Gaza: Près de 100 % de la population vit dans la pauvreté, plus de 1,8 million souffre d'une faim extrême
Près de 100 % de la population de Gaza a été plongée dans la pauvreté, avec une économie en ruine et un chômage « stupéfiant » après plus d’un an de guerre, a indiqué jeudi l’Organisation internationale du travail (OIT).
Selon l’Agence onusienne basée à Genève, cette situation témoigne de la situation désastreuse dans laquelle se trouvent les familles gazaouies qui luttent pour subvenir à leurs besoins essentiels dans l’enclave palestinienne.
Cette guerre continue a ainsi décimé les moyens de subsistance, laissant des centaines de milliers de travailleurs sans revenus et enfonçant encore plus les familles dans la pauvreté, incapables de répondre à leurs besoins les plus élémentaires.
Les chiffres publiés dans le bulletin de l’OIT reflètent l’arrêt de la plupart des activités économiques à Gaza en raison de la destruction des habitations et des infrastructures, et du déplacement récurrent des travailleurs et des employeurs.
Contraction économique significative en Cisjordanie
Cette situation a conduit soit à une cessation totale du travail dans l’enclave, soit à une prédominance du travail informel et irrégulier, principalement axé sur la fourniture de biens et de services essentiels.
Parallèlement, la contraction économique significative en Cisjordanie devrait avoir plus que doublé le taux de pauvreté à court terme, passant de 12 % en 2023 à 28 % à la mi-2024.
Dans cette partie des Territoires occupés, les barrières israéliennes à la circulation des personnes et des biens, associées à des restrictions commerciales plus larges et à des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, ont gravement affecté l’économie.
La fermeture du marché du travail israélien aux travailleurs palestiniens a encore davantage mis à mal les moyens de subsistance.
Le chômage atteint presque les 80 % alors que le PIB se contracte de près de 85 % à Gaza
D’une manière générale, le rapport de l’OIT note qu’une année de guerre à Gaza a causé des ravages sans précédent et de grande ampleur sur le marché du travail et l’économie au sens large dans le Territoire Palestinien Occupé (TPO), notamment à Gaza où le chômage atteint presque les 80 % et le PIB se contracte de près de 85 %.
« L’impact de la guerre dans la bande de Gaza est allé bien au-delà des pertes en vies humaines, des conditions humanitaires désespérées et des destructions physiques », a déclaré Ruba Jaradat, Directrice régionale de l’OIT pour les Etats arabes.
En Cisjordanie, le taux de chômage s’est élevé en moyenne à 34,9 % entre début octobre 2023 et fin septembre 2024. Au total, le taux de chômage dans les deux zones qui composent le TPO, a atteint une moyenne de 51,1 % au cours des 12 derniers mois.
L’impact se fera sentir pour les générations à venir
Le bilan économique de la guerre a été également très lourd, le PIB réel ayant diminué dans le TPO de 32,2 % en moyenne au cours de l’année écoulée. La Cisjordanie a connu une contraction de 21,7 % par rapport aux 12 mois précédents, tandis que le PIB de la bande de Gaza a chuté de 84,7 %.
Selon l’OIT, cette contraction du PIB réel est sans précédent dans l’histoire récente du TPO. Même au cours de la récession économique la plus grave, lors du deuxième soulèvement palestinien contre l’occupation israélienne en 2001, le PIB réel a chuté de 14,9 %, soit moins de la moitié de l’ampleur de la baisse actuelle, explique le bulletin.
« Le Conflit a fondamentalement modifié le paysage socio-économique de Gaza, tout en affectant gravement l’économie et le marché du travail de la Cisjordanie. L’impact se fera sentir pour les générations à venir », a ajouté Mme Jaradat.
Alors que la guerre entre dans sa deuxième année, les tensions économiques continuent de s’aggraver dans le TPO, souligne le bulletin, conduisant à une escalade encore plus dramatique des difficultés.
Sombres réalités de la faim, du déplacement, de la pauvreté et de la mort
Alors que la guerre entre dans sa deuxième année, « la vie et l’avenir d’innombrables Palestiniens ont été dramatiquement brisés, des communautés entières subissant de graves difficultés ».
« Aujourd’hui, de plus en plus de personnes sont confrontées aux sombres réalités de la faim, du déplacement, de l’aggravation de la pauvreté et de la mort », note l’OIT.
Alors qu’une aide humanitaire immédiate, bien que limitée, est fournie, des efforts de redressement plus larges et efficaces nécessitent une cessation urgente et complète de la guerre dans le TPO. Sans la fin de la violence, il ne peut y avoir de base pour faire face à l’escalade de la crise économique et du marché du travail, pour restaurer les services essentiels ou pour entamer un redressement à long terme, conformément au lien entre l’aide humanitaire, le développement et la paix, avertit l’Agence onusienne.
Une fois la paix rétablie, l’OIT estime qu’il est essentiel d’adopter une approche visant à « mieux construire l’avenir ». Une telle approche permet non seulement « de réparer les dégâts, mais aussi de favoriser la résilience et de promouvoir un développement durable et inclusif à long terme ».
La campagne contre la polio se déplace vendredi dans le sud de Gaza
Par ailleurs, la campagne contre la polio, avec la deuxième dose de vaccin, s’est achevée hier mercredi dans le centre de Gaza avec 181.429 enfants vaccinés. Selon l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS), plus de 148.000 enfants ont également reçu des suppléments de vitamine A.
Huit centres de santé de la région continueront à fournir des vaccins contre la polio aux familles qui n’ont pas réussi à faire vacciner leurs enfants au cours des trois derniers jours. Les agences onusiennes rappellent que 640.000 enfants de moins de 10 ans ont besoin de ce vaccin essentiel dans l’enclave palestinienne.
L’OMS et ses partenaires continuent de planifier et de transporter des vaccins et d’autres fournitures pour la deuxième dose de vaccin dans le sud de Gaza, qui devrait commencer demain vendredi. « Nous demandons que les pauses humanitaires soient respectées, afin que tous les enfants puissent être protégés. Nous appelons à un cessez-le-feu et à la paix », a une nouvelle fois appelé sur le réseau social X, le DG de l’OMS, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Votre commentaire