Faut-il craindre la désindustrialisation précoce de l’économie tunisienne ?

Faut-il craindre la désindustrialisation précoce de l’économie tunisienne ?

La Tunisie a fait le choix du développement par l’industrialisation. Elle occupe une place de choix dans le bassin méditerranéen avec un tissu industriel de 5 649 entreprises, employant 10 personnes et plus, dont 45% exportatrices.
La production était dirigée vers l’industrie textile et habillement, l’agroalimentaire et les industries Mécanique & Electrique, ces trois pôles représentaient près de 30% du PIB et concentraient 70% des IDE et 80% des emplois.
L'annonce d'une probable fermeture de la centrale laitière ELBEN INDUSTRIE implantée à Sidi Bouali a mis à nouveau le projecteur sur la capacité de la Tunisie à maintenir et développer son patrimoine industriel dans le contexte économique actuel.
La question de la désindustrialisation précoce de la Tunisie doit être débattue sérieusement, cette tendance risque s’aggraver sous l’impact de la réduction de la consommation et de l’investissement et qui aura des conséquences importantes :
• Ralentissement des gains de productivité et de la croissance potentielle,
• Passage à une économie moins capitalistique,
•Réduction du nombre d’emplois industriels,
•Réduction de la part des produits manufacturés dans les exportations

Des pistes de réflexion pour inverser la tendance

Pour éviter tout dérapage, un modèle industriel tunisien doit être mis en œuvre rapidement avec les différentes parties prenantes de l'industrie et porter sur des leviers de natures différentes mais nécessairement complémentaires et consistant essentiellement à :
- Renouveler la vision stratégique des pouvoirs publics en faveur de l'industrie visant :
• l’ancrage des fondements de la bonne gouvernance,
• l’amélioration du climat des affaires,
• l’approfondissement et l’intégration dans les marchés mondiaux
• la modernisation des infrastructures et de l’offre territoriale
- Mettre en place des nouveaux outils de financement favorables au développement de l'industrie ;
- Revaloriser l'image de l'industrie et développer les formations aux métiers de l'industrie ;
- Mieux inscrire les politiques industrielles dans les régions intérieures par la mise en exergue des potentialités et des richesses de ces régions et assurer le développement inclusif,
Enfin, bien que le résultat de la stratégie industrielle tunisienne soit pas si satisfaisant, il est tout aussi fondamental de rester optimiste quant à l’avenir du pays. Car il ne fait aucun doute que le gouvernement actuel va doter notre pays d'une stratégie industrielle pour inverser la tendance et assurer le décollage de ce secteur vital pour les futures générations.

Mohsen HASSEN (ancien ministre du Commerce)

 

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