La Tunisie prépare la population à la levée de la subvention
Par Amine BEN GAMRA
Les dépenses de l'Etat au titre des subventions doivent enregistrer une hausse en 2022 pour atteindre 4,2 milliards de dinars (1,3 md d'euros) contre 3,2 mds de dinars en 2021 (environ 1 md d'euros. Ce coût devrait dépasser les 5 milliards de dinars (1,5 md d'euros) en 2023.
Pour remédier à cette situation, des produits essentiels ne sont plus disponibles : le carburant, le sucre, le café, l’huile, les cigarettes et la liste s’allonge de jour en jour. Le lait va rejoindre les absents des rayonnages, la filière se porte très mal.
Il est clair que le gouvernement est en train de préparer la population à la levée progressive de la subvention, un pari plus que risqué sur le plan social.
Dans tout ça, la population, prise en otage, traverse une grave période. La vie coûte toujours plus chère et les salaires ne suivent plus.
Le cercle vicieux de l’inflation croissante qui a bondi au mois de septembre dernier à son plus haut seuil depuis trois décennies, affaiblissant un dinar tunisien ayant déjà perdu plus de 40% de sa valeur en dix ans, a un impact sur le niveau de la dette, qui ne cesse d’augmenter lui aussi, hypothéquant les capacités de remboursement du pays.
Et pire que tout, la BCT joue toujours aux solutions de facilité, décidant automatiquement et sans étude à l’appui de relever le taux directeur. Alors qu’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) sur une nouvelle ligne de crédit tarde toujours, la crise économique s’enfonce davantage dans le pays.
Il semblerait presque que toutes les bonnes volontés et toutes les intentions, bonnes et louables, soient vouées à ne pas être entendues. Résultat, la Tunisie semble avoir adopté, en cherchant son chemin, une marche erratique sans finalité précise.
Le handicap de ce pays jeune et sympathique, qui voudrait sans pouvoir, est le déni de ses dirigeants. Une force insoupçonnée capable de plomber les meilleures intentions et qui obère la réalité. À croire que dans une sorte de fuite en avant ou pour tenter de différer les événements, le pouvoir esquive tout ce qui pourrait lui être contraire et finit par produire ces propres freins.
Le déni, bien plus fort que les voix de la raison, se fait têtu, s’impose et dispose, il se rit du bon sens et de la bonne volonté. Mieux, ou pis, il remet en question toute logique et conduit à une impasse qu’il décrit comme une autoroute vers le succès, le développement.
Amine BEN GAMRA
Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie
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