L'économie tunisienne face aux fortes tensions à Tripoli

L'économie tunisienne face aux fortes tensions à Tripoli

En Libye, au moins 32 morts et 159 blessés dans des combats samedi à Tripoli. Six hôpitaux de la capitale ont été touchés, dans la nuit de vendredi à samedi, dans des combats qui font craindre une nouvelle guerre en Libye, déjà en plein chaos avec deux gouvernements rivaux.

Vers le retour de la diaspora tunisienne
 
Une guerre sonnera le glas, à première vue, à de nombreux intérêts économiques qu’entretiennent des sociétés tunisiennes établies en Libye et accélèrerait, dans le même temps, le retour au bercail de milliers de travailleurs tunisiens. Ils seraient entre 25 et 30 mille installés, actuellement, en Libye, contre 150 mille avant la chute du régime Kadhafi.

Ce nombre ne tient pas compte, bien évidemment, ceux et celles qui transitent à travers la porte de Ras Jedir, quotidiennement, dans les deux sens pour des visites de familles ou pour des affaires commerciales.

Quelles incidences sur nos exportations ?

La Libye a toujours été un débouché de choix pour nos entreprises, non seulement en raison de la proximité géographique mais, également, en raison de la présence d’une forte communauté tunisienne.

En 2021, la Tunisie a exporté 30% de ses produits agricoles et agroalimentaires vers le marché libyen, 70 % des exportations tunisiennes de fruits sont destinés au marché libyen, également, la Libye est le premier client arabe et africain de la Tunisie et son 6ème client mondial.

Une guerre remettrait, sans aucun doute, tout en cause et affecterait tous ses acquis. Nos exportations vont être, par conséquent, substantiellement réduites et il sera difficile à nos entreprises de trouver d’autres marchés à l’international, en raison de la conjoncture et de la concurrence étrangère.

Le marché informel à l’affût 

Si nos exportations vers la Libye vont être réduites à sa portion congrue, cela ne veut pas dire que nous allons arrêter d’acheminer des marchandises à notre voisin du sud. Il faut rappeler que parallèlement aux échanges officiels, il existe déjà un commerce informel intense entre les deux pays dont le fief est Ben Guerdane.

Un commerce qui échappe à tout contrôle, et, par conséquent, à toute contrainte fiscale ce qui le rend attractif, aussi bien pour les consommateurs, les commerçants que pour les contrebandiers. Quand les obus commenceront à tomber sur Tripoli, il s’agira pour tous ces agents d’une manne du ciel et ils imploreront Dieu pour que cela se prolonge le plus longtemps possible.

Amine BEN GAMRA
Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie

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