La Tunisie n'exporte pas que la matière grise, mais aussi des "jihadistes"
La Tunisie n’exporte pas uniquement la matière grise, pour utiliser un terme cher au père de l’indépendance Habib Bourguiba. Ces toutes dernières années elle est devenue l’un des premiers pays exportateurs de jihadistes, entendre terroristes. Selon un rapport élaboré par un groupe de travail des Nations Unies sur « l’utilisation des mercenaires » publiés dernièrement, près de 5.500 jeunes tunisiens âgés entre 18 et 35 ans se trouvent actuellement dans les zones de conflit dont 4.000 combattent en Syrie dans les rangs d’organisations terroristes et en premier lieu Daesh. Les autres sont partagés entre la Libye qui compte environ 1.500 combattants, l’Irak avec 200, le Mali avec 60 et la Yemen avec 50.
« Le nombre de combattants tunisiens à l’étranger est l’un des plus élevés parmi ceux qui voyagent pour rejoindre les conflits à l’étranger tels qu’en Syrie et en Irak », a souligné l’experte des droits de l’Homme Elzbieta Karska, qui dirige actuellement le groupe. « Certains de ces jeunes viennent de milieux socioéconomiques défavorisés, mais aussi de la classe moyenne et des classes les plus aisées de la société.
Elle a expliqué que « les réseaux de voyage sont complexes et œuvrent pour faire passer les recrues à travers les frontières poreuses, parfois par des zones où la traite des personnes et la contrebande ne peuvent être contrôlées efficacement ». Un passages est particulièrement utilisé, le passage par la Libye vers la Turquie, puis vers la Syrie en passant par la frontière à Antakya ».
Toujours selon Mme Karska, le recrutement des candidats au « jihad » est un commerce juteux. Il fait rapporter entre trois mille et dix mille dinars par « tête de pipe ».
S’agissant du traitement réservé par les autorités tunisiennes aux jihadistes qui rentrent au bercail, le rapport a relevé qu’un « plan stratégique national doit donc répondre à la diversité des profils et des méthodes de recrutement et avoir des effets immédiats, à moyen et long terme, tout en veillant à l’équilibre entre les mesures punitives et sociales et s’assurant de l’adoption des standards internationaux des droits de l’Homme et de tous ses éléments pour trouver des réponses à l’origine et aux causes structurelles du phénomène des combattants étrangers».
B.O