Journée internationale de la femme: l’heure est venue
La Tunisie célèbre non pas une, mais deux fois ses femmes dans l’année: le 8 mars, la Journée Internationale des Droits de la Femme et le 13 août, à l’échelle nationale pour célébrer le Code du statut personnel (CSP) qui visait à l’instauration de l’égalité entre l’homme et la femme dans nombre de domaines. Le CSP donne à la femme tunisienne une place inédite dans la société tunisienne et dans le monde arabe en général, abolissant notamment la polygamie, créant une procédure judiciaire pour le divorce et n’autorisant le mariage que sous consentement mutuel des deux époux.
Historique de la Journée Internationale des Droits de la Femme (JIF)
L’origine de cette journée s’ancre dans les luttes ouvrières et les nombreuses manifestations de femmes réclamant le droit de vote, de meilleures conditions de travail et l’égalité entre les hommes et les femmes, qui agitèrent l’Europe et les USA.
Cette date correspond, en fait, à une grève des travailleuses de l'industrie textile à New York qui, le 8 mars 1857, ont cessé le travail pour protester contre leurs maigres salaires et leurs mauvaises conditions de travail.
Ce n'est qu'en 1977 que les Nations unies officialisent la journée, invitant tous les pays de la planète à célébrer une journée en faveur des droits des femmes. La « Journée internationale pour les droits des femmes » fait ainsi partie des 87 journées internationales reconnues ou introduites par l'ONU. C'est une journée de manifestations à travers le monde : l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes dans la société et de revendiquer plus d'égalité. Traditionnellement, les groupes et associations de femmes militantes préparent des manifestations partout dans le monde, pour faire aboutir leurs revendications, améliorer la condition féminine, fêter les victoires et les avancées.
Le Thème de la journée 2018
Cette année, les Nations unies ont choisi de célébrer la Journée sous le thème : « L’heure est venue : les activistes rurales et urbaines transforment la vie des femmes ». La Journée s’inscrit dans le fil d’un mouvement mondial sans précédent en faveur des droits des femmes, de l’égalité et de la justice. Le harcèlement sexuel, la violence et la discrimination à l’encontre des femmes ont fait la une des médias et ont fortement suscité un débat public stimulé par une détermination affirmée à instaurer un changement.
La Journée internationale des femmes attirera également l’attention sur les droits et l’activisme des femmes rurales, qui représentent plus d’un quart de la population mondiale et une majorité des femmes travaillant dans le secteur agricole, dont la proportion dans la main-d’œuvre agricole mondiale est de 43 pour cent. Elles labourent les terres et plantent les semences pour nourrir leur pays, assurent la sécurité alimentaire de leurs communautés et renforcent les capacités de résilience face au changement climatique. Et pourtant, à l’aune de presque toute mesure du développement, du fait des inégalités profondément ancrées entre les hommes et les femmes et de la discrimination, les femmes rurales sont moins bien loties que les hommes ruraux ou les femmes urbaines. Par exemple l’écart salarial mondial entre hommes et femmes s’élève à 23 pour cent, dans les zones rurales, ce taux peut atteindre 40 pour cent. Elles manquent d’infrastructures et de services, d’emplois décents et de protection sociale, et sont plus vulnérables aux effets du changement climatique.
La Femme Tunisienne aux premières loges des combats nationaux
Présentes aux premières loges lors du combat pour l’indépendance, dans la construction de la Tunisie moderne et lors de la Révolution, les femmes tunisiennes redoutent la remise en cause de leur statut par les obscurantistes qui veulent la renvoyer au foyer et à la soumission. Le 8 mars sera encore une fois l’occasion de faire entendre sa voix. Mais au-delà de ce symbole, il s’agit d’un message adressé à tous ceux qui doutent encore aussi bien de la volonté de la femme tunisienne que de ses capacités à affronter tous les défis actuels et à venir. La femme doit plus que jamais être considérée comme un acteur politique économique et social à part entière, ayant les mêmes droits et les mêmes devoirs que l’homme.
2017 une année fertiles aux droits de la femme Tunisienne
Une loi « historique et pionnière contre les violences faites aux femmes votée le mercredi 26 juillet 2017 par l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) renforce la protection des femmes victimes de violences et abolit des dispositions rétrogrades, comme la possibilité pour un violeur d'épouser sa victime.
L’Autorisation du mariage avec un non musulman avec le retrait de la fameuse circulaire de 1973 empêchant le mariage des Tunisiennes musulmanes avec des non-musulmans.
La parité hommes-femmes pour les élections municipales : Après 5 années de bataille et l’inscription de la parité dans la nouvelle constitution, le 14 juin 2016 ce principe a été adopté par l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Le principe de parité horizontale sera appliqué lors des prochaines élections municipales, qui devraient se tenir en Tunisie le 6 mai 2018.
Les attentes pour 2018 : L’égalité dans l’héritage
Le 13 août 2017, en parlant d'égalité dans l’héritage, le président Béji Caïd Essebsi a déclaré qu'elle concerne avant tout l'héritage. « Il ne faut pas croire que ceci va à l’encontre de la religion. Notre constitution est celle d’un état civil. Cette égalité n’est pas une affaire religieuse mais qui concerne les hommes».
Une Commission législative a été annoncée, destinée à élaborer un rapport sur la question des libertés individuelles et de l’égalité homme/femme en Tunisie. Ce comité est présidé par la députée Bochra Bel Haj Hmida, féministe progressiste et ex-présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates. Lors de l’élaboration de son rapport, la Commission a veillé à favoriser l’adéquation du système juridique inhérent aux libertés individuelles et à l’égalité avec la Constitution de 2014 et les conventions internationales y afférentes. La Commission a décidé de reporter, au mois de juin prochain, la remise au président de la République, Béji Caïd Essebsi, du rapport final relatif aux réformes liées aux libertés individuelles et de l’égalité ce en considération des nouvelles données dont le report de la date des élections municipales au 06 mai prochain.
Distribuer équitablement un héritage, revient tout simplement à respecter la constitution qui met à la disposition de l’état une obligation positive de protéger, promouvoir et améliorer les droits et les acquis de la femme en garantissant les mêmes droits à tous les citoyens dans le cadre d’un état civil.
Ban Ki-moon, l’ancien Secrétaire général de l’ONU disait « Les pays ayant plus d'égalité des sexes ont une meilleure croissance économique. Les entreprises avec plus de femmes leaders se comportent mieux. Les accords de paix qui incluent les femmes sont plus durables. Les parlements avec plus de femmes adoptent davantage de législation sur des questions sociales clés telles que la santé, l'éducation, la lutte contre la discrimination et la pension alimentaire pour enfants. La preuve est claire: l'égalité pour les femmes signifie le progrès pour tous. » La femme est le meilleur de l’Homme, l’avenir du pays et son combat pour l’égalité des droits et des devoirs est plus que légitime et doit être soutenu massivement par tous les progressistes qui vivent leur temps.
A.K
Votre commentaire