Faut-il arrêter d'écouter les médias ?

Faut-il arrêter d'écouter les médias ?

Par Naoufel Ben Aissa

Des pays qui se veulent démocratiques, la Tunisie est probablement celui qui a le plus mal géré la liberté d'expression après une ”révolution" qui a dénoué les langues... même fourchues.

Etant donné que ces médias ont une influence sur le peuple, certains d'entre-eux se sont investis de la mission de promouvoir certains "élus véreux", partis et autres intervenants politiques. 

Le défunt Beji Caïd Essebsi et son Nida, à titre d'exemple, en ont été des bénéficiaires... et comment!

Présenté comme un "grand homme d'Etat", une fois président, ce dernier a mis l'Etat à plat! Auteur du slogan "le pays avant les partis", ridicule et obstiné, il a porté préjudice au pays, rien que pour que son fils hérite de son parti aujourd'hui tombé dans l'oubli.

En contrepartie, certains propriétaires de chaînes, des politiques, et des producteurs et animateurs auteurs de délits, ont été rassurés, protégés et même graciés. 

Toujours dans le même contexte, des "experts" de la vingt-cinquième heure, qui ne travaillent plus ou peu, et qui, pour la plupart, sont complètement décorrélés de la réalité, ont servi pour leurrer et endoctriner un électorat naïf et limité. Pour ne pas leur faire de l'ombre et faire entendre le son de cloche voulu, les gens du terrain, les acteurs économiques, les entrepreneurs et les vraies compétences en la matière réellement indépendantes sont écartés de ces émissions commanditées, comme tout le monde le sait.

Dans la crise du Covid et pour éviter la prolifération du maudit virus, notre gouvernement tâtonnant a pris des mesures de prévention disproportionnées. Ainsi, il a paralysé l’économie et provoqué un état de fébrilité sans précédent. Au lieu d'éclairer la population, établir les relations de causalité et expliquer le comment du pourquoi sommes-nous tombés si bas, certains médias, qui ne sont intéressés que par le buzz, laissent la population dans le flou de la diversion comme du temps de l'ex.-président déchu. 

Par ailleurs, certains chroniqueurs partisans ont choisi de courir, chacun à sa manière et selon son goût, derrière une musique. Le comble c'est qu'ils ont toujours à dire sur tous les sujets comme s'ils détenaient la science infuse!

Autre exemple d'un domaine crucial car vital, le système de santé qui ne fonctionne tellement pas correctement qu'il est agonisant depuis belle lurette ! Depuis le début de la crise due au Coronavirus, les télévisions et autres médias s'attardent sur les résultats des taux de personnes testées positives et de mortalité relative au Covid. 

A propos, on découvrira au final que relativement aux autres pays, il n’y a pas eu dans notre pays de "surmortalité", mais là c'est une autre question. Or, d'autres épidémies et fléaux rongent la santé et le quotidien de nos pauvres citoyens.  l'hépatite C, les maladies sexuellement transmissibles, le SIDA, les dépressions nerveuses, les retombées de la consommation de drogues, de la sous-alimentation dans le pays.... et j'en passe. D'ailleurs, la population tunisienne s'alimente de plus en plus mal, et c'est criarde.

N'est-ce pas aux médias qu'incombe le rôle d'informer, de prospecter, de chercher la vérité et de la dévoiler?  En même temps, et à cause du Covid, le gouvernement n'a pas trouvé mieux que de maintenir la population dans une atmosphère anxiogène! Plus tard, la situation sera plus angoissante,  pire que le plus nocif pic de l'actuelle épidémie! 

En même temps, des médias continuent à  cultiver la vulgarité, la grossièreté, la mocheté, l'amateurisme et le n'importe quoi!

En quête d’audience, et au risque d'être liberticides, tous les moyens sont bons pour atteindre des performances d'audimat. Les interviews sont souvent menées de façon biaisée, l’information est déformée pour la rendre anxiogène, les variétés ressemblent à des scènes de vulgaires cabarets, , ... rien que pour être attractifs. En résumé, tout est permis au point de confondre les torchons avec les serviettes et de mélanger les pinceaux!

Ne dites surtout pas que ça n'existe pas qu'en Tunisie et que c'est partout pareil, car chez nous, les piètres médias sans-gêne, sans foi, ni loi, tirent tout un pays vers le bas, et le peuple avec. C'est justement là que le bât blesse!

Heureusement que ce n'est pas le cas de tout le monde. Au moins une lueur d'espoir... Espérons.
 

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