L’annonce du chef de l’Etat sur l’égalité dans l’héritage commentée par des journaux français

L’annonce du chef de l’Etat sur l’égalité dans l’héritage commentée par des journaux français
L’annonce du chef de l’Etat sur l’égalité dans l’héritage vue par des journaux français
Le discours du président de la République Béji Caid Essebsi à l’occasion de la fête de la femme, lundi 13 août, a été commenté par les journaux français, le Monde, le Figaro et la Croix. Il sont vu dans sa décision de présenter un projet de loi pour assurer l’égalité successorale, « un ralliement » à cette cause « qu’avaient, jusque-là, défendue en vain les féministes tunisiennes », selon le Monde. « Après s’être donné le temps de la réflexion, M. Essebsi a entériné ce projet de réforme » ajoute le journal dans sa version électronique sous le titre « En Tunisie, le chef de l’Etat lance la bataille pour l’égalité dans l’héritage ». « En revanche, M. Essebsi n’a rien dit sur les autres propositions de la Colibe – dépénalisation de l’homosexualité, abolition de la peine de mort –, ce qui semble signer l’enterrement de ces dernières ».
Le Monde parle de « querelle idéologique » et d’une « fracture que les Tunisiens qualifient d’« identitaire » illustre à quel point le consensus établi autour de la Constitution de 2014 a été arraché au prix de bien des malentendus, voire des contradictions ».
Toutefois, « en osant une telle avancée, le chef de l’Etat, âgé de 91 ans et dont le mandat s’achève fin 2019, souhaite à l’évidence entrer dans l’histoire comme un réformateur dans le sillage de l’œuvre pionnière léguée à la postérité par le « père de la nation », Habib Bourguiba – notamment les droits des femmes, inscrits dans le Code du statut personnel de 1956 ». Mais « les temps ont toutefois changé et la marge de manœuvre de l’actuel chef de l’Etat n’est pas celle de son illustre devancier et mentor. « Bourguiba s’appuyait sur son charisme personnel et un parti unique discipliné », relève Slim Laghmani, autre professeur de droit membre de la Colibe. Deux attributs qui font aujourd’hui défaut au président de la République, très affaibli en raison de la crise fratricide qui déchire son parti, dirigé par son propre fils, Hafedh Caïd Essebsi ».
De son côté, le Figaro, sous le titre « Le président défend l’égalité dans l’héritage »,  pour qui « l’annonce était attendue », a cité quelques passage du président de la République qui, écrit le journal  dans sa version électronique,   déclaré que cela  «Cela aurait dû être fait dès 1956, dans la foulée. Mais il n'y avait pas à l'époque une Consti­tution pouvant lui servir de référence et d'appui !»
«L'objectif de BCE, c'est surtout de marquer l'histoire. Il a bien compris que Bourguiba reste dans les mémoires grâce au CSP. Alors que son mandat s'achève fin 2019 et qu'il n'a pas un bon bilan, Béji Caïd Essebsi espère faire comme son mentor ».
Pour la Croix, « La Tunisie se prépare à une révolution en matière d’héritage ». Elle écrit que « même si le discours du chef de l’État s’est voulu rassembleur, l’instauration de l’égalité successorale est vécue comme une transgression dans les milieux religieux, en opposition avec des dispositions coraniques explicites. « En réalité, les prescriptions connaissent des variantes et des accommodements, mais c’est devenu un marqueur identitaire », estime Salaheddine Jourchi, qui représentait la mouvance islamisme progressiste au sein de la Colibe. « Non seulement c’est une mise en cause des textes fondamentaux de la religion, mais notre société traverse des bouleversements et la famille reste un repère et un cadre de solidarité importants », ajoute Meherzia Labidi, députée d’Ennahdha. Le journal termine en écrivant que « le parti présidé par Rached Ghannouchi s’est pour l’instant gardé de rendre publique sa position. Cette discrétion lui a permis de se tenir tacitement aux côtés de la mobilisation de sa base électorale contre le Colibe, tout en se ménageant la possibilité d’adhérer ensuite à la solution préconisée par le chef de l’État afin de conserver les acquis de sa respectabilité nationale et internationale ».
 
 
 

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