Kais Saied au journal le Monde : « La Tunisie a payé cher cette guerre en Libye ».

Kais Saied au journal le Monde : « La Tunisie a payé cher cette guerre en Libye ».

Le journal le Monde a publié dans sa livraison de jeudi 25 Juin 2020, un entretien avec président de la république Kais Saied qui vient d’effectuer une visite de travail et d’amitié en France les 22 et 23 Juin courant.  Pour lui « La Tunisie a payé cher cette guerre en Libye ». Il met en garde contre une partition de la Libye sous l’effet des ingérences étrangères.

Le chef de l’Etat considère que la motion parlementaire demandant à la France de de présenter des excuses pour les crimes commis « pendant et après la colonisation » relève de « règlements de comptes. Pas entre la France et la Tunisie, mais entre certains partis politiques. Bien sûr, en France ou en Tunisie, nul n’oublie les atrocités, les guerres, les crimes du passé. Mais au lieu de retourner à l’histoire, construisons ensemble une histoire nouvelle. On peut résoudre ces problèmes autrement que par des excuses solennelles, par exemple à travers des aides, une coopération économique, médicale… »

Pour ce qui du conflit libyen, il rappelle la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, qui représente la légalité internationale, mais elle ne peut pas être perpétuelle. Il y a aussi les interventions étrangères, et le conflit libyen a fini par devenir international, alors que c’est un problème national. Lorsque les mercenaires russes sont entrés en Libye, c’est devenu un problème entre deux empires : américain et russe. Les règles du jeu ont changé.

 J’ai proposé un certain nombre de solutions. Comme réunir les chefs de tribu, en vue de rédiger une Constitution provisoire permettant d’organiser les pouvoirs publics ; puis de préparer une nouvelle Constitution admise par tous les Libyens. Mais j’insiste sur un point : la Tunisie n’acceptera jamais une partition de la Libye. Cela pourrait être le préalable à une partition aussi des Etats voisins.

 La Tunisie a payé cher cette guerre qui n’en finit pas : sur le plan financier, sécuritaire et même au sein de sa classe politique. Comme si le problème libyen était tuniso­-tunisien, les uns soutiennent le camp de l’est, les autres celui de l’ouest. Ce qu’il faut, c’est coordonner les positions de l’Algérie et de la Tunisie pour permettre aux Libyens de trouver leur solution ».

Il a réitéré son projet de « renversement de la pyramide du pouvoir du bas vers le haut – élections locales et révocabilité des élus ». « J’engagerai cette réforme, même si je ne dispose pas des forces suffisantes à l’Assemblée, car il faut les deux tiers des députés. C’est le cours de l’histoire. La Tunisie a besoin d’une nouvelle Constitution, d’une philosophie politique autre que celle qui prévaut depuis plus de soixante ans. Lorsque tous les Tunisiens seront conscients qu’il faut changer le cours de l’histoire, alors on trouvera les moyens politiques, juridiques ».

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