Grève des transports: Les syndicalistes ont-ils perdu le nord ?
Une horde de citoyens désemparés ne sachant plus à quel saint se vouer, des scènes de course pour héler les rares taxis vides, des étudiants presque en larmes, des travailleurs marchant des kilomètres pour se rendre au boulot, des citoyens en colère lâchant de gros mots et autres noms d'oiseaux...c'est le triste et insupportable spectacle qui régnait ce matin dans les grandes artères de Tunis. Un spectacle que les syndicats nous ont désormais habitués depuis un certain temps.
Quatre ans presque après la révolution, les grèves sauvages (mêlées à l'indiscipline et l'incivisme), que l'on croyait reléguées aux calendes grecques ne sont désormais pas près de s'arrêter. Et la plus têtue d'entre elles reste sans doute celle du syndicat des transports qui ne se gêne plus à prendre toute une ville en otage.
Sinon comment expliquer que les syndicalistes d'une société comme la Transtu ou de la societe régionnale de transport de Sfax se permettent au nom de la révolution et de la liberté, de fouler au pied les règles les plus élémentaires du syndicalisme.
Ainsi chauffeurs, contrôleurs et receveurs de la société des Transports et de la société régionnale de transport de Sfax, à cause d'une prime non programmée, ne se sont nullement gênés à observer encore, comme à l'accoutumée, une grève sans préavis causant une paralysie générale dans toute la capitale, ainsi qu'à Sfax. Paralysie qui a de grandes répercussions sur l'économie du pays.
Plus grave, certains grévistes se sont même acharnés sur la Centrale syndicale la taxant de ne pas défendre leurs intérêts. Quel culot ! Quel esprit patriotique ! Et dire qu'ils jouent avec l'avenir de centaines de milliers d'étudiants qui ratent leurs examens pour des revendications salariales égoïstes.
C'est à croire que ces travailleurs irresponsables n'ont encore rien compris à la situation qui prévaut dans notre pays. Au lieu de faire des sacrifices pour leur pays, se serrer les coudes pour le tirer de cette situation difficile, ces travailleurs saisissent le plus mauvais moment pour réclamer primes et autres augmentations salariales, oubliant les centaines de milliers de chômeurs et de travailleurs précaires qui tirent le diable par la queue pour survivre au jour le jour.
Ces grevistes devraient avoir un peu de décence et arrêter ces réclamations et autres revendications insensées et même utopiques, étant donné l'inflation qui menace notre économie.
S'il est vrai que partout dans le monde, le rôle du syndicat consiste à défendre les intérêts des salariés, il ne faut pas que cela se fasse au détriment de la nation. Acteurs du dialogue social entre l’Etat, les employeurs et les salariés, les syndicats peuvent légitimement engager des actions de protestation (grèves, manifestations, pétitions…) quand les droits des salariés sont foulés au pied. Seulement voilà, en Tunisie, les choses ne se passent pas toujours ainsi. Et c'est bien dommage.
Il est insensé et même criminel qu'à l'heure actuelle où l'économie du pays est au ras des pâquerettes et au moment où l'on cherche à sortir la tête hors de l'eau boueuse, certains syndicats se permettent d'organiser des grèves qui ne seraient que contre-productives tant la plupart des revendications sont irréfléchies en l'état actuel des choses.
Le gouvernement doit taper du poing sur la table pour arrêter cette pagaille qui va crescendo et punir de la façon la plus sévère ces écervelés, ces irresponables qui ne pensent qu'à leur intérêt personnel au détriment de l'intérêt général ! Si les syndicats sont en droit de manifester leur désapprobation, il y a quand même des limites et des lignes rouges à ne pas dépasser !
O.D.