Le gouvernement Mechichi obtiendra aisément la confiance du Parlement

  Le gouvernement Mechichi obtiendra aisément la confiance du Parlement

 

Il n’est point besoin de calculette pour parvenir à la conclusion que le gouvernement Mechichi dont la composition a été rendue publique dans la nuit de lundi à mardi passera haut la main l’épreuve du vote de confiance à l’ARP. Ce vote est prévu pour le mardi 1er septembre 2020.

Seules deux entités au Parlement à savoir le Courant démocrate et la Coalition Al Karama ont annoncé qu’ils voteront contre le gouvernement Mechichi. Les autres, malgré les réserves d’usage et les figures de style vont accorder leur confiance, car ils ne pourront pas faire autrement, avec l’espoir de pouvoir se retourner contre un fait accompli qu’ils n’ont pas désiré.

Ennahdha, le premier va ravaler sa mauvaise humeur évidente et faire contre mauvaise fortune bon cœur. Le premier parti de l’Assemblée a tout à perdre et rien à gagner s’il s’entête à refuser l’investiture au gouvernement Mechichi. La situation du pays, au bord de la faillite financière et qui va au-devant d’une explosion sociale ne permet pas la moindre tergiversation.

Le parti de Ghannouchi a cumulé les erreurs depuis les élections de l’automne dernier et refuser la confiance risque de lui être fatale. Car cela aura deux conséquences qui seront pour lui un indéniable cauchemar : le gouvernement Fakhfakh sera maintenu jusqu’aux prochaines élections législatives anticipées dont la date dépendra du bon vouloir du président de la République. De plus entre la dissolution de l’actuelle assemblée et l’élection de la suivante, il lui est loisible de légiférer par décrets lois en accord avec le chef du gouvernement.

Mais comme les sondages d’opinion laissent prévoir une victoire de son ennemi juré le Parti destourien libre, ce serait un véritable suicide politique s’il s’oppose à l’investiture du gouvernement Mechichi.

Les autres partis n’auront pas ces scrupules et seront plutôt prompts à accorder leur confiance à la nouvelle équipe. Le parti Qalb Tounes n’a pas d’autre choix que de voter l’investiture. Ce n’est pas de son intérêt de s’opposer à la volonté du président de la République. Il va enrober la pilule par son attachement aux compétences pour pouvoir l’avaler sans problème majeur.

Le mouvement Tahya Tounes ne va pas se forcer pour voter lui aussi la confiance comme d’ailleurs le bloc de la réforme nationale présidé par Hassouna Nasfi ainsi que le bloc national conduit par Hatem Mliki. Il y aura des récalcitrants parmi les députés du bloc Al Mostaqbal comme les députés de l’UPR mais ils ne pèseront pas lourd dans la balance.

La grande innovation de ce vote sera l’adhésion du bloc du PDL avec à sa tête sa présidente Abir Moussi au gouvernement Mechichi et son vote favorable en sa faveur. Pour la première fois, il pourrait y avoir concordance de positions entre les deux ennemis jurés, Ennahdha et le PDL.

Le vote aisément acquis en ce jour du 1er septembre au soir, c’est alors que commenceront les difficultés pour la couple Kaïs Saïed-Hichem Mechichi. Le second sera-t-il le Premier ministre du premier ou agira-t-il en chef de gouvernement. C’est dans l’exercice de leurs fonctions respectives qu’on les jugera. A l’évidence, le président de la République a toutes les cartes en main pour conduire les affaires du pays.

Mais il doit s’en montrer capable. Non seulement, il a choisi le chef du gouvernement mais il a outrepassé ses prérogatives en imposant tous les ministres de souveraineté qui sont parmi ses proches. Ses responsabilités n’en seront que plus grandes.

Que fera-t-il des partis politiques. On sait qu’il ne les aime beaucoup et le mot est faible. Mais en marginalisant ces partis qui sont les courroies de transmission en démocratie, il risque gros. Car on n’a pas inventé d’autres pour conduire la démocratie.

RBR

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