Les leçons de l’échec cuisant des élections législatives
Les élections législatives du samedi 17 décembre 2022 en Tunisie, ont été un vrai désastre, avec un taux de participation catastrophique et historique de seulement 8,8%.
Cette faible participation a été un véritable choc pour de nombreux tunisiens surtout que plusieurs mesures ont été mises en place pour inciter les citoyens à se rendre aux urnes.
Malgré les appels à la participation de la part des autorités et de nombreuses campagnes de sensibilisation, la majorité des Tunisiens ont choisi de rester chez eux, manifestant ainsi leur mécontentement et leur désapprobation vis-à-vis du système politique en place.
Il faut dire que les Tunisiens ont de nombreuses raisons de se montrer sceptiques envers les élections.
Depuis la révolution de 2011, le pays a connu de nombreuses crises politiques et économiques, et de nombreux Tunisiens sont déçus par le manque de progrès réalisé par les différents gouvernements qui se sont succédés.
La situation a été encore aggravée par la crise sanitaire qui a duré 2 ans ainsi que la mauvaise gestion des différents gouvernements nommés par le président actuel Kais Saied, qui a mis à mal l'économie du pays et a renforcé le sentiment de mécontentement de la population.
Malgré tout, le gouvernement tunisien ainsi que l’instance supérieure indépendante pour les élections ont tentés de minimiser l'impact de cette faible participation en annonçant que le taux de participation final était en réalité de 11,2% !!
Cette annonce a été accueillie avec scepticisme par de nombreux Tunisiens, qui estiment que même aves ces chiffres « douteux » le taux de participation réel reste très faible.
En tout état de cause, il est indéniable que ces élections ont été un échec cuisant pour le président tunisien, qui devra maintenant faire face à une crise de légitimité et à un mécontentement croissant de la population.
Il ne lui reste désormais plus qu'à espérer que les Tunisiens seront plus nombreux à se rendre aux urnes lors de la deuxième tour des élections.
Suite à la tournure de ces élections législatives, l'opposition a immédiatement demandé des élections présidentielles anticipées et exigé que le président Kais Saied assume l'entière responsabilité de cet échec.
Selon l'opposition, le faible taux de participation (un record) de 8,8% est le reflet de la désapprobation de la population vis-à-vis du gouvernement actuel et de ses politiques. Elle estime que le président doit être tenu responsable de cette situation et que de nouvelles élections présidentielles devraient être organisées afin de permettre à la Tunisie de surmonter cette crise politique.
Le gouvernement, pour sa part, a rejeté cette demande et a affirmé qu'il n'y avait pas de raison d’avancer la date des élections présidentielles prévues pour 2024. Il a toutefois reconnu que le taux de participation était décevant et a promis de mettre en place de nouvelles mesures pour inciter les Tunisiens à se rendre aux urnes lors de la deuxième tour.
Malgré tout, il est indéniable que cette crise grave politique met à rude épreuve la stabilité du pays et risque de créer encore plus de divisions et de tensions au sein de la population.
Il appartient désormais au président et à l'opposition de trouver une solution pour sortir de cette impasse et redonner espoir et confiance aux Tunisiens.
Rached Chaïr (Expert en administration des affaires-France)
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