L’affaire Abdelkader Dhibi abattu par la police à Marseille: un drame humain honteusement exploité

Le 2 septembre, à Marseille, Abdelkader Dhibi, un Tunisien de 35 ans, a trouvé la mort sous les balles de la police après avoir blessé plusieurs personnes au couteau. Très vite, l’homme a été décrit comme un « terroriste », avant que les autorités judiciaires ne rappellent qu’il souffrait en réalité de troubles psychiatriques et qu’aucun élément ne permettait de retenir une motivation idéologique.
Son geste désespéré — attaquer au couteau, en criant « je veux mourir » — n’était pas un acte de guerre, mais un appel au secours. Il ne cherchait pas à tuer pour une idéologie, il cherchait à mettre fin à sa propre vie, dans une société qui l’avait déjà condamné à l’invisibilité. Ce cri de détresse aurait pu être entendu. Mais la réponse fut brutale : cinq balles policières, comme si la mort était la seule issue possible.
Noter collègue Kais Ben Mrad l'a évoqué dans sa chronique " Abdelkader Dhibi, tué à Marseille : bavure ou légitime défense ?". En effet, la mort de Dhibi aurait pu être évitée si les forces de l’ordre avaient mieux géré l’intervention- en en le neutralisant par l’usage du taser, ou, en dernier recours, à des tirs non létaux (dans les jambes, par exemple), au lieu de l’abattre alors qu’il reculait.
Cette tragédie soulève plusieurs interrogations. D’abord les autorités françaises: fallait-il vraiment abattre cet homme en détresse, qui semblait plus en quête de mort que mû par une volonté de tuer ? Les policiers affirment avoir agi en légitime défense, mais des voix estiment que d’autres moyens de neutralisation auraient pu être envisagés. L’enquête de l’IGPN devra trancher.
Ensuite certains médias, trop prompts à coller l’étiquette de « terroriste islamiste », alimentant une peur collective qui justifie ensuite toutes les violences policières. Le récit officiel déshumanise, réduit un homme à une caricature, et permet de tourner la page sans débat.
Au-delà des responsabilités immédiates, cette affaire met en lumière deux réalités : la difficulté des sociétés européennes à gérer la souffrance psychique autrement que par la répression, et la difficulté des pays d’origine à accompagner et défendre leurs ressortissants lorsqu’ils sombrent dans la marginalité.
Abdelkader Dhibi n’était pas un terroriste. Il était un homme malade, perdu entre deux rives, qui aurait mérité d’être soigné plutôt que réduit à un fait divers tragique.
B.O
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