La guerre de Gaza : triomphe ou tragédie ?

La guerre de Gaza : triomphe ou tragédie ?

Par Aymen Wafi

Un cessez-le-feu à Gaza est entré en vigueur dimanche. Cet accord, tant attendu par le peuple de Gaza et soutenu par la résistance, notamment par le mouvement Hamas, est le fruit d’efforts acharnés déployés depuis le 8 octobre, deuxième jour de l’opération « Tempête d'Al-Aqsa », sous la direction de l'État du Qatar.

L'accord représente une victoire diplomatique, mais également une victoire symbolique, car il incarne une forme de résistance face à une guerre dévastatrice et sans fin. Malgré l’obstination israélienne, qui a prolongé cette guerre pendant 15 mois de destruction, de déplacements forcés et de siège étouffant, l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche a joué un rôle clé en relançant les négociations.

Cet essor diplomatique a abouti à un accord en trois phases, dont la première a débuté dimanche. Cet accord est d’autant plus crucial dans un contexte où les espoirs de paix semblent toujours aussi fragiles. Il prévoit un retrait progressif des forces israéliennes, qui ont payé un lourd tribut en pertes humaines et matérielles, vers une zone tampon, un échange d’Israéliens contre un certain nombre de prisonniers palestiniens, et l'entrée massive d'aide humanitaire, désormais plus urgente que jamais, selon les organisations d’aide internationales.

L’histoire de cette guerre a commencé le 7 octobre 2023, lorsque des groupes de résistance ont attaqué les colonies israéliennes entourant Gaza, capturant plusieurs Israéliens et en tuant d’autres. Ce fut alors le début d’une guerre israélienne dévastatrice, dirigée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui entendait récupérer les prisonniers par la force.

Malgré les avertissements d'Abu Obeida, porte-parole des Brigades Izz ad-Din al-Qassam, branche militaire du Hamas, l'armée israélienne a poursuivi son offensive implacable, réduisant des infrastructures en cendres, tuant des enfants, des femmes et des personnes âgées, détruisant des maisons et des quartiers entiers.

Les scènes de violence insoutenables ont provoqué une vague de révolte à l'échelle mondiale, incitant des manifestations et des affrontements dans des pays comme le Liban, le Yémen et l’Irak, menaçant de déclencher une guerre régionale impliquant Israël et l’Iran. Pendant que les combats s’intensifiaient, le Qatar, cherchant à jouer un rôle de médiateur, a ouvert des canaux diplomatiques pour inciter les deux parties à s’asseoir à la table des négociations.

Ces efforts ont permis en novembre 2023 un premier échange de prisonniers, mais la guerre a continué. Toutefois, les efforts du Qatar, soutenus par l’Égypte et les États-Unis, n’ont jamais faibli. En mai 2024, l'ex-président américain Joe Biden a proposé une initiative que le Hamas a acceptée, mais Israël a rejeté, intensifiant ainsi ses attaques brutales contre les civils, tuant et déplaçant des milliers de personnes.

L’acharnement des diplomates qataris a continué sans relâche, culminant avec l’annonce d’un cessez-le-feu à Doha, le 15 janvier 2025. Cette annonce, tant attendue, marque le début d’une nouvelle phase, à la fois de reconstruction et d’espoir. Cet accord a été accueilli avec une immense joie à travers le monde, insufflant un sentiment d'espoir et de solidarité à des millions de personnes.

Pourtant, une question demeure : Gaza a-t-elle triomphé ? De nombreuses voix s’élèvent pour affirmer que Gaza a remporté une victoire symbolique, car Israël n’a pas atteint ses objectifs primordiaux de la guerre. Les plans israéliens visant à éradiquer le Hamas, à récupérer ses prisonniers et à déplacer les habitants ont échoué.

Selon cette perspective, le Hamas demeure en place, les habitants sont restés chez eux et les prisonniers libérés dans le cadre d’un accord d’échange. De plus, la cause palestinienne, longtemps reléguée au second plan, a retrouvé une place centrale sur la scène internationale, notamment après que 147 des 193 pays membres de l’ONU ont reconnu la Palestine comme un membre à part entière en mai 2024.

Ce geste a été un signal fort de soutien à la Palestine et un coup porté aux aspirations israéliennes de supprimer la voix palestinienne dans les forums mondiaux. Des centaines de prisonniers palestiniens, qui ont passé des années dans les geôles israéliennes ont retrouvé enfin leur liberté. Cet événement est symbolique, mais il est teinté de douleur et de blessures.

L’opération « Tempête d'Al-Aqsa » a ravivé une cause oubliée, une cause longtemps reléguée aux oubliettes de l’histoire, mais qui continue de porter l’espoir de millions de Palestiniens. Cependant, Gaza a été entièrement dévastée. Les scènes de destruction, d’inhumanité et de souffrance ne peuvent être ignorées. Il ne reste plus de lieux où la vie puisse se reconstruire dans la dignité.

Après la trêve, le monde découvrira des atrocités inimaginables. Les corps des victimes, abandonnés à la merci des animaux errants, des fosses communes cachées sous les décombres, des familles entières disparues sans trace… Combien de veuves, de milliers d’orphelins devront être comptés ?

Ces images resteront gravées dans la mémoire collective d’un peuple, un peuple qui conserve encore les clés de ses maisons abandonnées depuis la Nakba et la Naksa, et qui continue de croire qu’un jour, une génération plus forte relèvera le défi de la liberté. Car de la souffrance naissent parfois des miracles.

Aujourd’hui, le monde porte une responsabilité morale collective. Le silence complice ou la faiblesse des actions de la communauté internationale a conduit à l’extermination d’un peuple dont le seul crime était de revendiquer son droit à la liberté et à la dignité humaine.

La trêve a commencé dimanche, mais il est impératif que la communauté internationale ne se contente pas de promesses vaines. Elle doit se mobiliser pour soutenir ce peuple en souffrance, fournir l’aide humanitaire nécessaire et alléger ses maux. L’aide immédiate et la reconstruction ne suffiront pas à effacer la douleur, mais elles sont un premier pas nécessaire pour offrir à Gaza une chance de renaître.

Photo: Echange de prisonniers entre le Hamas et Israël au premier jour de trêve à Gaza

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