La Tunisie, futur hub financier

La Tunisie, dotée d'un système bancaire riche et diversifié, est sur la voie de s'ériger en place financière régionale

crédible au triple plan de l’implantation de banques non résidentes, de la réglementation et de la qualité des services fournis.

Cette démarche ne cesse de se confirmer au fil des jours. Les réformes se succèdent, depuis 1987, pour faire du site Tunisie un hub financier régional. Ces réformes sont articulées autour de deux axes: la diversification de l’offre et la restructuration du secteur. L’objectif est de doter les banques de la place de la taille critique requise pour faire face à la concurrence étrangère.

Un secteur bancaire diversifié

Aujourd’hui, le secteur est composé au tiers de banques publiques, au tiers de banques privées et au tiers de banques étrangères. Cette restructuration a permis d’attirer un plus grand nombre de banques étrangères en quête de rentabilité, au-delà de leurs frontières.

Au rayon des banques étrangères, la Tunisie compte de nos jours, deux filiales de banques Françaises, en l’occurrence l’Union bancaire pour le commerce et l’industrie (UBCI), filiale du groupe PNB Paribas et l’Union internationale de banques (UIB) filiale de la Société générale. Les banquiers marocains ont suivi le mouvement. Le groupe Attijari wafa bank, a crée en 2006, sa filiale en Tunisie, Attijari Bank, dénommée auparavant la Banque du sud.

Ces implantations n’ont pas manqué de diversifier l’offre et d’enrichir le paysage bancaire du pays, doté, déjà, d’une quarantaine d’institutions bancaires (42) dont 8 off shore, outre une dizaine de bureaux de représentation. Il s’agit de l’Alubaf International Bank, Citibank, la banque Al baraka ( ex Best bank), Loan and investment company (LINC), North African international bank(NAIB), Tunis International Bank(TIB), l’Union tunisienne de banques (UTB) et l’Arab banking corporation(ABC).

En plus de l’off shore, la Tunisie s’est souciée également d’offrir sur la place, des produits de la finance islamique. Dans cette optique s’inscrit la création de la Banque Ezzitouna, dont l’entrée en service est prévue pour le printemps 2010. Cette banque, se propose d’offrir de nouveaux produits financiers conformes à la Chariâa islamique au sens où ils interdisent l’intérêt ou le Ribaa (usure).

Cette nouvelle institution vient renforcer deux institutions de la place : la doyenne de la finance islamique: la Banque Al Baraka, ex Beit Ettamouil Saouidi (Best Bank) et l’agence de la Banque islamique Emiratie «Noor».

Au plan régional la place financière tunisienne a conforté son attractivité en tant que destination privilégiée pour l’implantation d’institutions financières de développement.

Est-il nécessaire de rappeler, ici, que la Tunisie, abrite, depuis, 2003, le siège de la Banque Africaine de développement (BAD) et des représentations de la Banque mondiale et de la Banque européenne d’investissement (BEI).

Elle a été choisie pour devenir le siège de la Banque maghrébine pour l’investissement et le commerce extérieur (BMICE), institution chargée de faciliter le financement des échanges économiques au Maghreb et d’harmoniser les législations bancaires dans cette zone.

Une réglementation incitative

En appui à cette diversification, deux réalisations méritent d’être signalées.

La première concerne la récente promulgation du code de prestations des services financiers off shore. Cette nouvelle législation a pour but majeur de doter la place financière tunisienne des préalables devant la hisser au rang des places de dimension régionale.

Elle vise également à conférer plus de souplesse à l’activité des banques non-résidentes et à gérer au mieux les services fournis sur le marché financier, à travers l’élaboration de nouveaux instruments qui répondent aux aspirations des investisseurs non-résidents ainsi que la création d’un département off shore au sein de la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT) en faveur des transactions et échanges exclusifs entre sociétés off shore.

Ce nouveau code concerne tous les services financiers off shore fournis par les établissements de crédit, les fonds d’investissement, les sociétés de gestion de portefeuille et les intermédiaires en bourse.

Les prestations à fournir sont pour l’essentiel des services bancaires (dépôts, crédits, opérations de change..) et d’investissement ( conseil et assistance en matière de structure de capital, de stratégie industrielle, élaboration d’études et de recherche..).

La seconde consiste en le démarrage des travaux de réalisation du port financier de Tunis, dont la première phase sera lancée au troisième trimestre 2010.

Ce projet permettra de faire de la Tunisie le premier centre de services financiers off-shore en Afrique du Nord.

A la recherche de la taille critique

L’autre grande réforme du secteur bancaire concerne l’augmentation de la taille des banques par le biais de rapprochement, fusion et accroissement du capital minimum.

Cette réforme est consignée dans le programme présidentiel (2009-2014). Il s’agit de la création de quatre pôles bancaires.

Le premier naîtra de la fusion des banques publiques en une seule société financière dénommée «Tunisie Holding».

Dans cette perspective, le capital minimum des banques sera porté à 100 millions de dinars.

Le second sera spécialisé dans le financement des PME. A cette fin, la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME) et la Société tunisienne de garantie (SOTUGAR) fusionneront.

Le troisième concernera la micro-finance. Dans cette optique, il est prévu d’élargir le champ d’intervention de la Banque nationale de solidarité (BTS). Elle sera dorénavant habilitée à couvrir le développement de l’épargne investissement dans le but de permettre aux familles de disposer de l’autofinancement exigé pour la création de petits projets au profit de leurs enfants à l’issue de leur formation.

La banque est également autorisée à octroyer des crédits exceptionnels au profit des clients de la banque et des salariés à faible revenu, pour installer des équipements économes en énergie.

Le dernier pôle sera spécialisé dans le commerce extérieur. Dénommé «Tunisian foreign bank», ce holding sera crée selon les normes européennes et sera implanté dans les principales capitales du vieux continent.

Autres réformes prévues par le programme du président Ben Ali pour le prochain quinquennat: l’accroissement d’ici 2014 de la part des services bancaires dans le PIB à 5% contre 3% actuellement, la réalisation d’ici cette échéance, d’un ratio d’une agence bancaire pour 7000 habitants et la réduction de la part des créances classées à moins de 7% en 2014 contre 15% en 2008.

L’ensemble de ces réformes reflètent le souci des pouvoirs publics d’inscrire le secteur bancaire dans une dynamique de performance globale et durable et de lui permettre de jouer pleinement son rôle en matière de financement de l’investissement et de l’économie en général.

Pour sa part, le secteur bancaire qui a bénéficié de toutes les sollicitudes est appelé à fournir des services de grande qualité et à faire preuve de professionnalisme et d’efficience face à la concurrence.

source: T.A.P