Les dessous du limogeage du PDG de la poste
L’affaire du limogeage du PDG de La Poste Tunisienne, Nabil Madani, continue d'alimenter la polémique. Le timing du limogeage qui a eu lieu un samedi soir a été le premier élément à susciter la controverse.
Bien que le ministère des Technologies de l’Information et de l’économie numérique ait justifié cette décision urgente par le manque d’enthousiasme du PDG limogé à l’application de la décision du ministre d’ouvrir les bureaux de poste le samedi, cet argument n’a pas convaincu de nombreux observateurs qui estiment qu’il n' y avait pas péril en la demeure pour se précipiter de la sorte.
Selon ces derniers, Madani n’est pas responsable du nombre réduit des bureaux qui ont ouvert samedi 28 mars (6 sur 32) puisqu’il a adopté la même procédure que le samedi d’avant 21 mars, lorsque 121 bureaux ont ouvert dans tous les coins du pays.
Le blocage est venu des chefs des bureaux régionaux sous la pression des syndicats qui n’ont pas accepté le travail du samedi, tant qu’un accord n’est pas conclu sur la rémunération des heures supplémentaires.
Dans les coulisses, l'on murmure que le ministre a cédé à la pression de certains syndicalistes qui n’ont pas cessé d’appeler au limogeage de Nabil Madani.
Mais si cela se révèle vrai et si le ministre avait donné ainsi satisfaction à toutes les demandes du syndicat, le constat est dangereux pour certains postiers.
Ceux-là estiment qu’il est illogique qu’un ministre cède au chantage surtout que l’ancien PDG a réalisé d’excellents résultats financiers durant les deux ans qu’il a passés à la tête de la poste (29 mars 2013-28 mars 2015) et qu’il a fait face avec beaucoup de courage aux pressions et aux demandes parfois exagérées des syndicalistes.
D’autres spéculations disent que le différend entre Noômene Fehri et Nabil Madani a démarré à propos du coût financier de la mesure de la réouverture les samedis qui est estimé à 30 millions de dinars, puisque les employés de La Poste devront être payés pour ce jour chômé travaillé, ainsi que sur sa rentabilité.
Mais selon d’autres observateurs, cette histoire de l’échec de l’ouverture des bureaux le samedi n’est en fait qu’un prétexte tombé du ciel pour le ministre qui voulait coûte que coûte se débarrasser de Madani pour désigner un PDG de son clan ou même de son parti Affak, à la tête de la poste.
Ceux-là avancent même qu’une liste de trois noms aurait même été préétablie pour succéder à Madani. Elle comporterait les noms de Hichem Ben Fadhl, Mustapha Mezgheni et Kamel Saâdani.
Dans l’attente de plus de transparence dans la gestion de ce genre d’affaires, nous espérons seulement que ce limogeage du samedi soir est bel et bien justifié par des raisons logiques et professionnelles et que les nominations se font sur la base de la compétence et non de l’appartenance car cela risque de nous ramener à une époque que nous espérons bien révolue.
C.B.