Interdiction de la manifestation pro-Palestine à Paris : la France officielle se discrédite
Une manifestation de soutien au peuple palestinien prévue ce samedi après-midi dans les rues de Paris pour dénoncer la guerre menée par l'Etat sioniste contre la population civile dans la Bande de Gazaa été interdite . Cette interdiction est évidemment anticonstitutionnelle car le droit de manifester est inscrit dans le marbre dans la patrie des droits de l’Homme.
Le ministre de l’Intérieur Gerald Darmanin justifie l’interdiction par le souci de sauvegarder l’ordre public ainsi que l’attachement de ne pas exporter un conflit externe dans l’Hexagone. Deux arguments qui ne tiennent pas puisqu’ils ont été contreproductifs.
Ainsi, il a constaté que les manifestations du même ordre organisées dans d’autres villes françaises, à Marseille, à Strasbourg, Bordeaux, Nantes,à Lyon ou à Montpellier (photo) se sont déroulées dans le calme et se sont dispersées en bon heurt, alors que dans la capitale, malgré une présence policière massive puisque 4200 agents de police et gendarmes ont été mobilisés, l’interdiction n’a pas empêché des affrontements avec quelques centaines de manifestants. Ceci aurait pu éviter, n’eut été cette décision inique.
Quant au fait d’exporter un conflit externe, il ne tient pas non plus, car les causes justes, et celle des Palestiniens en est une, mérite qu’on la défende car elle concerne l’humanité toute entière. La France qui a vu naître la Déclaration universelle des Droits de l’Homme ne peut qu’être sensible aux motivations de ceux qui ont appelé à cette manifestation. D’ailleurs des protestations de cette nature se sont tenues dans plusieurs métropoles européennes et américaines sans qu’elles ne soient interdites.
La France qui compte une importante communauté arabe ne peut qu’être plus réceptive aux motivations ayant donné lieu à la manifestation interdite mais qui s’est tenue quand même avec des heurts en prime.
Ce qui est encore à souligner que pendant plusieurs semaines des manifestations ont eu lieu à Paris et dans les grandes villes françaises de ce qu’on a appelé les gilets jaunes et au cours desquelles des débordements de grande violence ont été enregistrés. Mais cela n’a pas entraîné une interdiction alors qu’il s’agit d’atteinte grave à l’ordre public.
L’interdiction de la manifestation pro-palestinienne à Paris ne peut être qu’un parti-pris contre une cause arabe alors que celle des Palestiniens est essentiellement humaine. Il faut maintenant s’attendre à ce que les autorités françaises autorisent une manifestation pro-israélienne qui ne va pas tarder à être organisé. Si c’est le cas ce sera une discrimination, une de plus en faveur de ce « peuple sûr de lui et dominateur » dénoncé par le Général de Gaulle au lendemain de la guerre des six-jours en juin 1967.
Ce fut un temps où la France avait une « politique arabe » inaugurée par le fondateur de la Vème République. Même François Mitterrand qui se présentait comme un « grand ami d’Israël » a été le premier à reconnaitre l’OLP dirigée par Yasser Arafat comme le représentant légitime du peuple palestinien, sans oublier Jacques Chirac dont on se rappelle ses propos durs contre la sécurité israélienne alors qu’il se promenait dans les rues de la vieille ville arabe d’Al-Qods.
En décidant cette interdiction, le ministre de l’Intérieur et derrière lui le président Emmanuel Macron donne une mauvaise image de la France. La patrie des droits de l’Homme se discrédite et se désavoue.
C’est dommage.
RBR
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