Le Conseil de sécurité se penche sur les cas de Daesh et de Front El-Nosra

Le Conseil de sécurité se penche sur les cas de Daesh et de Front El-Nosra
 
Hier, mercredi 24 septembre 2014, au cours d’une réunion présidée par le Président des États-Unis, M. Barack Obama, et à laquelle ont pris part 24 chefs d’État et de gouvernement, ainsi que le Secrétaire général de l’ONU, le Conseil de sécurité a condamné l’extrémisme violent, la « violence fanatique » et la perpétration d’actes de terrorisme par des combattants étrangers, en exigeant de ceux-ci qu’ils désarment, mettent fin à leurs activités et cessent de participer à des conflits.
 
Dans la résolution 2178 (2014), adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, le Conseil exprime sa volonté d’élargir aux combattants terroristes étrangers, notamment ceux qui sont recrutés par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) et le Front El-Nosra, les sanctions qui frappent actuellement les individus et entités visés par le Comité contre Al-Qaïda.
 
Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, il se déclare « fermement résolu à envisager » l’inscription, sur cette liste, des « groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida qui financent, arment, organisent et recrutent pour son compte ou qui soutiennent ses actes ou activités, y compris à l’aide des nouvelles technologies de l’information et des communications comme Internet et les médias sociaux ».
 
Cette réunion du Conseil, « la sixième à un si haut niveau depuis la création de l’ONU il y a 70 ans », a rappelé M. Obama, s’est déroulée dans une atmosphère lourde, marquée par l’annonce, quelques heures plus tôt, de l’exécution, en Algérie, d’Hervé Gourdel, un otage français enlevé par un groupe lié à l’État islamique d’Iraq et du Levant.  Une trentaine d’autres délégations se sont exprimées au cours du débat qui a suivi l’adoption de la résolution.
 
« Ce qui nous réunit aujourd’hui, c’est le nombre croissant d’individus, estimé à environ 15 000, qui se rendent dans les zones de conflit, notamment en Syrie et en Iraq, pour y combattre aux côtés de groupes comme l’EIIL ou le Front el-Nosra, et retournent ensuite dans leur pays d’origine avec pour intention d’y commettre des attentats contre leurs concitoyens », a expliqué le Président Obama.
 
Parmi ces combattants, on compte 500 « fanatiques britanniques », selon le Premier Ministre du Royaume-Uni, M. David Cameron, et environ 1 000 Français, « un chiffre en hausse de 50% depuis le début de l’année », a indiqué le Président de la France.  Pour M. François Hollande, la résolution 2178 (2014) articule une « stratégie mondiale » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et adresse un « message de fermeté de la part de la communauté internationale ».
 
Alors que la coalition internationale a lancé des frappes aériennes contre des positions de l’EIIL, le Premier Ministre de l’Iraq, M. Haider Al-Abadi, nouvellement élu, a plaidé pour une assistance « militaire et sécuritaire », en précisant que son pays en avait besoin de toute urgence pour rétablir sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale.
 
M. Al-Abadi a assuré qu’il avait engagé une « transition pacifique » assorti d’un « échéancier politique précis ».  « Les missiles peuvent tuer des terroristes, mais c’est la bonne gouvernance qui en viendra à bout », a résumé, pour sa part, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, présent lors de ce débat.
 
« L’EIIL n’est pas seul dans cette campagne abjecte contre l’humanité », a toutefois rappelé le Président du Nigéria, M. Goodluck Jonathan, qui a précisé aux membres du Conseil que Boko Haram avait, ces dernières années, commis « davantage d’actes barbares que tout autre groupe terroriste ».
 
En vertu de la résolution 2178 (2014), les États doivent empêcher la circulation de terroristes et de groupes terroristes en effectuant des contrôles efficaces aux frontières et en surveillant de près la délivrance de documents d’identité et de voyage, pour que soit brisée la « chaîne alimentant le terrorisme », selon la formule du représentant de l’Inde.
 
En effet, « non seulement les combattants terroristes étrangers exacerbent les conflits existants, mais aussi, bien souvent, ils retournent dans leur pays après avoir acquis des compétences et établi de nouvelles relations, ce qui ne peut qu’aggraver la menace d’actes de terrorisme dans leur pays d’origine.  Les réseaux terroristes qui se forment pendant les conflits d’aujourd’hui pourraient poser à l’avenir une grave menace à long terme », note le document de réflexion soumis aux membres du Conseil par la délégation des États-Unis.
 
C’est pourquoi, les États doivent intensifier et accélérer les « échanges d’informations opérationnelles » au sujet des activités ou des mouvements de terroristes et de réseaux terroristes, notamment avec les États de résidence ou de nationalité des individus concernés.
 
À ce titre, les Premiers Ministres des Pays-Bas et du Maroc ont souligné l’adoption, hier, par le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, d’un mémorandum d’accord qu’ils ont conjointement préparé sur les pratiques optimales, notamment dans les domaines juridique et sécuritaire.
 
La résolution 2178 (2014) demande par ailleurs aux États Membres de prévenir la « radicalisation pouvant conduire au terrorisme » et, s’agissant des combattants terroristes étrangers qui retournent dans leur pays de départ, d’élaborer des stratégies en matière de « poursuites, de réinsertion et de réintégration ».
 
C’est un point sur lequel a insisté la Présidente du Chili, Mme Michelle Bachelet, qui, à l’instar de nombreux autres orateurs, a estimé que toute action de lutte ou de prévention et de sensibilisation devrait être menée dans le respect des droits de l’homme et des principes de la Charte des Nations Unies.