Il était une fois une bouteille de « Zit el hakem » à Hay el Intilaka
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Le président de la République Kaïs Saïed ne fait rien comme les autres. Pour le réveillon du jour de l’An, les hauts responsables ont l’habitude de passer cette soirée dans des obligations de bon samaritain, en rendant visite à des malades, des enfants dans la plupart des cas, ou en partageant un gâteau de la nouvelle année avec des militaires ou des sécuritaires contraints d’être de service pour protéger leurs compatriotes.
Saïed lui a choisi un quartier tout proche de chez lui parce qu’il s’appelle Hay el-Intilaka que l’on pourrait traduire par « Quartier du Rebond », le bien nommé. Et il a tenu à le faire savoir au cours d’une conversation avec un compagnon de promenade ou un simple badaud qui lui a parlé de décollage (Iklaa) vite repris par le président qui tenait à sa trouvaille.
Mais ce qui s’est passé selon la vidéo diffusée par la présidence de la République est à peine croyable. En cette heure tardive non seulement Saïed a trouvé une épicerie ouverte, mais il a pu acheter une bouteille d’huile végétale la fameuse Zit al-Hakem dont les Tunisiens ont oublié la couleur.
On peut aisément imaginer la conversation entre le président de la République et le courageux épicier :
Saïed : C’est bien mon bon ami que vous soyez encore ouvert à cette heure ; ma femme m’a demandé de lui rapporter une bouteille d’huile, celle que le bon peuple appelle zit el hakem. Vous avez bien ça ?
L’épicier : Bien sûr monsieur, ici on n’en a jamais manqué, voilà votre bouteille, Avec mes compliments à Madame votre épouse.
Et comme par hasard, la caméra qui accompagne le président dans cette promenade impromptue se braque aussitôt sur un cageot de bouteilles rutilantes de propreté parmi lesquelles l’épicier choisit une unité qui la remet au président l’air satisfait.
On ne voit pas ce dernier payer l’épicier mais qu’importe l’essentiel n’est pas là. Ce qui l’est c’est que l’huile soit disponible, de quoi faire un pied de nez à ceux qui affirment le contraire.
Mais le geste ne convainc personne. L’huile végétale subventionnée dont Kaïs Saïed a obtenu une bouteille et en plus rutilante de propreté avec une facilité déconcertante, les Tunisiens n’en ont pas vu la couleur depuis plusieurs mois et ce n’est pas sans avoir fait le tour des épiceries, et autres boutiques de leur quartier et des quartiers proches et lointains.
Cette histoire de bouteille d’huile est si invraisemblable qu’elle a fait l’objet des moqueries des Tunisiens qui n’en sont pas en manque. Puisque les pénuries de produits divers et variés commencent à leur peser.
Alors le rebond ou le décollage annoncé et espéré risque de n’être qu’à l’image de cette bouteille d’huile introuvable, un mirage ou tout du moins une chimère.
RBR
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