Les Gazaouis "sont inquiets et vivent dans la peur" de l’attaque israélienne sur Rafah, prévient l’ONU
Alors que les efforts internationaux se poursuivent pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza, le chef de l'UNRWA, l'agence d'aide des Nations Unies aux Palestiniens, a averti mardi que les habitants de l'enclave restaient profondément traumatisés par la guerre avec Israël et craignaient une attaque à grande échelle contre Rafah, dans le sud.
« Les gens sont anxieux et ont peur d'une éventuelle opération militaire à grande échelle », a déclaré Philippe Lazzarini, à la sortie d'un briefing avec les États membres à l'ONU à Genève. « Si l’assaut a lieu, la question est : « Où iront les civils ? » Il n’y a absolument plus aucun endroit sûr à Rafah et on craint que le nombre de personnes tuées et blessées n’augmente à nouveau de manière significative ».
Juste avant une réunion du Conseil de sécurité à New York mardi sur l'impact du changement climatique sur la sécurité alimentaire dans le monde, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a dit aux journalistes qu'il était « particulièrement préoccupé par la détérioration des conditions et de la sécurité de l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza ».
« Il y a une rupture dans l’ordre public. Dans le même temps, nous sommes confrontés à des restrictions imposées par Israël qui ne s’améliorent pas et limitent la distribution humanitaire. D’un autre côté, les mécanismes de déconfliction visant à protéger l’acheminement de l’aide humanitaire dans le cadre d'opérations militaires ne sont pas efficaces », a-t-il ajouté.
Le chef de l'ONU a souhaité que « les négociations pour la libération des otages et une certaine forme de cessation des hostilités aboutissent pour éviter une offensive totale sur Rafah, où se trouve le cœur du système humanitaire, ce qui aurait des conséquences dévastatrices ».
Après plus de quatre mois de combats, déclenchés par les attaques meurtrières menées par le Hamas le 7 octobre en Israël, qui ont fait quelque 1.200 morts et plus de 250 personnes prises en otages, plus de 100.000 habitants de Gaza auraient été tués, blessés ou portés disparus sous les décombres. par les autorités sanitaires locales, au milieu d'intenses bombardements israéliens.
Déplacements massifs
M. Lazzarini a insisté sur le fait qu'il était impossible de s'attendre à ce que plus d'un million de personnes déplacées entassées dans le gouvernorat de Rafah se déplacent à nouveau, afin que les forces israéliennes puissent poursuivre leur chasse aux militants du Hamas.
« On leur demande de déménager, la question est de savoir où déménager », a-t-il déclaré, soulignant qu'à Rafah, chaque parcelle de terrain disponible sur 20 kilomètres était occupée par des centaines de milliers de personnes vivant dans des abris de fortune en plastique.
Abordant la question des graves allégations selon lesquelles certains membres du personnel de l'UNRWA auraient collaboré avec le Hamas, le chef de l'agence a indiqué qu'il avait immédiatement limogé les personnes impliquées et ouvert une enquête. M. Lazzarini a également appelé à la coopération des autorités israéliennes.
Le Commissaire général de l’UNRWA a également noté que l’examen par le Secrétaire général de l’ONU débuterait demain sur les allégations contre l’agence concernant son « utilisation des médias sociaux, sur les tunnels, sur ses affiliations politiques » et sur la façon dont elle a été proactive dans sa réponse à ces allégations.
Le processus prendra probablement deux mois, mais il devrait être accompagné d’une enquête, notamment sur l’affirmation de l’armée israélienne selon laquelle un tunnel et un centre de données situés à 20 mètres sous le siège de l’UNRWA dans la ville de Gaza ont été utilisés par le Hamas, a souligné M. Lazzarini.
Installations touchées
« Nous devons examiner toutes les situations dans lesquelles les locaux de l’ONU ont été manifestement bafoués. Depuis le début de la guerre, plus de 150 de nos installations ont été touchées. Nous savons que certaines installations ont été complètement détruites, des centaines de personnes ont été tuées, des milliers ont été blessées et tout cela doit faire l'objet d'une enquête indépendante, ainsi que l'allégation concernant l'existence d'un tunnel », a-t-il dit.
Plus tôt, l'Ambassadrice permanente d'Israël auprès de l'ONU à Genève, Meirav Eilon Shahar, a souligné que son gouvernement ne souhaitait « aucun mal » aux civils de Gaza et qu'il avait l'intention de coopérer à l'enquête sur l'UNRWA, même s'il « restait en guerre contre l'organisation terroriste Hamas ».
« Notre combat est contre le Hamas, pas contre le peuple palestinien », a déclaré l'ambassadrice, qui a également insisté sur le fait qu'« il existe des alternatives à l'UNRWA » - une affirmation rejetée par M. Lazzarini qui a déclaré qu'il serait « à courte vue » de fermer l'agence à un moment où de hauts responsables humanitaires de l'ONU et des ONG appelaient à une intensification de l'aide à Gaza.
Un avenir en danger
« Nous avons un demi-million de filles et de garçons profondément traumatisés que nous devons réintégrer de toute urgence dans le système éducatif », a dit le chef de l'UNWRA. Cela ne serait pas assuré par « une administration locale émergente », a-t-il insisté, ajoutant qu’« il n’existe absolument aucune autre agence des Nations Unies » ou ONG ayant l’expérience dans la fourniture de services de type gouvernemental, y compris l’éducation de centaines de milliers d’enfants.
« Si nous voulons donner une chance à toute transition future de réussir, nous devons également nous assurer que la communauté internationale dispose des outils nécessaires, et l’un de ces outils est l’UNRWA », a-t-il ajouté.
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