La faim dans le monde, une "catastrophe annoncée" d'ici 2050
Avec la famine qui règne et qui tue dans les pays de la corne de l'Afrique, le monde découvre cette réalité qui date depuis longtemps.
Pour nourrir les neuf milliards d'habitants de la planète en 2050, une réforme majeure du système alimentaire mondial s'impose alors que les récoltes de certaines régions sont menacées par le réchauffement climatique.
Si rien n'est fait, le prix de certaines denrées alimentaires comme le maïs aura plus que doublé d'ici 2030, frappant en premier les plus pauvres qui dépensent déjà jusqu'à 80% de leurs revenus pour se nourrir. Le système alimentaire ploie sous l'intense pression du changement climatique, de la dégradation écologique, de la croissance démographique, de la hausse des prix de l'énergie, de l'augmentation de la demande de viande et de produits laitiers, de la concurrence pour l'obtention de terres pour produire des biocarburants, de l'industrialisation et de l'urbanisation et la spéculation financière sur l'alimentaire.
900 millions d’affamés
Alors que plus de 900 millions de personnes sur une population mondiale de 6,9 milliards souffrent déjà de la faim aujourd'hui, le nombre des victimes pourrait s'accroître rapidement lorsque la "catastrophe annoncée" aura frappé d'ici 2050 avec un bond prévu de 70% de la demande de produits alimentaires.
Notre capacité à augmenter la production alimentaire est en déclin et le taux moyen de croissance des rendements agricoles a diminué de près de moitié depuis 1990 et devrait continuer à diminuer pour atteindre moins de 1% dans la prochaine décennie.
Les récentes périodes de sécheresses et autres incidents climatiques dans le monde laissent augurer d'une baisse de la production céréalière et donc d'une nouvelle hausse des prix agricoles.
La réforme du système alimentaire doit passer par davantage d'investissements dans l'agriculture paysanne et familiale, la valorisation des ressources naturelles, un meilleur accès aux marchés pour les petits exploitants, la lutte contre le gaspillage, d'eau notamment, et l'arrêt des subventions à la production de bio-carburants dans les pays riches.
Il faut aussi réclamer l'arrêt de la domination de quelques grandes multinationales sur le marché des matières premières agricoles et des semences.
Prenant l'exemple de l'Inde, la croissance économique y a plus que doublé entre 1990 et 2005 mais que le nombre de personnes souffrant de la faim a augmenté de 65 millions. En effet, les populations pauvres en milieu rural restent exclues du développement économique.
Peut-on parler de sécurité alimentaire en Tunisie dans un contexte mondial où prévaut « la croissance de la famine » ?
Klai Abdessatar