La Tunisie doit activer sa diplomatie économique pour réduire les effets dévastateurs des dettes antérieures
Par Amine BEN GAMRA
Aujourd’hui, et au lieu d’abandonner une grande partie des dettes antérieures, la Banque mondiale et le FMI proposent aux pays africains la suspension du paiement des dettes antérieures et de s’endetter encore plus.
L’objectif des institutions de Bretton Woods est d’alourdir la dette des pays qu’ils prétendent aider. C’est la même formule qui a été utilisée par ces institutions internationales pour aider (supposée aide) des trois pays africains (la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone) frappés par l’épidémie d’Ebola en 2014.
Aujourd’hui, ces pays sont confrontés au Coronavirus. Il leur manque toujours des budgets vitaux pour affronter les épidémies car ils sont sommés par leurs créanciers de réduire leur déficit budgétaire pour payer une dette insoutenable qui résulte en partie de l’intervention du FMI et de la Banque mondiale.
Bien plus qu’une affaire de chiffres, la dette tue. En Afrique, et entre 2000 et 2017, les dettes envers les créanciers étrangers a même doublé (d’après les données de la Banque mondiale disponibles dans les rapports Global development finance et l’International debt statistics en ligne de la Banque mondiale) avec comme conséquence une augmentation de la part des recettes publiques dédiée à son paiement et une réduction significative des dépenses publiques dans le secteur de la santé.
En 2018, ces pays consacraient, en moyenne, 7,8% de leur produit intérieur brut (PIB) au remboursement de la dette contre 1,8% pour la santé, soit près de quatre fois plus. (Daniel Munevar. EURODAD, COVID-19 and debt in the global south : Protecting the most vulnerable in times of crisis I, mars 2020).
Plus largement, face à cette crise du coronavirus, est-il normal que tous les pays continuent à payer la dette alors que l’urgence est de débloquer des moyens humains et financiers pour sauver des vies ? Poser la question c’est déjà y répondre. L’abandon d’une grande partie de la dette devrait compter parmi les mesures urgentes à prendre face à la pandémie.
La Tunisie doit activer sa diplomatie économique avec les 20 plus grandes économies mondiales et les organisations internationales afin de réduire au maximum les effets financiers dévastateurs des dettes antérieures. Surtout que
notre cher pays a procédé au renforcement du service public de la santé et des systèmes de protection sociale avec comme conséquence d’augmenter durablement les dépenses publiques. Plaçant ainsi les vies humaines au-dessus des intérêts financiers.
Le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, a appelé le G20 à soutenir les pays à faible et moyen revenu, notamment d’Afrique. L’objectif est d’apporter une réponse coordonnée face à la menace de récession sans précédent que fait peser le coronavirus sur l’économie mondiale. Ainsi, la Tunisie doit solliciter des organisations internationales dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Banque Mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI), à l’aider à faire face aux chocs sanitaires, économiques et sociaux du Covid-19.
Amine BEN GAMRA
Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie
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