L’éducation n’est plus une priorité au cours des dernières années
“Le système éducatif a régressé sur l’échelle des priorités du pays durant les neuf années qui ont succédé à la révolution, au vu de la réduction budgétaire qui l’a touché, faisant passer la proportion de son budget de 15% du budget de l’Etat en 2010, à seulement 12% en 2019”, a déclaré, vendredi, Moez Ben Boubaker, chargé de mission au cabinet du ministre de l’Education.
Lors d’une conférence organisée par le Forum de l’Académie Politique en collaboration avec L’organisation Konrad Adenauer sur le thème “Réforme de l’éducation: une nécessité pour le développement”, Ben Boubaker a souligné que “réussir à atteindre des objectifs quantitatifs liés à un taux de scolarisation d’environ 99% et d’un taux de 88% de scolarisation précoce à partir des classes préparatoires, ne saurait masquer les problématiques relatives à une disparité majeure entre les régions ainsi que la progression du phénomène d’abandon scolaire qui a enregistré une centaine de milliers de décrochages par an.
Il a dans ce sens souligné l’impératif de l’existence d’une réelle volonté politique pour mener à bien la réforme éducative, prônant une réforme intégrale qui s’opère à travers une vision harmonieuse entre le secteur de l’enseignement supérieur et le système de formation professionnelle.
Pour sa part, l’ancienne doyenne de l’Université de Tunis-Al-Manar, Zeineb Ben Ammar, a appelé à l’ouverture d’établissements d’enseignement tout au long de l’année pour accueillir les élèves en période de vacances et à adhérer aux activités de la société civile dans le domaine de l’éducation, afin “de protéger les élèves et de les prévenir des dangers de la rue”, a-t-elle dit.
Elle a expliqué que la réforme requiert de passer à un palier supérieur en termes de gouvernance des établissements éducatifs et de former des enseignants à même de dispenser une formation qui favorise l’intégration des nouvelles générations sur le marché du travail, notant que l’école moderne est appelée à transmettre les cinq valeurs primordiales aux élèves, qui sont: la compétence, la communication, le civisme, la créativité et la culture”
De son côté, le chargé de mission au cabinet du ministre de l’Education, Youssef Tlili, a reconnu “l’échec de la mise en œuvre de la réforme de l’éducation au cours des neuf dernières années, affirmant que cette réforme devait tenir compte de la dispersion des parties concernées dans un processus qui implique plusieurs département à la fois”, a-t-il noté, en référence aux ministères, de la Formation professionnelle et de l’Emploi, de l’Enseignement supérieur, de la Santé et de l’Agriculture.
Exposant son analyse sur la question éducative en Tunisie, Tlili a considéré que la réforme de l’éducation, “n’a pas eu lieu jusqu’à ce jour”, en raison de l’existence de deux approches antagonistes, l’une conservatrice attachée aux concepts de l’identité tandis que la seconde est progressiste et fait appel à l’universalité de l’éducation, considérant que “le modèle sociétal de la Constitution de 2014 n’ayant pas été clairement déterminé, a généré un conflit latent qui ne permet pas de mettre en œuvre une réforme de l’éducation”.
Il a conclu que “l’absence d’un organisme unifié chargé de superviser la réforme de l’éducation représente une carence majeure, tant l’éducation structurée est supervisée par plusieurs ministères tout au long du cursus éducatif. ”
L’intervenant a encore évoqué l’engagement annoncé par le président de la république lors de sa candidature à la présidentielle, celui de “créer un Conseil supérieur de l’éducation”, considérant qu’une telle structure a le potentiel d’opérer des changements significatifs sur le secteur de l’éducation.
A souligner que le Président de la République, Kais Saied, s’était engagé, peu avant son accès à la magistrature suprême de mettre en place un Conseil supérieur de l’éducation, qui ferait office d’une institution constitutionnelle représentative de toutes les parties concernées par ce secteur vital”.
Saïd avait alors souligné que cette structure œuvrerait à “décréter les réformes nécessaires pour perfectionner le système éducatif, avec le concours de toutes les parties, afin d’éviter les heurts et les violations des intérêts des partenaires”, soulignant son opposition à toute réforme prise sur une décision unilatérale du ministre, sans association des parties professionnelles intervenantes dans le domaine”.
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