La langue arabe à l'honneur dans la capitale tunisienne
Durant trois jours, la langue arabe était à l'honneur dans la capitale tunisienne. Des enseignants chercheurs des universités tunisiennes, algériennes, marocaines, françaises, italiennes et serbes, des experts de la langue arabe, des inspecteurs de l'enseignement primaire et secondaire, des représentants d'organisations internationales (Alecso, Unesco, Ima...), ainsi que des doctorants se sont réunis pour débattre sur la langue de Sibawayh.
Sous le thème "Illustrer la langue arabe en Tunisie dans la dynamique de l’interlangue", le siège de l’ALECSO à Tunis a accueilli, du 7 au 9 décembre, le colloque international multidisciplinaire sur la langue arabe et le dialogue linguistique.
Organisée par l’association du Forum de Carthage en collaboration avec l’Organisation arabe de l’éducation, de la culture et des sciences (ALECSO), l’Université de Tunis, le Centre des études et des recherches économiques et sociales (CERES) et avec l’appui de la Fondation tunisienne pour le développement, cette conférence a été l'occasion d'étudier un ensemble d'axes se rapportant à l'arabe en lien avec son histoire et sa destinée.
Parmi ces axes l'on cite l'histoire et le destin de la langue arabe, l’arabe aujourd’hui (évaluation des efforts de modernisation des Académies de langue et des politiques de l’ALECSO et des pays arabes), l'état de la recherche linguistique en Tunisie (forces et faiblesses), le traitement de la langue arabe dans les organismes internationaux et les médias arabes et étrangers, la traduction en général et notamment le problème des terminologies en termes d’harmonisation et de normalisation, la réalité de l’enseignement de l’arabe dans les écoles primaires, les lycées et les universités à la lumière des nouvelles approches pédagogiques etc…
Transformer l’arabe en langue véritablement moderne et vivante
L'arabe standard et son rapport aux dialectes locaux amalgamés par les langues française et anglaise, les médias et les réseaux sociaux et leurs incidences sur l’arabe standard, les projets d’informatisation de la langue arabe... sont autant de thèmes évoqués lors de cette rencontre qui a mobilisé des dizaines de chercheurs venus de par le monde.
De nombreuses autres questions majeures ont été soulevées au cours de cette manifestation. A savoir comment les Arabes peuvent transformer la langue arabe en une langue véritablement moderne et vivante ? Comment peuvent-ils la nourrir d’une pensée arabe vivante à dimension humaine ? Comment la langue arabe peut-elle retrouver sa vraie place ?
Au cours de ce congrès, le comité scientifique, composé de sommités de la langue arabe, a demandé aux intervenants de proposer des solutions pratiques et réalistes permettant d’améliorer la place de la langue arabe en Tunisie et dans les pays arabes.
D'où la proposition de quelques pistes de réflexion : Imaginer des mécanismes nouveaux pour inciter à la lecture en arabe, utiliser l’arabe dans le domaines professionnel (rapports, correspondances, annonces, infos, etc.), rétablir l’épreuve orale dans les examens et les concours, soutenir l’effort d’enseignement de l’arabe, conforter l’esprit critique à l’endroit de la langue arabe, réfléchir sur l’enseignement de la littérature comparée et de la traduction dans les lycées et les universités, renforcer l’enseignement des questions de civilisation dans l’enseignement supérieur, proposer de nouvelles voies pour redorer le blason de la presse écrite, radiophonique et audio-visuelle qui a perdu sa crédibilité dans la vie culturelle tunisienne, proposer des mécanismes nouveaux permettant d’inciter les chercheurs tunisiens à diffuser les résultats de leurs recherches par leur traduction, imaginer de nouvelles modalités d’ouverture des chercheurs à l’écosystème économique et culturel national et international.
Il est indubitable que la place qu’occupe la langue arabe par son classement mondial (6ème) parmi les langues les plus parlées et son statut de langue officielle dans les instances internationales, ainsi que son rôle dans les domaines de l’information et des affaires, n’est pas compatible avec la situation problématique qui est la sienne dans les pays arabes, pâtissant d’une utilisation réduite dans le domaine administratif, dans la vie économique, culturelle, éducative et dans la recherche scientifique.
Il s’agit là d’un paradoxe qui gagnerait à être étudié car comment expliquer qu’une langue soutenue par les Constitutions nationales des pays arabes puisse être maltraitée dans les pratiques courantes par des langages hybrides, notamment ceux des jeunes qui emploient dans les réseaux sociaux une langue bâtarde, proche du pidgin.
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