Il y a 47 ans disparaissait le Cheikh Mohamed Fadhel Ben Achour, un homme aux multiples facettes.
Il y a quarante sept ans, le 20 avril 1970 nous quittait un homme de valeur aux multiples facettes. Théologien éminent, Uléma d’une inestimable valeur, mais aussi une référence dans la langue arabe, un intellectuel hors pair et surtout un grand patriote dans une phase clé de l’histoire de la Tunisie et ce que beaucoup oublient un syndicaliste puisqu’il avait été un des fondateurs et le premier président de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).
Le Cheikh Mohamed Fadhel Ben Achour était tout cela en même temps en plus d’être un homme d’une exquise compagnie. Son érudition ne l’a pas empêché d’être en plus de la maitrise d’un arabe châtié, un parfait bilingue. Né le 16 octobre 1909, d’une lignée de lettrés, de magistrats et de hauts fonctionnaires de la haute bourgeoisie tunisoise, son père n’était autre que le Cheikh Mohamed Tahar Ben Achour, un des plus éminents exégètes du Coran à qui on dit « Attahrir Wa Attanwir ».
Confié à des percepteurs, le petit Mohamed Fadhel commence à apprendre le Coran et la langue arabe dès l'âge de trois ans. Il apprend également le français à l'âge de neuf ans. Il fait son entrée en1922 à la Zitouna où il est directement inscrit en deuxième année. En 1928, il obtient le premier diplôme zeitounien de fin d’études secondaires, alors appelé Tatwii. En 1931, il s’inscrit à la faculté des lettres d’Alger en tant qu'auditeur libre. Il gravit ensuite rapidement les différents grades des enseignants zeitouniens. Suite à une fatwa qu’il publie à la même époque que Tahar Haddad, fruit d’un ijtihad personnel Habib Bourguiba le remarque et écrit à Salah Ben Youssef que pour lui Fadhel Ben Achour est « la seule tête pensante et agissante » du »clan religieux » en Tunisie selon ses propres termes.
A 35 ans à peine, il préside la prestigieuse association de la Khaldounia , le fief de tout ce que le pays compte comme laïcs réformateurs et Ulémas éclairés. Dès lors, il va donner la pleine mesure de ses multiples talents: fondateur de l’Ecole Supérieure de Droit qui permettra à la Tunisie d’arabiser sa justice dès 1956 et de l’Institut des Etudes Islamiques, organisateur du congrès de la culture islamique Le Cheikh Fadhel Ben Achour est aussi un homme d’action et un fin politique.
A quelques années d’intervalle, il fonde la jeunesse zitounienne et l’Union Générale Tunisienne du Travail. C’est lui qui va présider aux côtés du leader syndicaliste Farhat Hached, le congrès de la fondation le 20 janvier 1946. Il est élu premier président de la centrale syndicale. Il reste dans ses fonctions deux ans. Successivement mufti malékite en 1953 puis Cadi auprès du tribunal du Charaa en 1956, il entre à l'indépendance dans la magistrature au nouveau poste de président puis de premier président de chambre à la Cour de cassation.
En 1962, il est nommé par le président Bourguiba comme premier Mufti de la République, poste qu'il occupe jusqu'à sa mort, alors qu'en 1961, il devient doyen de la faculté de la charia et de théologie, nouvelle dénomination de l’Université Zitouna. Il est l'un des seuls tunisiens religieux qui ait défendu les dispositions du Code du Statut personnel (CSP) car elles constituent des interprétations éventuelles de l’islam. Il définit le CSP comme étant « un impératif des temps modernes […] mais toujours conforme aux textes fondateurs de l'islam ».
La Tunisie célèbre en décembre 2009 le centenaire du Cheikh Mohamed Fadhel Ben Achour en organisant des conférences et des séminaires pour retracer sa vie d'homme de culture et de militant de la cause nationale. Un livre de référence, intitulé Le cheikh Mohamed Fadhel Ben Achour : homme de pensée, d'action et de réforme (الشيخ محمد الفاضل ابن عاشور. رجل الفكر والعمل والإصلاح) est publié à cette occasion par Abou Zayan Essaadi aux éditions Al Horria.
Le Cheikh Mohamed Fadhel Ben Achour s’est marié en 1938 avec Sabiha Djaïet, la fille du Cheikh Mohamed Abdelaziz Djaïet. Le couple a six enfants. Les deux garçons sont , Yadh et Rafaa deux éminents juristes. Le premier a présidé l’Instance de réalisation des objectifs de la révolution et de la transition démocratique. Le second a été ministre conseiller du Premier ministre de transition Béji Caïd Essebsi. Il a eu également quatre filles : Hela (professeur de philosophie), Raoudha, Rabaâ (universitaire) et Sana (universitaire et juriste).
RBR
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