Les démocrates et demis

Les démocrates et demis

Par Jamel HENI

Méprise. Les règles de proportionnalité entre municipales et législatives risquent de foirer avant même le dépouillement. Les allégeances partisanes, véritable coefficient de correspondance aux précédentes échéances nationales, n’en sont aujourd’hui qu’un simple « motivational operator ». 

Les élus ne représentent plus le pouvoir central, tels les bons vieux délégués. Ces derniers seront appelés tôt ou tard à disparaître. Les nouveaux conseillers municipaux, exerceraient un pouvoir réel dans leur localité.

Une belle autonomie d’acquise, mais une autonomie dépourvue de jurisprudence. Comment résoudre les contentieux opposant les conseils municipaux au pouvoir central ? Rien de partisan là-dedans. La gestion des affaires n’admet pas les allégeances.

Les politiques d’aménagement territorial, la voirie, la petite-enfance se gèrent selon les mêmes règles de priorité, de préjudice, d’égalité, d’efficacité et de coût, quelle que soit l’appartenance politique des conseillers. Quelque chapelle qu’ils défendent.

D’un autre côté, les prérogatives locales finiraient un jour ou l’autre par empiéter sur les attributions centrales, ou l’inverse. Illustrons. La stricte application d’un couvre-feu pourrait porter préjudice aux mairies industrielles ou côtières, où l’activité économique est à plein régime. 

Les localités les moins bien desservies par le transport ferroviaire pourraient créer leur propre desserte et donner ainsi prépondérance aux opérateurs locaux……

Non seulement l’autonomie n’est pas strictement géographique, mais en plus, elle reste à définir. Qu’est-ce alors que l’autonomie locale ? Vaste question. Y a tout lieu de l’éviter. Les philosophes y répondront. Nous nous contenterons, en ce qui nous concerne, de nous inscrire en faux contre l’hypothèse proportionnelle entre échéance nationale et échéance locale.  

Dès lors que les deux élections sont différentes, pourquoi les cris d’orfraie? Le chiffon rouge ! Quel sens à s’alarmer d’un conseil brun, rouge, bleu….appelé à en découdre avec l’Etat ? Avec la majorité ? Avec le pacte de Carthage pour le coup ?

La raison n’est pas à l’abri d’un scandale ! Les déçus de la Kasba, les blessés du Bardo, les paternalistes, les Peter Pan……veulent semble-t-il ​le beurre et l’argent du beurre. 

Le pouvoir central, le pouvoir local, la société civile, la démocratie, la dictature, le prolétariat, la principauté, les femmes, mais pas toutes, les jeunes, mais pas leur dégagisme ! Tout ce beau monde veut des mairies autonomes, mais en pousse-pousse, des conseils démocratiques, mais bien dociles, un pouvoir local, mais à guidance centrale ! Le jacobinisme par le Girondisme. 

Mauvais gagnants, mauvais perdants. Mauvais joueurs. Les premiers ennemis de la démocratie en Tunisie sont les démocrates et ………demis ! Que vous votiez ou non, les jacobins auraient les yeux plus gros que les urnes. Alors ……votez !

 

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