Les forces de sécurité ont droit à notre soutien, car leur retenue est loin d'être un aveu de faiblesse

Les faits et gestes qui ont ponctué hier samedi la manifestation qui s’est déroulée dans les rues de la capitale ne cessent d’interpeller, tant ils ont été étranges et complètement hors de propos. Comment justifier ces « bras ou doigts d’honneur » (en fait de déshonneur) adressés à la figure des agents de l’ordre, ces insultes qui leur sont envoyées au visage dans un langage ordurier ? Est-ce normal aussi qu’ils soient aspergés de peinture multicolore pour que les équipements qui leur servent de protection soient salis ?

Ici comme ailleurs on n’a jamais ménagé les forces de sécurité quand elles utilisent la force de façon disproportionnée ou lorsqu’elles sont dans leur tort, mais il faut leur rendre cette justice : samedi, elles ont été parfaites de retenue et de sang-froid. Si elles ont rendu la monnaie de sa pièce, on leur aurait reproché d’avoir fait un usage abusif de la force légitime dont elles sont investies.

Beaucoup de voix se sont levées pour dire que ces comportements sont normaux et que les jeunes ont leur manière de marquer leurs protestations et qu’on doit les admettre. De telles affirmations sont dangereuses, car les jeunes comme les autres citoyens doivent savoir que les forces de sécurité républicaines sont responsables de leur protection et que si elles sont présentes lors des manifestations c’est moins pour réprimer que pour encadrer, accompagner et protéger.

Les forces de sécurité sont investies de l’autorité de l’Etat, et leur porter atteinte, c’est porter atteinte à l’Etat, à son autorité et à son prestige. C’est pourquoi, on ne peut qu’être interpellé lorsque les faits et gestes enregistrés lors de la manifestation de samedi et documentés soient passés sous silence. Ni le ministère de l’Intérieur, ni la présidence du gouvernement n’ont exprimé la moindre condamnation. Ni d’ailleurs aucun parti politique, ni la moindre organisation de la société civile.

Quand on s’empresse à dénoncer les abus dont les forces de l’ordre se rendent coupable, il importe que lorsque ces dernières sont victimes d’actes répréhensibles, on se doit de leur exprimer notre solidarité et de condamner avec autant de vigueur les attaques verbales ou physiques dont elles sont les victimes.

Les syndicats des forces de sécurité sont dans leur droit de demander que leurs affiliés soient soutenus, car s’ils se sentent délaissés, ils risquent de ne pas assumer les responsabilités qui sont les leurs ou du moins de ne pas les assumer avec le zèle qu’on leur connait. Imaginez un pays sans ses forces de sécurité, c’est l’anarchie et le désordre garantis.

La retenue, le calme et le sang-froid dont ont fait montre les forces de sécurité sont tout à leur honneur. Mais ce n’est pas un aveu de faiblesse, c’est même tout le contraire. C’est à l’Etat et à la société dans son ensemble de leur donner la preuve qu’elles ont bien agi.

Le soutien de tous leur est indispensable pour mener à bien les responsabilités qui sont les leurs. A contrario, ce sera la loi de la jungle, car si les forces de sécurité se dessaisissent de leurs fonctions ou les assument à moitié, c’en est fini de l’Etat de droit.

RBR