres inhumés dans le mausolée de Tourbet El Bey. Son frère Béchir devient le premier musulman tunisien à devenir médecin à l’époque moderne.

(24)Créée en 1885 et appelée par décret beylical du 25 avril 1903, école Jules Ferry  et transformée en 1914 en « petit lycée Jules Ferry » en conservant uniquement les classes élémentaires préparant à l’enseignement secondaire des jeunes filles tandis que les classes secondaires constituaient le 1er janvier 1915 le lycée Armand Fallières recrutant exclusivement des filles, actuellement lycée de la rue de Russie. Voir http://books.google.fr/books?id=h0Qsc83oxYcC&pg=PA148&lpg=PA148&dq=%C3%A...

(25)En 1904, l’école comptait ses deux premières  musulmanes inscrites dans les cours secondaires (en externat surveillé) alors que les garçons musulmans pour la même année étaient au nombre de 123 dans l’enseignement secondaire. Les Françaises évidemment constituaient la majorité de l’effectif (plus des trois-quarts), l’autre quart était composé d’Israélites, d’Italiennes, de Maltaises, de quelques élèves de nationalités diverses, et d’un nombre insignifiant de Musulmanes, ne dépassant pas jusqu’en 1914 les trois unités.

(26)Pourquoi ne pas avoir accordé la même faveur aux élèves du collège Sadiki ?!

(27)Sébastien Charlety, professeur à la faculté de Lettres de Lyon avait succédé à Louis Machuel en 1908.

(28)M. Fallières est rentré à la résidence à 7 h. 12. Après quelques minutes de repos, il est remonté en voiture pour aller à Dar el bey, où le bey a donné un diner en son honneur. A l'issue du dîner des toasts ont été prononcés.

H.K.